Les populations civiles continuent d’être victimes de graves violations des droits humains dans l’Est de la RDC, indique le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), dans un document parvenu mardi 6 décembre à Radio Okapi.
La situation sécuritaire et de protection des civils continue à se détériorer dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo (Nord-Kivu) « à la suite de la poursuite et l’avancé des affrontements, notamment vers les zones non encore affectées par la crise.
Les populations civiles sont de plus en plus victimes de graves violations/abus des droits humains », a dit cette agence onusienne dans son dernier rapport de situation humanitaire.
Selon OCHA, les acteurs de la protection ont documenté au moins 90 incidents de protection entre les 14 au 27 novembre dernier, dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo.
Depuis le 30 novembre dernier, des alertes font état des meurtres de nombreux civils au village de Kishishe dans la zone de santé de Kibirizi, territoire de Rutshuru.
Plus de 390.000 personnes déplacées à la suite des affrontements.
Après cinq jours de trêve, des combats ont repris jeudi 1er décembre dans l’Est de la RDC entre le M23 et l’armée qui a accusé ces rebelles d’avoir tué mardi une centaine de civils.
Le sommet du 23 novembre dernier à Luanda (Angola) avait décidé un cessez-le-feu à partir du vendredi 25 à 18h00 GMT, suivi deux jours plus tard du retrait du M23 des zones conquises depuis plusieurs mois dans la province du Nord-Kivu.
« Tandis que sur le terrain militaire les combats continuent, de nombreux efforts diplomatiques sont en cours afin de mettre fin aux affrontements et restaurer la paix dans l’est de la RDC », a ajouté OCHA. Entre autres efforts, le médiateur de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC), Uhuru Kenyatta, a séjourné à Kinshasa et à Goma pour des discussions avec les autorités congolaises et d’autres parties-prenantes au conflit.
Malgré ces efforts diplomatiques, les affrontements continus entre l’armée et les rebelles du M23 continuent de provoquer la fuite de milliers de déplacés vers Goma. Selon OCHA, les combats entre l’armée congolaise et le groupe armé Mouvement du 23 mars (M23) ont provoqué des mouvements de population estimés à « plus de 390.000 personnes déplacées dont plusieurs milliers depuis le 20 octobre ».
Selon les humanitaires onusiens, les personnes déplacées, constituées en majorité de femmes et d’enfants, ont trouvé refuge au sein des familles d’accueil ou des sites à travers les territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Lubero, Masisi et la ville de Goma.
Des cas de choléra rapportés dans la zone de santé de Nyiragongo
Par ailleurs, les cas de choléra continuent d’être rapportés, notamment dans la zone de santé de Nyiragongo où se trouve une forte concentration de sites des personnes déplacées. Nyiragongo a notifié au moins 50 cas, dont deux décès en une semaine, du 21 au 27 novembre.
Face à ces risques épidémiques en plein conflit, l’ONG Médecins sans Frontières a installé une un centre de traitement de choléra à Munigi. Au moins 27 personnes y sont actuellement internées.
De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fourni le 26 novembre dernier des médicaments à l’unité de traitement de choléra à Kanyaruchinya pour appuyer la prise en charge d’au moins 100 cas de choléra pour les trois prochains mois.
Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), en partenariat avec la Croix Rouge congolaise, a renforcé ses interventions afin de réduire la transmission et endiguer sa propagation.
Le secteur chargé de l’eau et de l’assainissement intensifie également ses activités en fournissant de l’eau potable, assurant l’accès aux toilettes et un suivi de la situation dans les centres collectifs en particulier, où le plus grand nombre de cas sont signalés.
Des brigades d’hygiène ont aussi été mises en place dans des sites des déplacés, en vue d’y promouvoir l’hygiène.
A noter que le plan trimestriel de réponse d’urgence pour la crise actuelle dans les territoires de Nyiragongo, Lubero et Rutshuru est estimé à 77,5 millions de dollars pour fournir une aide à plus de 315.000 personnes, considérées comme les plus vulnérables. A ce jour, 49 millions de dollars restent à mobiliser, selon les Nations Unies.
Core/RO/ONU Info.