A quelques jours de la tenue du scrutin présidentiel le 23 décembre 2018, l’essentiel des candidats se sont employés à la présentation de leur projet de société pour la gestion du pays durant les 5, 10 voire même 15 prochaines années. C’est selon des chiffres, des axes prioritaires et autant d’ambitions brandies par les compétiteurs à la magistrature suprême. Dans la foulée, un programme gouvernemental semble sortir de l’ordinaire au vue de sa structuration et de son essence philosophique.
Son auteure, Marie-Josée Ifoku, la seule femme candidate présidente de la République est convaincue de la pertinence de sa vision dont elle estime à même de « démanteler un système » en place depuis 133 ans. Le sens d’un programme original, Marie-Josée Ifoku se déploie sur toute l’architecture fondatrice de la société congolaise pour poser son diagnostic.
Femme politique, actrice de la société civile, à 53 ans, Marie-Josée Ifoku a tout ou presque connue dans sa vie. Une expérience accumulée tant dans le domaine public que privé qui a fortement entamé sa personnalité de femme politique du premier plan. Alors qu’elle était attendue pour présenter un programme gouvernemental chiffré et calqué sur des axes traditionnels, « MJI» a quant à elle préféré puiser dans sa propre histoire qui n’est autre chose que celle de plus de 75 millions de ses concitoyens disséminés à travers le pays.
« J’ai scruté les différents projets de société qui ont été soumis aux congolais, j’en suis arrivé à la conclusion que tous se ressemblent et ne sont pas différents de 2006 ni encore de 2011 ou encore des années 60 », prend-t-elle soin de préciser. La candidate présidente de la République souligne en outre que malgré ses programmes du reste ambitieux, « rein ne s’est amélioré, en revanche tout s’est détérioré d’avantage.»
Dans sa diatribe, l’ancienne Gouverneure de la Tshuapa relève la mauvaise gouvernance du pays par, non seulement le régime actuel mais aussi par les précédents gouvernements qui se sont succédés depuis des décennies. « Après 58 ans d’égarement, de tueries, de gabegie, de détournement, de corruptions, donnons une réelle chance à notre pays. Donnons-lui la chance de la paix, de la bonne gouvernance, de la justice égale pour tous, du développement et du bonheur de vivre ensemble en refermant cette porte », lance-t-elle à ses compatriotes.
Issue de la couche de la société la plus représentative de la société (la femme), Marie-Josée Ifoku rappelle que lasociété congolaise est en difficulté dans tous les secteurs et qu’aucun projet de société ne peut s’écrire en marge de cela d’où son exhortation.
« Mon projet de société est de briser définitivement la spiral infernale dans laquelle nous nous trouvons (…) Cette rupture ouvrira la porte à la renaissance d’une nouvelle République dont rêve tous les congolaises et congolais », promet la candidate une fois élue à la tête du pays.
Dans son programme, Marie-Josée Ifoku se propose de livrer une guerre sans merci à l’anarchie qui freine l’éclosion d’un Etat de droit dans son pays. « Ma vision de gouvernance pour un nouveau Congo en lieu et place d’un projet des sociétés classiques comme l’ont fait tous mes prédécesseurs y compris les animateurs de tous les régimes depuis 1960, pour la simple raison qu’ils en sont pas responsables devant le peuple ni le parlement eu égard à notre constitution,en d’autre terme simple promesse de campagne », s’est-elle justifiée avant de proposer quelques pistes de solutions pour relever de « défis majeurs »en martelant sur une vision de rupture du système politique, diplomatique, économique et sociale axée essentiellement sur la bonne gouvernance et l’exercice de la souveraineté du pays.
Marie-Josée Ifoku et ses principaux défis !
Une fois élue, la candidate présidente de la République se propose de relever un certain nombre de défis prioritaires. La refondation de l’Etat particulièrement la sécurisation de congolais et l’éveil des consciences de citoyens font partie de ses premiers chantiers.
Pragmatique, « MJI » prévient que « ceci ne pourrait se faire qu’à travers la renaissance de la République par la restauration de son autorité à travers le projet d’une nouvelle constitution qui reflètera la réalité de notre évolution socio-culturelle et politique.»
A travers cette nouvelle loi fondamentale, la candidate voudrait repenser « les attributs reconnus au Chef de l’Etat, au Gouvernement ainsi qu’au reste des institutions.».
Révoltée par la « dégradation » de la situation dans son pays, la candidate préconise de s’attaquer singulièrement à la corruption et aux actes de violations de droits de l’homme. « Nous allons initier et faire appliquer plusieurs réformes notamment, celle du système judiciaire ; de l’armée et de la police nationale ; de l’Administration publique ; des systèmesde santé et éducatif », a-t-elle promit.
Marie-Josée Ifoku voudrait « redynamiser » le circuit diplomatique congolais en vue de promouvoir le développement de son pays.
Grâce à cette « diplomatique de proximité régionale », elle entend renforcer les relations avec la communauté internationale les organisations sous régionales. « Nous resterons souverain dans les choix de nos relations extérieures, mais cette souveraineté restera aussi liée aux engagements et obligations diverses à un réseau complexe d’organisations face aux avancées de la démocratie, de la lutte contre le réchauffement climatique, traités et conventions internationales », précise Ifoku Mputu Mpunga.
Sur le plan économique, Marie-Josée Ifoku propose de mettre en place une politique économique claire disposant d’un triple objectif visant la stabilité du cadre macroéconomique. Ici, la candidate vise la stabilité de taux d’intérêt à revoir à la baisse pour favoriser l’accès au crédit de citoyens en vue de développer les investissements dans le pays.
MJI estime aussi que la stabilité de taux de change permettra de contrôler la masse monétaire mise en circulation en rapport avec le PIB et de diminuer les importations afin de renflouer les caisses de l’Etat avec plus de devises. A travers la stabilité de prix, Marie-Josée Ifoku vise la sauvegarde du pouvoir d’achat de la population qui passe par la « production, la stabilité monétaire et le contrôle efficace du circuit d’approvisionnement.»
Cette politique économique de la candidate vise aussi la promotion de la production locale en vue d’équilibrer les importations et les exportations ; la diversification et la libéralisation de l’économie. Des reformes drastiques devront être aussi engagées dans les secteurs financiers, d’assurances, miniers, énergétiques, transports, infrastructurel, environnemental, fiscal et des hydrocarbures. Ancienne membre de la diaspora, MJI voudrait compter sur l’implication des « congolais de l’étranger » pour accomplir ses réformes drastiques une fois portée à la tête du pays.
José-Junior Owawa