Treize ministres africains des Affaires Etrangères sont attendus ce mardi 17 octobre 2017 à Brazzaville pour échanger autour de la crise politique et sécuritaire en République Démocratique du Congo.
Il s’agit de ceux d’Angola, du Burundi, du Rwanda, de l’Ouganda, du Soudan du Sud, de l’Afrique du Sud, de la Zambie, de la Tanzanie, de la République Centrafricaine, de la République du Congo, de la République Démocratique du Congo. Ces pays, rappelons-le, sont signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région d’Afrique Centrale et des Grands Lacs (24 février 2013 à Addis-Abeba). Le Soudan et le Kenya, qui y ont adhéré en janvier 2014, sont à compter également au nombre des parties prenantes.
Cette rencontre ministérielle au pays de Sassou Nguesso devrait préparer la matière pour le sommet des Chefs d’Etat ou de gouvernement des Etats membres, annoncé pour le jeudi 19 octobre toujours à Brazzaville.
Cette réunion, la huitième de la série, s’inscrit dans l’optique du «Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la Région », dont la huitième s’était tenu le 26 octobre 2016 à Luanda.
Naturellement, des millions de Congolaises et Congolais seront tout yeux et tout oreilles pour tout ce qui va se dire à Brazzaville, au sujet de la crise politique d’abord et sécuritaire ensuite. Mais au regard des prises de position antérieure aussi bien de l’Union Africaine, de la SADC (Communauté de Développement de l’Afrique Australe), de la CIRGL (Conférence Internationale sur la la Régions des Grands Lacs) que de la CEEAC (Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale), il n’y a guère d’illusion à se faire à propos du processus électoral.
Les 13 ministres africains des Affaires Etrangères invités à Brazzaville par l’Envoyé Spécial du Secrétaire général de l’Onu dans les Grand Lacs, Said Djinnit, vont certainement réitérer leurs encouragements au pouvoir en place à Kinshasa dans la voie du report des élections sine die, jusqu’à ce que soient résolues les fameuses contraintes politiques, sécuritaires, techniques et financières évoquées pour la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) pour justifier le « glissement ». Autrement dit, les participants au sommet de Brazzaville vont simplement entériner le délai de 504 jours, à partir de la clôture définitive de toutes les opérations d’enrôlement des électeurs au Kasaï et à travers toute la planète, jugé incontournable par cette institution d’appui à la démocratie pour conduire le peuple congolais aux urnes, soit après avril 2019.
On connaît fort bien les effets des solutions africaines aux crises politiques et sécuritaires à travers le continent, à savoir des palliatifs adoptés pour plaire aux régimes en place, sans pour autant apporter la paix, la stabilité et la réconciliation espérées par les peuples d’Afrique. On n’ignore pas non plus les conséquences néfastes des élections non démocratiques favorisant l’exercice des mandats à vie par des Chefs d’Etats qui finissent par sortir par la petite porte, à l’instar d’un certain Mobutu Sese dans l’ex-Zaïre, de Ben Ali en Tunisie, de Nasser en Egypte, de Blaise Compaoré au Burkina Faso, de Yaya en Gambie.
Pour le cas précis de la RDC, l’on a vu l’UA et les organisations sous-régionales soutenir, à cor et à cri, le caractère inclusif du Dialogue de la Cité de l’Union Africaine, sous la médiation du tristement célèbre, Edem Kodjo, son facilitateur, alors que ce n’était pas le cas, avant que le président congolais se rende lui-même compte des limites du gouvernement Badibanga qui en était sorti et ne se tourne vers la CENCO pour obtenir un forum réellement inclusif.
Comme si le ridicule n’était pas africain, l’UA a salué les résultats du ompromis politique du 31 décembre 2016, avant de le renier et de s’aligner sur la position de Kinshasa, qui avait trouvé le moyen de laisser au bord de la route les véritables forces politiques et sociales signataires de cet accord.
Comment veut-on que la RDC chemine réellement vers la stabilité politique, la paix durable et le progrès socio-économique, dans un environnement de crise politique aigue au sommet de l’Etat ? Les Africains sont-ils réellement animés de la volonté de mettre fin à l’instabilité politique, corollaire de l’insécurité en territoire congolais ? Si la réunion de Brazzaville se solde, comme celle de Luanda l’année dernière, par une nouvelle caution au glissement de calendrier électoral, il faudrait effectivement craindre des jours sombres pour le peuple congolais dans les mois et années à venir, avec une transition sans perspective électorale.
Pour ce qui est du dossier sécuritaire, l’Est de la RDC reste l’épicentre d’un business assis sur les armes et les minerais, que personne n’est disposé à abandonner.
Par Kimp ( Le Phare)