* Par ailleurs, les deux leaders de Lamuka appellent la Justice à se saisir de l’affaire des 200 millions us de la Gécamines.La condamnation du directeur de cabinet du Président Félix Tshisekedi, le samedi 20 juin à 20 ans de travaux forcés pour détournement des deniers publics (48 millions USD), continue à défrayer la chronique politique en RD Congo. Que de commentaires. Que des réactions, selon que l’on soit pro Vital Kamerhe ou pas. Normal, quand on sait que l’homme condamné également à 15 ans de servitude pénale principale pour corruption, compte parmi les grandes figures de la scène politique du pays.
Après cette condamnation de Vital Kamerhe, assortie de plusieurs privations de ses droits, notamment l’interdiction d’accès aux fonctions publiques et paraétatiques quel qu’en soit le niveau; deux acteurs politiques estiment formellement que la Justice doit être faite à tous les niveaux.
Il s’agit d’Adolphe Muzito et de Martin Fayulu.Sans aucune prétention d’être ni auteurs d’une plainte contre le Président Félix Tshisekedi ni ses juges naturels, le Premier ministre honoraire Adolphe Muzito et Martin Fayulu, président autoproclamé de la présidentielle du 30 décembre 2018, demandent au Chef de l’Etat d’expliquer aux juges, le rôle qu’il a joué ou qu’il joue, dans le cadre de l’exécution des travaux de son Programme d’urgence des 100 premiers jours, lancés le 2 mars 2019.
C’est ce qui ressort d’une déclaration de ces deux acteurs politiques, hier lundi 22 juin, relayée le média en ligne 7 sur 7.cdDans leur déclaration commune, Adolphe Muzito et Martin Fayulu ne tempèrent pas. Ils adjurent que les responsabilités soient établies à tous les niveaux.
«C’est une première étape, une bonne chose pour que les agents publics de l’Etat ne dilapident pas l’argent du trésor public…Nous réitérons notre exigence de voir les responsabilités être établies à tous les niveaux en rapport avec toute personne impliquée dans la matérialisation de ce programme. C’est le cas de notre compatriote Félix Tshisekedi qui doit, pour des raisons légale, morale, éthique s’expliquer, fournir sa version des faits sur son vrai rôle dans le cadre d’exécution du Programme d’urgence des 100 jours. Ceci pour éviter qu’un certain nombre de nos compatriotes ne puissent crier au complot et au règlement des comptes politiques à l’issue de ce procès», s’expliquent les deux auteurs de la déclaration sus-indiquée.
Par ailleurs, Adolphe Muzito, leader de la plateforme politique Nouvel’ Elan et son coéquipier Martin Fayulu, président national du parti Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECIDé), convient la justice congolaise à se saisir d’office de l’affaire des 200 millions dollars américains à la Générale des carrières et des mines (Gécamines). Ce, avant de s’intéresser aussi au dossier d’un milliard de dollars américains dépassé par la Commission Électorale Nationale Indépendante pour organiser les élections de décembre 2018.
.DEVOIR DE REDEVABILITE ET DE RESPONSABILITE
Dans les milieux de Lamuka, plateforme électorale créée en novembre 2018 pour une candidature commune à la présidentielle de décembre de la même année, on soutient haut et fort que la démarche du cabinet du Président Félix Tshisekedi dans l’élaboration et la conduite du « programme d’urgence des 100 jours», pose également un vrai problème de redevabilité et de responsabilité.
Qui doit être tenu politiquement responsable de l’échec de ce « programme d’urgence » initié par Félix Tshisekedi ? Et qui devrait en répondre devant la justice ?
On rappelle qu’au mois d’avril dernier, bien avant l’ouverture du procès, les deux questions posées ci-dessus nécessitaient des réponses nuancées, même si l’opinion semblait déjà avoir trouvé son coupable désigné : Vital Kamerhe.
Dès lors, d’aucuns avaient estimé que le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi ne devrait pas être tenu seul responsable de l’insuccès dudit programme.
Dans une déclaration le 16 avril au média en ligne actu-30.info, un proche du Président Félix Tshisekedi indiquait qu’en «droit procédural congolais, la responsabilité pénale est individuelle.
Seule la personne présumée avoir commis une infraction doit répondre de ses actes devant son juge naturel après instruction du dossier par l’officier du Ministère public, afin que sa culpabilité soit établie par un jugement définitif».
Les précisions de ce proche de Fatshi faisaient suite à une déclaration de Martin Fayulu, le mercredi 15 avril, selon laquelle la responsabilité personnelle de Félix Tshisekedi était engagée dans la gestion de son programme d’urgence des 100 premiers jours et dans le dossier des 15 millions de dollars américains.
.DES INDICES DE DYSFONCTIONNEMENT ?
Sans aucun doute, ce n’est plus le moment de faire le procès du procès des auteurs de détournements présumés des fonds alloués aux travaux du programme d’urgence des 100 jours du successeur de Joseph Kabila.
Cependant, tous ceux des Congolais ayant suivi attentivement les audiences publiques de ladite affaire, aura retenu plusieurs leçons. Mais de l’avis de plusieurs observateurs, la plus importante de toutes leçons à tirer de ce procès, est celle que donnent les déclarations des prévenus ayant défilé devant les juges.
Des propos à tout le moins contradictoires qui, sans besoin d’être suffisamment outillé en matière d’administration, ont laissé penser à un dysfonctionnement manifeste du cabinet du Président de la République.
« Comment comprendre que le Chef de l’Etat n’ait pas été au courant de tout ce qui se faisait dans son propre cabinet ? Comment expliquer que lui qui avait initié le Programme, n’ait pas été tenu régulièrement au courant de l’avancement des travaux, avec tout ce que cela implique en termes de différentes sorties de fonds », continuent à s’interroger nombre d’analystes congolais d’ici et d’ailleurs.
Un autre hiatus dans cette affaire se dégage entre le satisfécit du Chef de l’Etat, exprimé lors d’une réunion du Conseil des ministres quant à l’avancement des travaux de son Programme, et la clameur publique sur des soupçons de plus en plus persistants, de détournement des fonds y afférents.
D’ores et déjà, d’aucuns pensent qu’il se pose donc là, un vrai problème.
Par Grevisse KABREL (FDA)