L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP), en tant qu’organisation de la société civile, a procédé au contrôle citoyen sur la situation du financement du Programme Multisectoriel d’Urgence d’Atténuation des Impacts de la Covid-19 en République Démocratique du Congo (PMUAIC-19) lancé en mai 2020 pour une durée de 9 mois. Dans son rapport de contrôle et suivi citoyen du financement du PMUAIC-19 publié au cours de ce mois d’août, l’ODEP note un faible taux de financement alloué à ce programme.
« Il ressort de cette analyse que sur un coût global de USD 2 610,62 milliards, le PMUAIC-19 n’a été financé que de USD 738, 20 millions, soit un taux d’exécution de 27,46 %. La part du gouvernement congolais est de USD 14,62 (2,04%) et celle des Partenaires Techniques et Financiers de USD 723,58 (97,96%) », indique le rapport de l’ODEP.
Il note également un faible taux de la mise en œuvre de ce programme.
« Le montant décaissé a été de 141,17 millions USD, soit 19,68% du financement disponible et 5,4 % des besoins globaux ; la part de la contribution du gouvernement dans la prise en charge des besoins globaux est de 0,5% ; par conséquent, la mise en œuvre de ce programme demeure trop faible par rapport aux prévisions ».
De ce fait, l’ODEP dresse une kyrielle des recommandations au gouvernement, à savoir :
– La réduction de train de vie des institutions et réaffecter les économies ainsi faites au financement de la riposte, et passer ainsi d’une contribution modique, 0,5% des besoins globaux à au moins 20% c’est à dire 522 millions de dollars américains ;
– Vu le bon comportement des régies financières dans la mobilisation des recettes, la proposition d’un collectif budgétaire s’impose pour intégrer les efforts de mobilisation des recettes par régies financières et augmenter la part de l’Etat dans le financement du PMUAIC ;
– La mobilisation les mécanismes de contrôles : a. Renforcer l’Inspection Générale de la Santé en lui donnant les moyens humains, matériels et financiers conséquents ; b. L’Inspection Générale des Finances et la Cour des Comptes doivent rester dans une position d’alerte permanent pour contrôler la gouvernance financière du PMUAIC
– La décentralisation de laboratoires de diagnostic et la généralisation du test pour une détection précoce de cas du COVID-19 à travers le pays ;
– L’information sur les fonds déjà récoltés par le Fonds National de Solidarité (Montant, origines, affectations) ;
– La publication urgente d’un plan d’accompagnement des opérateurs économiques aussi bien du secteur formel qu’informel pour réduire l’impact négatif du COVID-19 sur les activités économiques et le social de la population ;
– L’amélioration de la protection ainsi que de la prise en charge matérielle et financière du personnel de santé ainsi que des policiers réquisitionnés pour la
lutte contre la COVID-19 ;
– Les mesures de respect des droits humains par les services de sécurité et
l’instauration des sanctions contre les agents véreux ;
– La suppression du couvre-feu et l’accentuation des mesures de distanciation sociale et la sensibilisation afin de relancer les activités économiques.
Notons que le Gouvernement de la RDC avait élaboré, avec le concours de partenaires au développement, ce Programme multisectoriel pour faire face aux effets néfastes de la COVID-19 subis à tous les niveaux. Ce programme devrait permettre, d’une part, de renforcer et de concrétiser les mesures sanitaires et sécuritaires idoines et urgentes et, d’autre part, de limiter la détérioration du bien-être social et de servir à terme, la relance économique qui permettra au pays de revenir à la trajectoire de référence du Plan National Stratégique du Développement de la République Démocratique du Congo (PNSD), une fois la pandémie sous-contrôle.
Par Jordan MAYENIKINI(Deskeco)