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Banque mondiale : croissance au ralenti en 2020…

La Banque mondiale pronostique une sensible baisse de la croissance économique des pays africains, en 2020. L’institution pointe les facteurs de risque qui pourraient affecter le rebond attendu l’an 2021.

« L’Afrique subsaharienne a été ravagée par la pandémie de Covid-19 et l’activité économique s’est effondrée au premier semestre de cette année. » Tel est le constat peu réjouissant de la Banque mondiale qui vient de publier son – volumineux – tableau de l’économie mondiale. Concernant l’Afrique subsaharienne, « la pandémie a détruit de nombreuses vies humaines et causé une crise économique sans précédent », note la BM.

L’Afrique a subi le contrecoup de la pandémie chez ses principaux partenaires commerciaux, de la perturbation des voyages internationaux et des chaînes d’approvisionnement, et de l’effondrement des prix des produits de base, notamment le pétrole et les métaux industriels. « Ces chocs ont exacerbé l’aversion des investisseurs pour le risque et entraîné des sorties de capitaux sans précédent. »

La fermeture des frontières et les restrictions commerciales ont perturbé le commerce des produits agricoles. Le grand nombre de personnes déplacées pourrait compliquer les mesures prises pour enrayer la propagation de la Covid-19.

Dans les deux grands paysleaders, Nigeria et Afrique du Sud, l’activité économique s’est effondrée au premier semestre de l’année. Plusieurs pays exportateurs de matières premières industrielles, comme la RD Congo, l’Angola et le Ghana, ont dû faire face à un fléchissement de la demande extérieure et une baisse des prix du pétrole et des métaux. Trois pays également affectés par « des perturbations internes ».

Les pays exportateurs de produits agricoles, comme la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie et le Kenya, ont été touchés par l’effondrement de la demande et la perturbation des chaînes d’approvisionnement. La réduction des voyages internationaux entraînée par la pandémie a porté « un dur coup » aux pays fortement tributaires des voyages et du tourisme, comme le Cap-Vert, l’Éthiopie, Maurice et les Seychelles.

Repli record en 2020

La dépréciation des monnaies nationales et la perturbation des chaînes d’approvisionnement ont poussé l’inflation dans la région. De nombreux pays ont annoncé des mesures de soutien budgétaire, mais dans bien des cas, elles consistent à remanier les budgets existants pour faire face aux nouvelles contraintes. La BM rappelle que les institutions internationales ont demandé aux créanciers bilatéraux de suspendre le remboursement de certaines dettes.

Bilan : l’activité économique de l’Afrique subsaharienne devrait se contracter de 2,8 % en 2020, « repli le plus fort jamais enregistré », selon la Banque mondiale. L’institution place l’Afrique du Nord avec le Moyen-Orient.

La BM s’attend à « une baisse encore plus importante du PIB par habitant », à +0,5% de cet agrégat exprimé en dollar, et prévient du risque « de faire retomber des millions de personnes dans l’extrême pauvreté ». Cela étant, la croissance devrait reprendre en 2021 et atteindre 3,1 % dans la zone.

À condition, – hypothèses finalement réalistes –, que la pandémie recule au deuxième semestre de cette année, partout en Afrique, et que la croissance reprenne chez les grands partenaires commerciaux. Il n’en reste pas moins que l’« Afrique subsaharienne a d’énormes obstacles à surmonter pour maîtriser la pandémie ». Ce, compte tenu de la faible capacité des services de santé, du manque d’accès aux installations sanitaires de base et de la prévalence des activités économiques informelles.

L’économie nigériane devrait (- 3,2 % estimés) devrait subir, en 2020, l’effondrement des prix du pétrole, qui représente 80 % des exportations du pays, environ un tiers du crédit bancaire et la moitié des recettes publiques. La production de l’Afrique du Sud devrait accuser une baisse de 7,1 % cette année – contraction la plus forte depuis un siècle – du fait que « les rigoureuses mais nécessaires » mesures de confinement ont réduit l’activité économique.

Des risques encore élevés d’aggravation

L’activité économique des pays importateurs de produits de base devrait ralentir cette année malgré la baisse des prix du pétrole, le nombre de touristes étant limité par les restrictions imposées aux voyages internationaux.

Le PIB des pays exportateurs de matières premières industrielles devrait également diminuer en 2020 du fait que les perturbations intérieures sont exacerbées par la faiblesse des prix du pétrole et des métaux. Les pays exportateurs de produits agricoles verront également leur activité économique s’effondrer cette année, « bien qu’ils soient relativement protégés contre la baisse des prix des produits de base ». En revanche, la raréfaction des investissements étrangers et le resserrement des conditions financières retardent l’investissement.

Les risques restent élevés, prévient la BM. Si la pandémie s’aggrave, la région tombera dans une récession encore plus profonde, avec des effets dévastateurs sur la santé et le bien-être de ses habitants.

Les incidences de la pandémie vont sensiblement accroître la vulnérabilité de la région au surendettement, et ces pressions seront exacerbées par la nécessité d’emprunter pour financer des déficits budgétaires plus importants. « Le grave manque de ressources publiques pourrait entraîner une réduction des services publics essentiels pendant la pandémie et réduire encore l’activité économique. » Pour l’heure, la Banque mondiale prévoit un rebond de 3,2% des PIB africains, en 2021.

Au-delà de ce facteur de risques, qui n’est donc pas une prévision, les experts redoutent « de plus en plus » que la pandémie fragilise la sécurité alimentaire dans la région. En effet, la fermeture des frontières et les restrictions commerciales ont perturbé le commerce des produits alimentaires et agricoles.

Le grand nombre de personnes déplacées pourrait compliquer les mesures prises pour enrayer la propagation du coronavirus. En outre, les efforts de maintien de la paix passent au second plan derrière la lutte contre la pandémie, ce qui accroît le risque de troubles sociaux.

La montée du chômage, la baisse des revenus et d’éventuelles pénuries de produits essentiels pourraient être une source d’instabilité et peser sur l’activité économique longtemps après la fin de la pandémie

Oscar BISIMWA

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