Localité Linga dans le territoire de Djugu en Ituri. Janvier 2022.
Quatre personnes ont été tuées vendredi 29 avril 2022 par un groupe de miliciens de la CODECO dans le village Logo-Takpa, à environ 20 kilomètres du site des déplacés de Roo dans le territoire de Djugu.
C’est aux petites heures de la matinée de vendredi que ces assaillants ont fait incursion dans cette localité située à la partie Sud du Lac Albert, en territoire de Djugu. Selon des témoins, ils ont commencé par tirer des coups de feu, créant la panique au sein de la population.
Des civils qui s’apprêtaient à vaquer à leurs activités champêtres ont été obligés de rebrousser chemin, par peur de tomber entre les mains de ces miliciens.
La société civile locale rapporte que quatre personnes ont été tuées et trois autres blessées.
Plusieurs biens dont des chèvres et des poules ont également été pillés par ces miliciens.
Une situation qui, indique Charité Banza, président de cette structure citoyenne, a causé un déplacement de plus de 5000 personnes qui ont fui vers Largu, Tshe, Blukwa et à Roo.
Charité Banza salue toutefois l’intervention des casques bleus bangladais de la MONUSCO, avec leurs partenaires des FARDC, qui sont venus repousser l’ennemi.
Vendredi matin, un calme précaire régnait dans la zone, mais la société civile plaide pour le renforcement des militaires pour garantir la sécurité des civils dans la zone.
La Codeco, au cœur de l’insécurité en Ituri
En Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), de violents conflits à connotation communautaire ont repris en décembre 2017. Cette province, alors un district de la Province orientale, avait déjà connu de graves violences opposant les communautés hema et lendu alors que l’est du pays était occupé depuis 1998 par des armées étrangères, dont les forces ougandaises en Ituri. Leur retrait, en 2003, n’avait pas signifié la fin des hostilités entre les deux communautés. Au contraire, les massacres se sont intensifiés, poussant l’ONU à mandater l’Union européenne, à travers l’opération Artémis dirigée par la France, pour rétablir l’ordre dans ce territoire, en particulier à Bunia, son chef-lieu.
Près de quinze ans plus tard, alors que l’on pouvait espérer que les blessures du passé étaient en voie de cicatrisation, de nouvelles vagues d’exactions ont repris, visant initialement la communauté hema et attribuées à une nébuleuse de combattants lendu.
Qualifiés d’abord d’«assaillants », ils se revendiqueront ensuite comme les membres de groupes armés affiliés à la Coopérative pour le développement économique au Congo (Codeco).
L’objet de cette note est d’expliquer le contexte de la naissance de la Codeco et de ses ramifications armées, leurs motivations, leurs pratiques, leurs divisions, leurs soutiens et adversaires. Elle fournit une estimation de l’impact humanitaire de leurs activités, qui ont largement contribué au déplacement de plus du tiers de la population de l’Ituri. Ensuite, les tentatives de négociations pour venir à bout de cet activisme sont évoquées ainsi que les raisons expliquant le manque de résultats obtenus à ce jour. En conclusion, les auteurs tentent de tirer les leçons des échecs passés en proposant, sous forme de recommandations, des pratiques et des politiques qui pourraient permettre de venir à bout de l’activisme de la Codeco, mais qui pourraient aussi, dans leurs grandes lignes, s’appliquer à l’ensemble des groupes armés actifs en RDC.
Sur le plan méthodologique, il a été fait recours à un grand nombre de sources ouvertes – études d’historiens, rapports d’experts, articles de presse congolais et étrangers – et aux informations recueillies par un des auteurs, le professeur Adolphe Agenonga Chober, au cours de ses fréquents séjours en Ituri, en particulier lors de la mission de paix du second semestre 2020.
Clôture de la 1ère phase des consultations de Nairobi : les présidents Uhuru Kenyata et Félix Tshisekedi appellent les groupes armés à « privilégier la paix »
Salle abritant les consultations entre des groupes armés locaux de la RDC et les experts de la présidence congolaise dimanche 24 avril 2022 à Nairobi au Kenya.
La première phase des consultations entre les groupes armés locaux de la République démocratique du Congo(RDC) et le Gouvernement s’est clôturée mercredi 27 avril 2022 à Nairobi(Kenya). A l’issue des travaux, les Présidents Kenyan et Congolais ont exhorté les groupes armés de l’Ituri, du Nord et Sud-Kivu à privilégier la voie de la paix en déposant les armes, rapporte une dépêche du service de communication de la Présidence de la RDC.
« Prenez l’exemple de moi-même. J’ai fait la paix avec mon opposant historique » s’est exprimé en anglais et en kiswahili, le Président du Kenya, Uhuru Kenyatta.
S’adressant à ses compatriotes depuis ses bureaux à Kinshasa, le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a remercié tous ceux qui ont choisi la voie de la paix.
« Vous pouvez compter sur moi », a-t-il dit.
Près de 30 délégués représentants les groupes armés de l’Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu ont pris part à cinq jours d’intenses travaux des consultations de paix qui se sont déroulés en présence des observateurs du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi, des Nations-Unies, de la CIRGL, des États Unis et de la France.
Dans la matinée de mercredi, tous les groupes armés de l’Ituri, Nord-kivu et Sud-Kivu ont remis, chacun, leurs mémorandums à la facilitation dans lesquels ils proposent des voies de sortie des tensions armées dans l’est de la RDC.
Devant les médias, les délégués des groupes armés se sont montrés optimistes quant à l’issue de ces échanges.
Ceux qui n’ont pas rallié Nairobi pourraient rejoindre le processus à la prochaine rencontre, affirme cette dépêche de la Présidence.
La facilitation kenyane a annoncé une prochaine rencontre dans quelques jours, bien avant le prochain conclave d’évaluation des Chefs d’Etat de la communauté de l’Afrique de l’Est programmé vers la fin du mois de mai.
Avec RO/ Georges Berghezan et Adolphe Agenonga Chober (Agrip)