Le nouveau Premier ministre de la République démocratique du Congo (RDC),Bruno Tshibala, a déclaré mardi soir (11 avril 2017) à l’AFP qu’il comptait financer le scrutin devant désigner le successeur du président Joseph Kabila avec des ressources « internes », dont il n’a pas précisé l’origine.
« Nous allons mettre tout en œuvre pour mobiliser les ressources financières internes en vue de financer les élections », a déclaré à Kinshasa M. Tshibala, ajoutant cependant qu’il ne voyait « pas d’inconvénients à ce qu’il y ait un appoint qui viendrait des (…) partenaires » étrangers dans le financement des élections, considérées comme « la priorité des priorités » de son gouvernement.
Mais pour le principal allié de M. Tshibala, Joseph Olenghankoy, chef de la dissidence du Rassemblement – la coalition créée par l’opposant historique Étienne Tshisekedi, décédé en février – « la priorité », avant les élections, « est de répondre aux besoins (du) peuple notamment dans le social, dans la sécurité».
M. Olenghankoy a tenu ces propos en référence à la crise économique que traverse le pays, après avoir rencontré M. Tshibala dans le cadre de consultations précédant la formation du gouvernement.
Le mandat de M. Kabila, au pouvoir depuis 2001 et à qui la Constitution interdit de se représenter, a expiré le 20 décembre 2016, mais faute de la tenue de
l’élection devant désigner son successeur, le chef de l’État se maintient au pouvoir.
La raison officielle avancée pour le report de la présidentielle et des législatives devant avoir lieu en même temps, a été un manque de moyens de l’État congolais pour les financer.
Depuis le début de l’année 2016, la situation des finances publiques du pays n’a cessé de se détériorer avec la baisse des prix des matières premières sur les marchés mondiaux alors que le cuivre et le cobalt extraits en RDC représentent 80% des recettes d’exportation du pays.
« Ingérence étrangère » exclue
Dans ce contexte particulièrement difficile, M. Tshibala n’a pas précisé par quels moyens il comptait améliorer la marge de manœuvre budgétaire de l’État.
Dans un discours devant le Parlement, M. Kabila a assuré le 5 avril que « les élections (auraient) bel et bien lieu », sans dire à quelle échéance, et en excluant d’avance toute « ingérence étrangère » dans le pilotage et le déroulement du processus électoral.
M. Tshibala a été nommé Premier ministre vendredi, quelques jours après avoir été exclu du Rassemblement.
M. Kabila soutient que sa nomination est conforme à l’accord conclu le 31 décembre 2016 par la majorité et l’opposition, sous l’égide de l’Église catholique, afin de sortir le pays de la crise liée à son maintien au pouvoir.
Ce compromis politique (que le président n’a pas signé) prévoit le maintien de M. Kabila à la tête du pays jusqu’à l’entrée en fonction d’un successeur élu lors d’une présidentielle devant avoir lieu fin 2017, qui apparaît aujourd’hui hypothétique. En contrepartie, le poste de Premier ministre d’un nouveau gouvernement élargi doit revenir au Rassemblement. Pour le parti de Tshisekedi, le choix de M. Tshibala est une violation de l’accord et une « prime à la trahison».
État continent au cœur de l’Afrique dévasté par deux guerres entre 1996 et 2003, la RDC n’a connu aucune transition démocratique du pouvoir depuis son indépendance de la Belgique en 1960.