Par Oscar BISIMWA
Congoreformes.com
“User de la ruse, c’est reconnaître des limites à sa puissance », disait Louis Scutenaire. Présumé coupable de détournements de deniers publics dans le dossier d’indemnisation des victimes de la zaïrianisation, le Sénateur Matata Ponyo Mapon avait vu ses immunités levées sur demande du Procureur général près la cour de cassation. Immunités que l’ancien Premier ministre veut recouvrer par la petite porte.
Pour y parvenir, le Sénateur Matata a improvisé une motion d’information irrégulière lors de la plénière du 09 décembre, afin de charger le bureau de la chambre haute, dans l’espoir d’obtenir par la ruse ce qu’il a perdu par le droit et qu’il peut à tout moment recouvrer par la même voie légale.
« le Sénat est en complicité avec le procureur général pour me prendre en otage, le président du sénat a ordonné le procureur d’arrêter le sénateur Matata…, le bureau du sénat refuse d’appliquer un arrêt de la cour en sa faveur… », autant d’imputations (dommageables) proférées par l’homme à la cravate rouge à charge du bureau de la chambre haute du parlement.
Un succulent cocktail d’incohérences et de contradictions de la part de celui que la rue accuse d’avoir planté le maïs à Bukanga-Lonzo pour récolter une université privée à Kindu.
D’abord, l’ex premier ministre affirme que le président du sénat a ordonné le procureur de l’arrêter. Une grosse injure au procureur présenté, pince sans rire, comme un garçon de course du sénat par celui qui est sensé se souvenir du principe de la séparation des pouvoirs pour avoir été chef d’une institution.
« Le procureur m’a dit que le dossier est vide, il a même demandé pardon.., le procureur m’a dit… » cette expression est revenue plusieurs fois et avec légèreté dans le speech du Sénateur Matata. La sagesse bantoue ne dit-elle pas que « ce qui se raconte sur la route s’arrête sur la route »? Il ne suffit pas d’affirmer verbalement que le procureur vous a parlé à l’oreille et sans témoin, pour que toute la nation croie à une telle supercherie.
Le Procureur a-t-il perdu son stylo ou ce dernier est-t-il vidé de son ancre pour qu’il vous parle à l’oreille plutôt que d’écrire au bureau du Sénat ?
Pour justifier le recouvrement de ses immunités, le Sénateur Matata se base sur le dossier Bukanga-Lonzo pour lequel la cour constitutionnelle se serait déclarée incompétente. Grosse supercherie puisque les immunités de Matata ont été levées non pas pour le dossier Bukanga-Lonzo mais plutôt pour le dossier d’indemnisation des victimes de la Zaïrianisation.
Autre incohérence, le Sénateur Matata reconnaît que le procureur n’a pas encore écrit au Sénat pour lui signifier le non-lieu dans l’affaire de la zaïrianisation. Il charge le sénat d’inviter le procureur pour lui faire la morale ou encore d’entendre son co-accusé le Sud Africain Gobbler afin de le « laver de tout soupçon ».
Heureusement que la sagesse du très modeste Président du sénat n’est jamais loin pour rappeler au Sénateur Matata que « le Sénat n’est pas une juridiction ». Même si tous les 109 senateurs s’accordaient que Matata est innocent, cela n’a aucun impact sur le cours de la procédure judiciaire.
Lorsque le Sénateur Mapon reproche au président Bahati les actes du procureur, il y a lieu de se demander si le sénat était l’autorité de tutelle des parquets !
Il est temps que le Sénateur Matata Ponyo Mapon active le collectif de ses avacats pour obtenir du procureur la notification du non-lieu dans l’affaire d’indemnisation des victimes de la zaïrianisation, pour permettre au bureau du sénat de rétablir ses immunités conformément aux lois de la République. C’est beaucoup plus responsable pour l’ex cadre du PPRD que de chercher des boucs émissaires.
Le cas contraire, Matata continuera à s’attaquer au mauvais adversaire, et cette citation de Sun Tzu se confirmera dans son cas: « Si tu ne connais ni ton adversaire ni toi-même, à chaque bataille tu seras vaincu ».