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RDC-Violences dans les territoires de Beni et Irumu: un rapport accablant et «fouillé»

Le 9 novembre 2021 à Kinshasa, les députés Tembos Yotama et Mbusa Mbenze ont présenté leur rapport sur les violences qui tourmentent les territoires de Beni et Irumu, dans l’est du pays. Treize ans de travail et 1000 pages d’enquête.

Un rapport « fouillé » a été publié hier mardi 9 novembre, à Kinshasa, en RDC, sur les violences qui tourmentent les territoires de Beni et Irumu, dans l’est du pays. La particularité de ce nouveau rapport est qu’il examine le cas des 7400 victimes des massacres que les autorités attribuent au groupe armé d’origine ougandaise, ADF (Alliance des forces démocratiques alliés).

Le document, d’environ 1000 pages, recense les violences qui ensanglantent les deux entités voisines de 2008 à septembre 2021. Les résultats sont le fruit de treize ans de monitoring et de recherche des députés Tembos Yotama et Mbusa Mbenze, tous deux députés du Nord-Kivu. Le décompte macabre du député Tembos Yotama laisse entrevoir une moyenne d’au moins trois morts par attaque.

« La situation est tellement dramatique… On a enregistré, entre 2008 à septembre 2021, plus de 2237 attaques qui ont causé la mort de plus de 7404 personnes.

En bref, plus de 696 entités ont été attaquées pendant notre période d’étude. Et malgré ce nombre très alarmant et on ne sent pas trop l’implication des services de sécurité qui sont pourtant éparpillés dans les zones des massacres. Curieusement d’autres attaques ont lieu dans les endroits surmilitarisés, (c’est) le cas d’Eringeti, Maimoya ».

Une mise en cause de l’état de siège
Le plus important pic a été constaté cette année après la proclamation de l’état de siège, en mai dernier. Des 1747 victimes, plus de 1200 ont été recensées durant les quatre mois ayant suivi son instauration.

« D’aucuns pensent que l’état de siège a créé plus de malheur que la période d’avant, poursuit Tembos Yotama, co-auteur du rapport et député national membre de la coalition au pouvoir. Plus des gens sont massacrés et (ceux qui) restent sont condamnés à supporter la brutalité militaire. C’est horrible ce que le peuple sous l’espace de l’état de siège supporte.

Visiblement la solution aux massacres de Beni-Irumu n’a rien à voir avec l’instauration de l’état de siège, le gouvernement, partant de la réalité sur terrain a vraiment tapé à côté. D’où la nécessité de chercher la solution ailleurs si vraiment il y a besoin de résoudre cette question ». Dans la région, plus les jours passaient moins les assaillants reculaient.

Si seules trois localités ont été attaquées en 2008, cette année en neuf mois, plus de 340 agglomérations ont été visitées par les assaillants qui tuent essentiellement à la machette.

« Il y a des villages qui ont été rasés par les assaillants. On arrive dans un village on tue par exemple 30 personnes. A côté d’eux, on enlève 50 personnes. On les force à devenir des tueurs. Dans l’hypothèse où ceux – là peuvent se déguiser en tueurs alors qu’ils avaient été kidnappés, est- ce à eux la faute ? ou à ceux qui sont censés les protéger ? », s’interroge Mbusa Mbenze, député au Nord–Kivu et co-auteur du document.

Selon le volumineux rapport, les années 2008-2013 ont connu moins de massacres. Ce constat est même à l’origine de la compréhension la plus répandue qui attribue le début des massacres en 2014.

La thèse jihadiste portée par les autorités congolaises ne servirait qu’à « dissimuler les auteurs des massacres », selon le rapport, qui qualifie de « crime de génocide » ces atrocités car « 95 % des victimes » sont de l’ethnie Nandé. Les auteurs du rapport recommandent entre autres aux autorités d’alléger la fiscalité dans la région et de muter vers d’autres provinces tous les officiers issus des anciennes rébellions.

À la communauté internationale, le rapport recommande de créer un tribunal pénal international pour la région. Le document a déjà été mis à la disposition des autorités et de plusieurs chancelleries pour une « mobilisation internationale » en faveur du retour de la paix.

Avec le correspondant de RFI à Kinshasa, Pascal Mulegwa

angelo Mobateli

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