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RDC: pour la Lucha et des humanitaires, la situation à Goma n’est pas “sous contrôle”

En République démocratique du Congo, des milliers de personnes ont fui la ville de Goma, menacée par l'éruption du volcan Nyiragongo, le 27 mai 2021.
En République démocratique du Congo, des milliers de personnes ont fui la ville de Goma, menacée par l’éruption du volcan Nyiragongo, le 27 mai 2021. 

Le mouvement citoyen la Lucha dénonce une gestion chaotique et irresponsable de la situation à Goma, et conteste les propos du président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, qui a estimé la situation « grave, mais sous contrôle ». Les humanitaires, préoccupés par la situation précaire des déplacés, estiment que celle-ci peut encore s’aggraver.

Le chef de l’État a estimé, samedi 29 mai 2021, lors d’une conférence de presse, que la situation était « grave, mais sous contrôle », alors que l’évacuation de centaines de milliers de personnes a été ordonnée par les autorités jeudi dernier à cause des risques liés à l’éruption du Nyiragongo.

Ghislain Muhiwa, militant de la Lucha à Goma, conteste ces propos rassurants. Pour lui, la mauvaise gestion de la crise est d’abord au niveau de l’Observatoire volcanologique de Goma (OVG), mais aussi au niveau des autorités.

« On a demandé aux gens d’évacuer la ville, mais sans aucune aide de prise en charge »

La Lucha dénonce la gestion des sinistrés à Goma

L’OVG n’a pas été en mesure d’anticiper ou de surveiller le volcan. Deuxièmement, au niveau de la gestion de la crise, quand elle est arrivée, on a demandé aux gens d’évacuer la ville, mais sans aucune aide de prise en charge […]. Aujourd’hui, il n’y a toujours pas d’aide […] Il y a des personnes qui n’ont pas d’abri, qui n’ont pas à manger, qui ne sont pas prises en charge. On constate une augmentation du prix des denrées alimentaires. Ils n’ont pas d’eau, et donc la situation humanitaire est catastrophique, parce que simplement il n’y a pas eu de gens qui peuvent gérer. Mais nous, on a très peur, parce que si ça continue comme ça, il y aura beaucoup de gens qui […] vont avoir des difficultés pour survivre.

Magali Roudaut, cheffe de mission pour Médecins sans frontières, confirme ces inquiétudes et détaille les conditions de vie de ces déplacés à Saké, à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de Goma. La ville a, en effet, vu une arrivée massive de population et Magali Roudaut craint en particulier une épidémie de choléra.

«Nous sommes très inquiets qu’une énorme flambée de choléra puisse arriver »

MSF craint une épidémie de choléra

« Sous contrôle » ? Non, il faut encore beaucoup d’assistance pour que ce soit sous contrôle, et notamment quand on parle de maladies comme le choléra. Parce que Goma, Saké, ce sont des zones endémiques au niveau du choléra. Avant l’arrivée de toutes ces populations, il y avait déjà des cas de choléra, mais évidemment, avec les conditions dans lesquelles les gens vivent actuellement, le fait qu’il n’y a pas d’eau, pas de latrines, nous sommes très inquiets qu’une énorme flambée de choléra puisse arriver. Si on parle de Goma, de Saké, ce sont des populations qui bougent, et le choléra va bouger avec et pourra affecter une énorme zone, c’est ça qui est très dangereux. C’est pour ça qu’on est très soucieux et qu’on demande que l’eau soit approvisionnée en quantité suffisante.

Le chef de l’État, Félix Tshisekedi, a précisé que la menace n’était pas levée. Il « déconseille vivement de rentrer à Goma ». « La lave n’est plus dans le cratère, mais le volcan reste actif. Il y a une coulée souterraine de lave qui peut surgir à tout moment, n’importe où dans la ville » a-t-il expliqué, alors que nombre de déplacés sont tentés de regagner la ville en raison de la précarité de leur situation.

Avec RFI

angelo Mobateli

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