Felix Tshisekedi lors de la reunion sur la riposte contre la pandémie de Coronavirus en RDC a la cite de l’ UA, le 5/5/2020.
Le sujet relatif à la vente des actifs de la GECAMINES a été évoqué au cours du Conseil des ministres présidé vendredi 22 mai 2020 par vidéoconférence par le Chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi. Ce dernier a indiqué qu’il lui revenait de plus en plus « des dénonciations, parfois documentées, sur des cas de fraude ou de sous-évaluation » à l’occasion des ventes des actifs de la GECAMINES.
Le Président de la République dit avoir a reçu également un mémo émanant de la GECAMINES qui explique sa position par rapport à ce sujet. « Les montants de manque à gagner en jeu sont énormes selon les dénonciations. Les explications fournies pour réfuter de telles accusations n’ont pas dissipé toutes les zones d’ombre sur cette affaire », selon le compte-rendu du conseil des ministres.
D’où, la nécessité de faire toute la lumière sur cette affaire, poursuit la même source, ajoutant que le Chef de l’Etat répondra officiellement au mémo lui adressé par la Direction de la GECAMINES.
Félix Antoine Tshisekedi a donc au ministre du Portefeuille de déposer au prochain conseil des ministres « un rapport détaillé sur ces faits dont les éléments seront mis à sa disposition. Le conseil des ministres déterminera ensuite les orientations à donner à ce dossier ».
« Le Congo n’est pas à vendre » s’oppose à la vente des actifs de STL à la Gécamines pour 4 raisons
Le Collectif « Le Congo n’est à vendre » s’oppose à vente des actifs de STL à la Gécamines en ce moment où les dirigeants de cette entreprise publique font l’objet des poursuites judicaires dans les Cours et Tribunaux.
« Nos organisations ont appris qu’en date du 20 décembre 2019, soit 3 jours après l’interdiction de sortie et leur disposition à la justice, monsieur Albert Yuma et monsieur Jacques Kamenga, respectivement PCA et DG, a.i. de la Générale des carrières et de mines (Gécamines), ont conclu un Protocole cadre de cession des actifs liés à l’exploitation du terril de Lubumbashi avec monsieur Albert Yuma, président de la Société Congolaise pour le Traitement de Terril de Lubumbashi(STL), filiale de la Gécamines. Suite à une lettre d’opposition du personnel de la Gécamines, monsieur Albert Yuma leur a adressé une correspondance en justifiant cet acte au motif qu’il a été accompli pour protéger STL, filiale à 100% de la Gécamines, des difficultés de trésorerie de cette dernière dans son fonctionnement. Le Président du Conseil d’Administration de la Gécamines a rappelé que c’est grâce à son action que l’usine STL était devenue une propriété de STL et que c’est devenue une propriété de la Gécamines à 100% », explique cette organisation de la Société civile dans un communiqué daté de ce mercredi 15 avril.
Pour étayer son opposition, le Collectif avance 4 raisons pour lesquelles il cette transaction ne devait pas ce faire en cette période :
- Le caractère secret de cette importante opération sans que les travailleurs n’en aient été informés et sans aucune communication publique.
- L’opportunité d’une telle opération au moment où le pays attend la nomination des nouveaux mandataires publics et que monsieur Albert Yuma fait l’objet d’une procédure d’enquête pour des faits liés à sa gestion des fonds de la Gécamines.
- Le sort d’une autre ‘filialisation’ à laquelle l’équipe de gestion démissionnaire avait procédé et qui s’était terminée par la privatisation de l’actif en question (voir le cas de Luiswishi).
- L’autre filiale de la Gécamines, la Société Immobilière du Congo (SIMCO), a longtemps refusé de déclarer ses recettes et ses dépenses dans le cadre de l’Initiative de Transparence des Industries Extractives, créant ainsi une opacité qui va à l’encontre de la bonne gouvernance et des engagements des autorités de la RDC
C’est pourquoi La campagne « Le Congo n’est Pas à Vendre » soutient la démarche du personnel de la Gécamines en appelant à « l’annulation de cette opération » entre une maison mère et sa filiale.
Et d’ajouter : «Cette opération ressemble très fortement à quelques années près à celle qui avait été faite concernant la Mine de Luiswishi avec exactement les mêmes acteurs impliqués il y a quelques années de cela. En effet en 2012 la mine de Luiswishi était devenue la propriété à 100% de la Gécamines, Monsieur Albert Yuma avait tenu exactement le même discours qu’aujourd’hui en affirmant que jamais la mine ne quitterait le patrimoine de la société. Malheureusement trois ans plus tard, celle-ci était vendue à une filiale de Huayou qui est impliquée encore dans l’opération sur le Terril de Lubumbashi aujourd’hui ».
Dès lors, pour ce Collectif, « plus que jamais en ce moment où le gouvernement de la République et le système judiciaire sont engagés dans le combat contre le détournement des biens publics, il est essentiel que cet effort soit le même pour nos entreprises publiques ».
Du coté de la Gécamines l’on trouve « absurdes » toutes ces accusations tant du point de vue juridique qu’économique. « Non seulement cette accusation est un mauvais procès fait à un homme présidant un Conseil d’Administration qui a permis à GECAMINES d’une part de renégocier avec succès un certain nombre de partenariats au bénéfice de la société́, et d’autre part de récupérer, après d’âpres luttes, des actifs industriels majeurs de la RDC », note la DG de la Gécamines, Jacques Kamenga, dans un communiqué.
Pour la Gécamines, le terril de Lubumbashi n’a l’objet d’aucune vente ni à monsieur Yuma ni à une autre personne. Elle soutient que le protocole cadre auquel il est fait allusion fait partie des contrats signés en vue de la finalisation de la filialisation de STL, société appartenant à 100% à Gécamines.
« Il est impossible à quiconque au sein de STL de vendre des actions de STL. Ce pouvoir n’appartient qu’à son actionnaire unique Gécamines et tout acheteur en faisant sa due de diligence s’en rendrait nécessairement compte », précise le DG Kamenga.
Par CR/RO/Deskeco