Reporters sans frontières (RSF) dénonce de graves violations de la liberté de la presse et demande aux autorités locales d’une province de République démocratique du Congo (RDC) de ne pas se faire justice elles-mêmes en ayant recours aux voies légales en cas de litige avec des médias ou des journalistes.
La RDC occupe la 150e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2020.
La répression a été aussi brutale que soudaine. En quelques heures seulement, le mardi 26 mai 2020, les autorités de la province de la Mongala située dans le nord de la RDC ont ordonné la fermeture deRadio Mongala, La voix de Bumba FM, la Radio rurale de Bumba etRadio Mwana mboka, quatre des principales stations de cette région et procédé à l’arrestation deFabrice Ngani, journaliste et animateur de l’émission intitulée “Bonjour Bumba” diffusée sur La Voix de Bumba FM. Une semaine après, ce journaliste est toujours en détention et des policiers ont encerclé les médias fermés pour empêcher leurs personnels d’y accéder.
Selon les informations de Journaliste en danger (JED), organisation partenaire de RSF, les médias et journalistes visés par ces mesures sont notamment poursuivis pour “propos outrageants et dégradants à l’endroit de la présidente de l’assemblée nationale et du Gouverneur de province”. Sollicité, ce dernier n’a pas répondu aux appels et messages de RSF.
“Quatre médias fermés manu militari et un journaliste jeté en prison, il s’agit d’un tour de vis inédit en RDC depuis l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités début 2019, dénonce Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Nous demandons aux autorités locales d’utiliser les voies légales de recours en cas de litige avec les médias et les journalistes. Tant que les fermetures de médias et les arrestations de journalistes feront l’objet de décisions politiques, la liberté de la presse ne pourra pas progresser en RDC. Nous appelons les autorités à mettre en oeuvre les changements promis”.
Le 12 novembre 2019, lors d’un entretien entre RSF, JED et Felix Tshisekedi, en marge du forum de Paris sur la paix, le président de la RDC avait soutenu l’idée d’unmoratoire sur les arrestations de journalistes dans l’exercice de leurs fonctions en attendant que la loi sur la presse de 1996 soit révisée. Nos deux organisations avaient également plaidé pour la mise en place dans les plus brefs délais d’un mécanisme dédié à la protection et à la sécurité des journalistes dont la première étape consiste à nommer un réseau de points focaux dans les différents ministères et administrations concernés par la liberté de la presse. Aucune de ces mesures proposées n’a pour l’instant été adoptée.
Par CR/RSF