Pays aux multiples potentialités agricoles, la République démocratique du Congo peut produire pour nourrir toute l’Afrique. Pourtant, le Congo Kinshasa dépend toujours de l’importation des produits alimentaires de base pour nourrir sa population. Un paradoxe que les dirigeants congolais devront lever.
Des experts estiment à plus de deux millions de tonnes de vivres que la RD Congo importe chaque année via ses ports de Matadi et de Boma au Kongo Central, et aux voies frontalières de Kasumbalesa (au Katanga). Dans le lot des produits importés, le poisson, la viande de bœuf ou celle de porc, les poulets et autres volailles, le sucre, le riz, les œufs, les épices, la farine de blé, et tant d’autres aliments. Cela coûte annuellement à l’État congolais près de deux milliards USD.
En dépit du volume de ces importations, les spécialistes indiquent que plus de 70 % des Congolais vivent encore dans l’insécurité alimentaire. Actuellement, la RDC figure parmi les pays où la sécurité alimentaire nest pas encore garantie. Aussi, présente-t-elle à ce jour le taux de malnutrition le plus élevé au monde.
Toutefois, il ny a aucune raison pour que la RD Congo puisse engager des sommes énormes à importer des vivres. D’autant plus qu’à partir de ses potentialités naturelles, le pays est à même de produire suffisamment de la nourriture pour ses habitants et ainsi, assurer véritablement sa sécurité alimentaire.
Cependant, une politique adéquate de développement agricole dans le pays savère indispensable, pour promouvoir le secteur agricole en RDC, et mettre en valeur toutes ses potentialités nécessaires. Ce, en vue de garantir une grande production agricole pour une suffisance alimentaire dans le pays.
La RDC dispose d’environ 80 millions dhectares de terres arables dont seulement 10% sont utilisées à ce jour. C’est le deuxième pays à travers la planète après le Brésil (actuellement premier pays agricole du monde) possédant le plus d’espace agricole non encore utilisé. Mais, le pays connaît une dépendance alimentaire excessive même pour des produits agricoles. C’est un paradoxe.
Un potentiel halieutique remarquable
La RDC possède un potentiel halieutique vraiment exceptionnel. D’abord, elle s’ouvre à locéan pacifique à partir de la ville de Moanda au Kongo Central. Rien quune compagnie de pêche à la côte, et Kinshasa ne va plus consommer des poissons surgelés importés. Par exemple, le chinchard qui provient de la Namibie coûte énormément cher aux Kinois, le carton de 30 Kg revient actuellement à 70 USD sur le marché kinois.
Egalement, la RDC est traversée par le majestueux et grand fleuve Congo, l’un des plus longs et plus puissants du monde. Plusieurs rivières et cours d’eau s’y jettent, tous contiennent dinnombrables et diverses espèces aquatiques.
Donc, le gouvernement à travers le Ministère de tutelle peut organiser de la pêche, de l’aquaculture et même de la pisciculture pour fournir suffisamment du poisson frais deau douce du Fleuve Congo à la population. Puisque, la pêche artisanale pratiquée actuellement dans le pays est très loin de satisfaire le besoin et la demande des Congolais.
La RDC compte près une centaine de lacs dont une dizaine figure parmi les plus vastes voire les plus poissonneux du monde, tel que le Tanganyika. Le gouvernement y pourra également organiser et développer une pêche industrielle.
Pour ce qui est de l’élevage, la RDC a, non seulement de l’espace suffisant, mais aussi des conditions favorables. Le climat est favorable pour toutes les activités tant agricoles, de la pêche que de l’élevage.
La solution au paradoxe
La seule solution à ce paradoxe, c’est que le gouvernement congolais devrait faire de l’agriculture la priorité des priorités. Parce que cest un secteur vital. L’alimentation est le premier des besoins sociaux de base à côté de la santé et de l’éducation. Et le développement de lagriculture en RDC cest automatiquement le développement de larrière pays.
Toutefois, il est regrettable de remarquer aujourd’hui que la part allouée à l’agriculture reste faible. Alors que la RDC est appelée à accorder progressivement au secteur agricole jusqu’à 10% de son budget national comme l’exige un l’Accord de Maputo en Namibie (dont la RDC est signataire), pour que la population congolaise accède à la sécurité alimentaire.
Le gouvernement congolais ferait œuvre utile en investissant sérieusement dans la protection de la forêt du bassin du Congo ainsi que dans le développement d’une agriculture intensive et productrice à travers tout le territoire national. Ce qui va surement permettre le développement même du pays.
En lieu et place de l’aide structurelle, il faudrait plutôt que l’État congolais puisse exiger de ses partenaires des investissements massifs dans le secteur agricole.
Par Lepetit Baende (Deskeco)