* »Trop, c’est trop ! Le FCC y réservera des réponses proportionnelles aux plans judiciaire, politique et parlementaire », promet le coordonnateur de la plateforme chère à Joseph Kabila.Une foule de manifestants est descendue mercredi 24 juin 2020 dans la rue à Kinshasa, pour s’opposer à trois propositions de loi, initiées par les députés Aubin Minaku et Gary Sakata, portant réforme de la Justice en RD Congo. En colère, les manifestants ont caillassé le véhicule du député Nsingi, avant de s’attaquer à la résidence de Jean-Marie Kassamba, responsable de la Télévision du cinquantenaire (Télé 50), proche du FCC, et brûler l’hôtel de l’ancien gouverneur de Kinshasa André Kimbuta situé à quelques encablures du Palais du peuple.
Réagissant à ces troubles assortis de casses, le Front commun pour le Congo (FCC), hausse le ton. Avec des mots à peine voilés, cette plateforme créée dans la mouvance électorale de 2018 et très proche du Président honoraire Joseph Kabila, accuse l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti au pouvoir au sommet de l’Etat en RD Congo.
Par la bouche de son coordonnateur, Néhémie Mwilanya, le FCC n’entend pas s’arrêter à une simple condamnation. Bien au contraire. Prenant l’exacte mesure de la situation, cette ancienne plateforme électorale promet de donner une réplique calibrée aux troubles observés ces deux derniers jours.
«Trop, c’est trop ! Le FCC y réservera des réponses proportionnelles aux plans judiciaire, politique et parlementaire», a juré mercredi devant la presse, l’ancien Directeur de cabinet de Joseph Kabila.
.DES ACTES PREMEDITES
D’un air grave, Néhémie Mwilanya, député national élu de Fizi, dans la province du Sud-Kivu, a au cours de ce même échange avec des professionnels des médias, dénoncé avec véhémence ce qu’il a qualifié d’attaques ciblées contre des résidences de «hauts responsables» du FCC.
.« Les mouvements de protestation observés depuis un certain temps à Kinshasa, commencent à agacer, inquiéter et même à choquer de «bonnes consciences. Je voudrais condamner et dénoncer de la manière la plus ferme et énergique, tous les actes prémédités de vandalisme, de violences physiques, de destruction méchante dont les hauts responsables du FCC, des chefs de regroupements et partis politiques membres de notre famille politique font l’objet depuis hier (ndlr :mardi 23 juin), à leurs domiciles ou différentes résidences jusque ce matin», a souligné avec les dents serrées, le coordonnateur du FCC.
A priori, d’aucuns diraient que les « manifestations » populaires des deux derniers jours à Kinshasa seraient des mouvements spontanés de rue.
Ce que rejette le FCC qui, par le biais de son coordonnateur, soutient la thèse selon laquelle ces actes ont été annoncés.
«Ces actes ont été annoncés pourtant et c’est le caractère de la préméditation, par une formation politique qui est au pouvoir, qui a menacé de faire et qui, réellement, est passée aux actes ce matin (ndlr : hier mercredi 24 juin). Les responsables ne sont donc pas à chercher», a –t-il encore ajouté.
.QUAND LE PARLEMENT DEVIENT LA CIBLE DES MANIFESTANTS
«Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde», jugeait le célèbre écrivain-philosophe français Albert Camus.
Ce qui s’est passé mercredi à Kinshasa est un capharnaüm orchestré dans un contexte d’Etat d’urgence sanitaire, décrété voici trois mois, soit depuis le 24 mars 2020, par Félix Tshisekedi.
Dès lors que la situation dans laquelle se trouve actuellement la RD Congo implique la restriction de certains droits et libertés des citoyens, plus d’un analyste soutient que rien ne saurait justifier ces désordres dont les Parlementaires sont la cible privilégiée des manifestants.
L’opinion aura donc noté que ce qui s’est passé hier mercredi, a été dans la suite logique de la manif de mardi 23 juin où le Palais du peuple, siège du Parlement, a été pris d’assaut par un groupe d’exploitants de taxi-motos, communément appelés «Wewa» à Kinshasa.
Dans son face-à-face de mercredi avec quelques organes de presse de la capitale, Néhémie Mwilanya n’a pas cherché des mots pour fustiger le fait que ces actes de vandalisme touchent l’institution Parlement depuis quelques jours, au point de l’empêcher de siéger.«(…).
Et maintenant, ces actes d’empêchement deviennent récurrents de la part de la même formation politique faisant usage de ses militants bien conditionnés et qui évidemment empêchent les députés et sénateurs de faire leur travail pour lequel ils ont été élus par le peuple souverain au premier degré ou au second degré», a conclu le porte-voix du FCC.
.AUGUSTIN KABUYA NIE TOUTE IMPLICATION DE L’UDPS
Pour une fois, des manifestants sont descendus mercredi 24 juin 2020 dans la rue, sans se munir d’aucun insigne distinctif de leur parti. D’aucuns parleraient, non sans raison, d’une foule anonyme.
Stratégie ? Consigne ? Tout semble donc aller avec.
Cependant, prise pour responsable de toutes les manifestations de rue de ces derniers jours, l’Udps par la bouche de son Secrétaire général Augustin Kabuya, intervenant mercredi à la Radio télévision nationale congolaise, a nié toute implication de ses militants dans la chienlit d’hier. Toutefois, le site d’information 7sur7.cd dit avoir interrogé plusieurs manifestants. Ces derniers, selon ce média en ligne, n’ont pas caché leur appartenance au parti au pouvoir au sommet de l’Etat, dirigé par Jean-Marc Kabund, ancien premier vice-président de l’Assemblée nationale, déchu de ses fonctions au cours d’une plénière tenue le 25 mai 2020.
De l’avis de plusieurs analystes, la manif d’hier risque de constituer la fameuse goutte d’eau qui fera déborder le vase, dans les relations (déjà tendues?) entre les deux principaux partis politiques de la coalition au pouvoir. A savoir le PPRD et l’UDPS.
Que la promesse d’une réplique proportionnelle aux plans politique, judiciaire et parlementaire, soit faite par Néhémie Mwilanya, d’aucuns estiment que ce jurement doit être pris très au sérieux. Car, peu bavard et presque pas porté sur la politique spectacle, Néhémie Mwilanya n’est pas n’importe quel membre du FCC.
Par Grevisse KABREL (FDA)