Il reste quelques heures aux confessions religieuses congolaises pour trouver un consensus sur le nom du futur président de la Commission électorale nationale indépendante.
Denis Kadima, le candidat supposé du clan présidentiel, comme Cyrille Ebotoko, le favori des catholiques, devraient être mis de côté pour faire émerger une « troisième voie » qui offrirait des gages d’impartialité et qui ferait consensus.
Du côté du clan présidentiel, certains accusent les catholiques de tout faire pour saborder la candidature de Denis Kadima. « On fait le parallèle entre Denis Kadima et Ronsard Malonda, (le candidat de Joseph Kabila, lors de la précédente tentative de mise pied d’une nouvelle CENI), mais c’est un faux procès. Kadima est un grand professionnel des processus électoraux qui n’a jamais été mis en cause dans les échecs que nous avons connus au Congo, contrairement à Malonda qui était associé à Corneille Nangaa », explique un proche de la présidence dans un climat de tension extrême entre l’UDPS et les dignitaires de l’Eglise catholique congolaise comme l’ont montré des déclarations du secrétaire général du parti Augustin Kabuya contre le cardinal Ambongo.
Mais aujourd’hui, vendredi 30 juillet 2021, tant les confessions religieuses que le pouvoir en place à Kinshasa veulent avancer sur le dossier de la candidature du futur président de la Ceni. Un échec, comme du temps de la Kabilie serait un très mauvais message à envoyer pour la présidence de la République mais serait aussi le symbole de l’incapacité des confessions religieuses à jouer leur rôle.
Une troisième voie ?
Une troisième voie est donc examinée et un nom semble prendre de la consistance, celui de Paul Nsapu, le secrétaire général de la Ligue des droits de l’homme. Sa candidature était portée initialement par l’Eglise orthodoxe qui, dans un second temps, avait fait marche arrière pour se ranger derrière la candidature de Denis Kadima, comme l’Eglise du réveil ou les représentants du culte musulman (qui pourtant disposait d’un excellent candidat apolitique qui connaît tous les rouages de l’intérieur).
Mais aujourd’hui, les orthodoxes ont repêché Paul Nsapu qui revient dans la course des candidats à la présidence de la Ceni. Paul Nsapu peut se targuer d’avoir une longue carrière au côté de la société civile congolaise, tant au niveau de la Fédération internationale des Droits de l’homme que de la Ligue des électeurs. « L’homme dispose d’un joli carnet d’adresses mais il ne connaît rien au processus électoral », reconnaît un membre de l’église du réveil. Plus embêtant pour certains, sa proximité avec la famille Tshisekedi. « Paul Nsapu, opposant aux régimes successifs au Zaïre et au Congo était très proche d’Etienne Tshisekedi et, aujourd’hui, de Félix Tshisekedi », explique un avocat congolais qui a régulièrement travaillé avec le patron du FIDH.
Les confessions religieuses doivent parvenir à un consensus sur le nom du futur président de la Ceni, il y va de leur crédibilité mais aussi de la crédibilité de tout le processus électoral qui doit aboutir en fin d’année 2023 à la désignation du futur président de la République. Félix Tshisekedi a déjà annoncé qu’il était candidat à sa succession. Qu’importe le nom du futur président, ce dernier doit sortir sans tache du processus électoral pour avoir enfin les mains libres pour travailler pour le bien de son pays dès le premier jour de son mandat. Le président de la CENI devra dès lors être sans conteste au dessus de la mêlée.
Par Hubert Leclercq (La Libre Afrique/AFP)