C’est une Angela Merkel et un Cyril Ramaphosa surpris qui ont entendu vendredi 27 août 2021 le président du Congo-Kinshasa, Félix Tshisekedi, en conférence de presse avec eux à Berlin, faire la promotion de deux “produits anti-covid” congolais. La conférence clôturait un sommet G20 “Compact with Africa” destiné, depuis sa création en 2017, à promouvoir l’investissement en Afrique.
Le chef de l’Etat congolais, qui assistait à la conférence de Berlin en tant que président tournant de l’Union africaine, a en effet vanté, dans son discours, « deux produits anti-covid qui ont vraiment montré leur efficacité » et assurant avoir consulté « plusieurs scientifiques » à ce sujet. Il a cité le Doubase-C, un antiviral à base de plantes présenté en janvier 2021 à Kinshasa, et le Manacovid.
Pas approuvé par l’OMS
Ce dernier, un liquide à base de plantes locales également, avait été approuvé par le ministère de la Santé congolais fin 2020 – mais ne l’est pas par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le ministère congolais était, à l’époque, dirigé par le ministre Eteni Longondo, accusé d’avoir détourné plusieurs millions de dollars destinés à lutter contre le Covid-19 et arrêté vendredi dernier.
Cette promotion inattendue a suscité des réactions gênées sur les réseaux sociaux congolais. Félix Tshisekedi semble ainsi rejoindre ses homologues malgache et tanzanien qui avaient vanté des recettes locales pour vaincre la pandémie.
Le président malgache Andry Rajoelina avait ainsi promu « Covid Organics », un médicament à base d’artemisia (anti-malaria) et d’une plante anti-virus locale réputée, le ravintsara – avant de s’apercevoir que le liquide n’empêchait pas les Malgaches de succomber à l’épidémie. Le président tanzanien Magufuli avait préconisé « la prière », sans plus de succès; comme le président burundais Nkurunziza – selon qui son pays, « protégé par Dieu » était indemne du Covid-19 – il est décédé depuis, soupçonné d’avoir succombé à l’épidémie.
Tshisekedi opposé au vaccin
Félix Tshisekedi ne s’était pas présenté, le 19 avril dernier, au lancement en fanfare de la campagne de vaccination au Congo, où il était attendu; sans explication. Le 1er juillet, lors d’une déclaration publique à Goma, il avait assuré: « J’ai bien fait de ne pas me faire vacciner« , bien que le Covid-19 eut alors tué déjà 32 parlementaires congolais et décimé l’entourage du Président.
Covid-19: la RDC salue deux « produits congolais », l’OMS prudente
Celui-ci avait mis en doute l’« efficacité » de l’Astra Zeneca, vaccin choisi par son gouvernement; en conséquence, seuls quelques milliers de Congolais sont vaccinés. Et 1,3 des 1,7 million de doses reçues gratuitement par le Congo le 2 mars 2021 ont été redirigées vets d’autres pays africains fin mai 2021.
Par Marie-France Cros(Lalibre.be)