Anurith, une réfugiée congolaise, mardi 7 juillet 2020.
Plus de 3.000 réfugiés de la République démocratique du Congo (RDC) sont arrivés en Ouganda entre mercredi et vendredi de la semaine dernière (du 1er au 3 juillet 2020).
Ce flux de réfugiés congolais fait suite à l’ouverture temporaire de deux points de passage frontaliers à Golajo et Mount Zeu, dans le nord-ouest de l’Ouganda.
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), certains des réfugiés congolais ont fait état de « récits bouleversants » concernant des attaques de milices sur leurs villages. 65% des nouveaux arrivants sont des enfants.
« Le groupe compte également 33 femmes enceintes, dont deux ont été immédiatement emmenées au centre de santé Zeu III la semaine dernière, où elles ont chacune donné naissance – à une petite fille pour l’une et à un garçon pour l’autre », a précisé mardi 7 juillet 2020 Charlie Yaxley, porte-parole du HCR.
« Certains réfugiés ont dit qu’ils ont été séparés de leur famille et ont eu peu de temps pour faire leurs bagages ou chercher les membres de leur famille avant de s’enfuir », a-t-il ajouté au cours d’un point de presse virtuel organisé depuis Genève.
Très peu de réfugiés congolais ont pu emporter des objets personnels et la plupart se sont enfuis pieds nus avec pour seule possession les vêtements qu’ils portaient.
Les nouveaux arrivants faisaient préalablement partie d’un groupe plus important d’environ 45.000 personnes, selon les autorités locales congolaises, qui avaient tenté de fuir vers la frontière entre l’Ouganda et la RDC peu après que des affrontements meurtriers aient éclaté entre milices armées dans la province de l’Ituri les 17 et 18 mai 2020.
Si certains ont pu retourner dans leur région d’origine, d’autres étaient restés dans la zone frontalière, sans pouvoir la franchir pendant plus d’un mois en raison de la fermeture des frontières du côté ougandais destinée à contenir la propagation de la pandémie de Covid-19.
A leur arrivée en terre ougandaise, le groupe de réfugiés a été emmené à l’Institut agricole de Zeu, un ancien centre de formation pour les agriculteurs du district de Zombo, qui sert maintenant de centre de quarantaine.
« Nombre de nos installations de transit et d’accueil à travers le pays ont été converties en centres de quarantaine, où nous venons en aide quotidiennement à des centaines d’Ougandais et de réfugiés », a rappelé M. Yaxley.
939 cas confirmés de Covid-19 en Ouganda et plus de 7.000 en RDC
Au terme de la période de quarantaine obligatoire de 14 jours, conformément aux directives et protocoles nationaux, les Congolais seront transférés vers les sites de réfugiés existants.
À cet égard, le HCR note que le ministère de la santé ougandais a effectué des tests de dépistage de la Covid-19, dont les 570 premiers échantillons se sont révélés négatifs.
« Des équipes médicales et une ambulance se tiennent prêtes à intervenir si quelqu’un devait être hospitalisé », a précisé M. Yaxley.
« Le HCR se félicite de la décision du gouvernement ougandais d’autoriser le groupe de réfugiés à entrer dans le pays et à recevoir une aide et une protection essentielles », a-t-il ajouté.
Cet effort illustre comment, par des mesures de quarantaine, de dépistage sanitaire et autres, il est possible pour les Etats de respecter leurs obligations en vertu du droit international durant la pandémie tout en « limitant la propagation potentielle du virus ».
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) fait état de 7.410 cas confirmés de Covid-19 dont 181 décès en RDC. En Ouganda, il y a eu 939 cas confirmés de Covid-19 avec zéro décès.
Le HCR continue à soutenir le gouvernement dans sa réponse face à la Covid-19, en construisant ou renforçant des infrastructures de quarantaine et d’isolement et en augmentant la fourniture de matériel pour le lavage des mains et la mise à disposition de masque.
Par ailleurs, les réfugiés congolais ont reçu de la vitamine A et ont été vaccinés contre le choléra, la rougeole, la rubéole et la polio.
Cependant, les activités du HCR en faveur des réfugiés en Ouganda continuent de se heurter à de multiples difficultés en raison d’un sous-financement, avec notamment de sévères réductions dans la distribution de rations alimentaires.
L’agence onusienne n’a reçu que 18% des 357 millions de dollars nécessaires à la poursuite de ses activités en Ouganda en 2020.
Dans l’immédiat, 28 millions de dollars sont nécessaires pour maintenir le niveau actuel d’assistance apportée aux réfugiés en Ouganda, y compris les services de santé de base.
Par CR/Canu