C’est un changement de taille au sein de l’armée ougandaise. Avec cette nomination, le général Muhoozi Kainerugaba confirme qu’il prend depuis quelques années une place de plus en plus importante dans l’appareil sécuritaire.
À 47 ans, le général Muhoozi Kainerugaba est maintenant le numéro 3 de l’UPDF (Uganda peuple defense forces, l’armée ougandaise), à la tête de la plus grande des différentes unités qui composent les forces militaires. Un poste considéré comme un tremplin avant celui de chef des forces de défense, rang le plus haut gradé et équivalent de chef d’état-major.
Le fils aîné du président Yoweri Museveni a rapidement gravi les échelons au sein de l’armée. À partir de 2008, il est nommé à la tête des très influentes forces spéciales, l’unité qui coordonne notamment la protection du chef de l’État et les opérations militaires les plus sensibles. En 2017, il devient également le conseiller présidentiel en charge de la sécurité.
Depuis plusieurs années, des rumeurs circulent affirmant que Yoweri Museveni prépare son fils à sa succession. Pour l’instant, le général Muhoozi Kainerugaba n’a jamais exprimé d’ambition politique. Mais depuis un an, il rencontre de nombreux ambassadeurs et diplomates.
Selon l’analyste et journaliste Andrew Mwenda, ce nouveau poste pourrait être un premier pas vers une nouvelle carrière. En Ouganda, de nombreux commandants de l’armée de terre ont ensuite été nommés au sein du gouvernement.
Yoweri Museveni reparti pour un 6e tour en Ouganda
Reparti pour un 6e tour, le président ougandais a été investi officiellement ce mercredi 12 mai 2021 lors d’une cérémonie dans la capitale Kampala. Cela fait évidemment la Une de la presse ougandaise. Le Daily Monitor revient tout d’abord sur « ce que Yoweri Museveni a promis lors de son discours inaugural ». Le journal publie l’intégralité du discours et il met notamment l’accent sur les promesses économiques, sur « l’optimisme » de Yoweri Museveni. Le chef de l’État garantit « que l’économie ougandaise connaîtra une croissance de l’ordre de 9 à 10 % lorsque le pays commencera sa production commerciale » de pétrole, soit à l’horizon 2026 et la fin de son nouveau mandat.
Plus largement, nous dit le PML Daily, lors de cette cérémonie sur le terrain de l’indépendance de Kololo, « l’homme de 76 ans, vêtu d’un costume bleu foncé et de son chapeau à larges bords, a promis de prêter une véritable allégeance à son pays ». Un pays « qu’il dirige sans interruption depuis sa prise de pouvoir en tant que chef rebelle » en 1986, rappelle le PML Daily, c’était il y a 35 ans.
Une opposition muselée
Alors que « Museveni démarre pour cinq ans de plus, l’opposition est étouffée », affiche le Daily Monitor. Pour la cérémonie, « une foule enthousiaste de près de 4 000 invités, dont 11 chefs d’État africains et 33 dignitaires étrangers », mais le dauphin de l’élection qui conteste toujours le résultat, Robert Kyagulanyi alias Bobi Wine, était, lui, « discrètement hors de vue, apparemment sans voix », écrit le Daily Monitor. Cette investiture « était peut-être le point culminant de la saison électorale ougandaise », relève le journal. Une saison électorale qui « a coûté la vie à plus de 50 personnes en seulement deux jours de novembre, l’année dernière à la suite de l’arrestation de Bobi Wine et des émeutes dans le district de Luuka ». À la veille de la cérémonie d’ailleurs, le parti de Bobi Wine a encore dénoncé de nouvelles arrestations.
The Independent nous décrit justement les rues quasi désertes ce mercredi à Kampala, une capitale au ralenti. « Aucun client », témoigne Sofia vendeuse au marché de Kibuye. Ses clients sont généralement des travailleurs qui passent le soir en rentrant, explique-t-elle, mais avec « les opérations de sécurité accrues dans le centre-ville et des centaines de personnes arrêtées pour avoir enfreint les directives du couvre-feu nocturne, les gens ont peur ». Prossy, un autre vendeur du marché de Katwe, parle même d’un « harcèlement des forces de sécurité ». C’est suffisant, selon lui, « pour effrayer les gens ».
Une investiture suivie à l’international
Les presses de chaque pays reviennent sur le déplacement de leur représentant. L’APS, l’agence de presse algérienne, nous apprend que c’est le ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum qui a fait le déplacement. Gabon Matin nous dit que c’est la Première ministre gabonaise Rose Christiane Ossouka Raponda qui a représenté Ali Bongo. Parmi les chefs d’État, Felix Tshiesekedi était de la partie, nous dit Politico en RDC.
Tout comme le président kényan Uhuru Kényatta, on le lit chez Nairobi News. Mais un homme a brillé par son absence, souligne aussi le site kényan, c’est le président rwandais Paul Kagame, « manifestement absent ». De quoi alimenter « les spéculations sur une tension accrue entre les deux pays ». Nairobi News rappelle au passage que le Rwanda a fermé la principale frontière avec l’Ouganda, à Gatuna, au cours des deux dernières années.
Au delà-de ça, c’est la longévité de Yoweri Museveni qui revient beaucoup dans la presse internationale, chez Voice of America notamment. Oui, « Comme il l’a fait cinq fois auparavant, le président ougandais Yoweri Museveni a prêté serment« , relate non sans ironie le site américain. Et il note lui aussi la répression qui a valu des critiques au président ougandais. Critiques balayées mercredi à Kampala, nous apprend enfin VOA. Yoweri Museveni a « déclaré que les étrangers n’avaient pas le droit de lui apprendre la démocratie ».
Dans la presse également, les vœux du président français à son homologue béninois
« Emmanuel Macron s’est enfin décidé à adresser ses félicitations à Patrice Talon », note Matin Libre. Une lettre officielle envoyée de Paris qui intervient près d’un mois après la réélection du président béninois pour un nouveau mandat de cinq ans, observe également la Nouvelle Tribune. Le président français souhaite ses vœux de succès, mais dans sa correspondance, relate encore la Nouvelle Tribune, « le chef de l’Élysée n’a pas occulté les tensions et les actes de violences qui ont été enregistrés dans le pays pendant la période préélectorale ». « Oui, confirme Matin Libre, le Chef de l’État français n’a pas manqué de revenir sur le climat sociopolitique délétère, qui a caractérisé cette présidentielle du 11 avril, à l’instar des législatives de 2019 ».
Matin Libre relève qu’Emmanuel Macron fait des recommandations, quant à la gestion de cette crise, « caractérisée par l’emprisonnement d’une kyrielle d’opposants ». « Dialogue, apaisement et justice Impartiale », voilà ce que recommande le président français, conclut l’article. Et notons au passage qu’Emmanuel Macron n’est pas le seul à envoyer ses vœux tardivement. 24H au Bénin nous dit que le roi des Pays-Bas a fait de même.
Par Lucie Mouillaud et Sébastien Duhamel (RFI)