Après leur retrait d’Afghanistan, les États-Unis vont appuyer l’armée congolaise dans sa traque d’un groupe affilié à l’État islamique. Nouvelle intervention militaire périlleuse…
D’un pays à l’autre, les militaires américains savent bloquer les vilains suspectés de connivences avec les tenants du terrorisme international. Depuis le 7 octobre 2001, leurs troupes – 98 000 soldats au plus fort de leur présence – barraient la route du trône afghan aux talibans catalogués dans « l’axe du mal » responsable des attentats du 11 septembre.
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Tenus à distance pendant deux décennies, les fondamentalistes islamistes n’en ont pas moins repris, à Kaboul, le contrôle du pouvoir central, à peine les Américains retirés d’Afghanistan… Il y a loin de la coupe du « blocage » aux lèvres de l’ »interception », y compris en Afrique. En avril 2017, après six ans d’intervention dans l’est de la Centrafrique, les forces spéciales américaines abandonnaient la traque de l’Ougandais Joseph Kony, leader macabre de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA).
Branche de Daesh
C’est désormais en RDC que des experts anti-terroristes venus des États-Unis vont aider à mettre hors d’état de nuire les Allied Democratic Forces (ADF ou ADF-Nalu), rébellion musulmane – elle aussi d’origine ougandaise – considérée par l’État islamique comme sa branche en Afrique centrale. En mars, Washington les a placés sur la liste des « organisations terroristes » affiliées à Daesh. Les massacres dont ils seraient responsables auraient tué, en RDC, plus de 6 000 civils depuis 2013.
TSHISEKEDI A AUTORISÉ LE DÉPLOIEMENT DES FORCES SPÉCIALES AMÉRICAINES DANS L’EST
Trois mois après sa décision de placer les provinces congolaises du Nord-Kivu et de l’Ituri en état de siège, le président congolais Félix Tshisekedi a donc autorisé le déploiement de ces forces spéciales américaines dans l’Est. Leur mission officielle est l’appui aux Forces armées de la RDC (FARDC) et aux gardiens des parcs nationaux des Virunga et de la Garamba, dans lesquels les terroristes se replient. Le cadre affiché est celui de la coalition mondiale contre Daech, via le partenariat privilégié pour la paix signé par la RDC et les États-Unis en 2019. La durée prévue de l’intervention, elle, se compterait en semaines.
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Sanctuaires africains
Les « gros bras » américains seront-ils plus efficaces en RDC qu’en Centrafrique ou en Afghanistan ? Il y aura toujours les discours diplomatiques idoines pour enrober les résultats obtenus. Échec en RCA ? Le Commandement américain pour l’Afrique (Africom) soutenait, en 2017, que même si « le Messie sanglant » Joseph Kony restait dans la nature, son organisation était « vraiment en train de se battre pour sa survie ».
Échec en Afghanistan ? Jo Biden s’est justifié en affirmant que les États-Unis n’avaient pas vocation à imposer la démocratie à Kaboul, mais plutôt à traquer les sanctuaires terroristes aujourd’hui disséminés en Afrique ou dans la péninsule arabique. Rendez-vous dans quelques mois pour écouter quelque discours américain sur la RDC…
Par Damien Glez Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè (Jeune Afrique)