Voici la version française du rapport (Projet Mapping) des Nations Unies sur
le génocide commis entre mars 1993 et juin 2003 par les troupes rwandaises au Zaïre-Congo. Ce rapport est le fruit de nombreux entretiens et échanges avec plusieurs centaines d’interlocuteurs, tant Congolais qu’étrangers, qui ont vécu les atrocités commises dans ce pays.
Préface
Le présent rapport est le fruit de nombreux entretiens et échanges avec plusieurs
centaines d’interlocuteurs, tant Congolais qu’étrangers, qui ont vécu les atrocités
commises dans ce pays. Il s’efforce de refléter leurs témoignages ainsi que leurs
aspirations pour la justice.
Cependant, aucun rapport ne peut suffisamment décrire
l’horreur de ce que les populations civiles au Zaïre, devenu République démocratique du
Congo ont vécu. Presque chaque personne a une ou plusieurs histoires de souffrance et de
perte à raconter. Certaines victimes sont devenues auteurs de crimes et certains
responsables de crimes ont été victimes à leur tour de graves violations des droits de
l’homme et du droit international humanitaire dans un cycle de violence qui n’est pas
encore terminé.
Ce rapport se veut représentatif dans sa description des violences qui ont
affecté directement ou indirectement une vaste majorité de la population congolaise. Il ne
vise pas à attribuer de responsabilités individuelles, ni à blâmer un groupe plutôt qu’un
autre. Cependant, en toute franchise, il laisse aux victimes et témoins la description
parfois brutale des tragédies qu’ils ont vécus. Il se veut un premier pas vers un exercice
de vérité parfois douloureux mais combien nécessaire.
Le présent rapport procède également à une évaluation de la justice en RDC inspiré
des réflexions et avis de nombreux acteurs et intervenants du système, y compris ceux qui
en sont également victimes. Il offre quelques options afin d’inspirer les acteurs Congolais
et internationaux impliqués dans la difficile tâche de redresser l’édifice de la justice, qui
fait face à de multiples défis. Il plaide pour un engagement rénouvelé des autorités à
redonner à la justice sa place en tant que l’un des piliers fondamentaux de la démocratie
congolaise. Finalement, il regarde vers l’avenir en formulant différentes options que
pourrait emprunter la société congolaise pour composer avec son passé, lutter contre
l’impunité et faire face au présent à l’abri du danger de voir se répéter tant d’horreurs.
Par leur témoignages et contributions à ce rapport, le peuple congolais a démontré
son engagement à la vérité et à la justice. L’impact final du projet dont ce rapport est issu
dépendra du suivi et des relais pris par les autorités et la population congolaise. Il
appartient à la RDC et à son peuple de prendre les devants dans l’élaboration et la mise
en oeuvre de leur stratégie sur la justice transitionnelle. Ils devraient aussi pouvoir
compter à cet égard sur le soutien de la communauté internationale. Le Haut-
Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme s’engage à rester un partenaire
engagé de la République Démocratique du Congo dans la recherche d’une paix réellement
durable.
Navanethem Pillay
Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme
***
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter et télécharger le Rapport de l’ONU sur le génocide commis en RDC (Partie 1)