Avec l’inauguration à Jacqueville en Côte d’Ivoire d’une Académie pour lutter contre le terrorisme (AILCT), l’Afrique de l’Ouest n’entend plus accorder dans la sous-région de répit aux terroristes de l’Etat islamique (EI), de Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et de Boko Haram.
Début juin 2021. Le village de Solhan, au nord-est du Burkina Faso, se réveille et constate l’effroi. 160 morts, tous victimes d’une violente attaque de terroristes djihadistes. La plus meurtrière dans ce pays depuis 2015.
Le ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara, a quant à lui dévoilé que quelques 500 stagiaires ouest-africains ont déjà été formés depuis 2017 à l’AILCT avant même son inauguration en juin 2021.
Vendredi soir 4 juin, une seconde attaque a lieu dans le village de Tadaryat (Nord-Est), quatorze personnes ont été tuées. Une semaine plutôt avec le même mode opératoire, une autre attaque s’était déroulée, tout aussi macabre : 16 morts.
Le Burkina Faso est en proie depuis plusieurs semaines à une succession d’attaques djihadistes sans précédent.
Dans la même période, des djihadistes passent à l’offensive dans la Côte d’Ivoire voisine. Ils lancent une attaque dans la localité de Tougbo (situé à peine à quelques km de la frontière avec le Burkina Faso) au cours de laquelle un soldat ivoirien meurt. Cette agression est la troisième en un peu plus de deux mois dans cette même région.
Avec ces dernières attaques de ces deux pays, c’est quasiment toute la région ouest-africaine (notamment le Niger, le Nigeria, le Bénin, etc.,) qui subit désormais le harcèlement mortuaire des groupes terroristes de Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), de l’Etat islamique (EI), et de Boko Haram.
En Côte d’Ivoire précisément, l’inauguration le 10 juin 2021 de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) dans la ville de Jacqueville (Sud), ne pouvait que bien tomber à pic.
De fait, le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, et le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ont rendu opérationnelle l’AILCT dont la création avait été officialisée en novembre 2017 par les présidents français Emmanuel Macron et ivoirien Alassane Ouattara.
Cet outil voulu par les deux Présidents vise à renforcer la lutte contre les djihadistes qui sont particulièrement actifs dans la région et qui de plus en plus intensifient leurs actions sanglantes en Afrique de l’Ouest.
Une menace prise au sérieux par les autorités ivoiriennes qui à travers le président Alassane Ouattara promettent que « L’AILCT doit devenir un pôle d’expertise et de compétence régional de la lutte contre le terrorisme au bénéfice de la stabilité de nos Etats et de la sécurité de nos populations ».
Dans ses roues, le PM ivoirien Achi a lui tout simplement musclé son discours en annonçant clairement qu’outre son expertise et ses compétences, « l’AILCT sera l’avant-garde de la riposte d’une Afrique de l’Ouest libre et consciente, spécialement entraînée et irrémédiablement déterminée » à combattre les djihadistes.
De son côté, le ministre français Jean-Yves Le Drian note que l’Académie est un « outil exceptionnel ». Qui, selon lui, doit être un rempart contre le fléau du terrorisme, qui, quoi que disent les uns et les autres, n’est pas une fatalité ni en Afrique ni ailleurs : « C’est une menace qu’il nous faut combattre, comme nous continuerons à le faire au Sahel et comme nous le ferons ici ensemble », a-t-il précisé.
Le Français en appelle au pragmatisme et à la cohérence en mobilisant les meilleurs spécialistes dans des infrastructures optimales. Le ministre des Affaires étrangères, dans un accent gaullien note que la coopération tous azimuts est la solution pour mettre hors d’état de nuire AQMI, EI et Boko Haram.
Car, a-t-il dit « nous savons que notre responsabilité, c’est de combattre ensemble cet ennemi commun dont les exactions au Sahel nous concernent directement, car sur la carte des menaces, le Sahel est la frontière sud de l’Europe et la frontière nord des Etats du golfe de Guinée ».
Déterminé, il assure qu’avec « l’appui de la France, des Européens, de la communauté internationale, les Etats de la région doivent intensifier leur coopération militaire, leur coopération sécuritaire et leur coopération judiciaire en agissant avec la même énergie et la même exigence sur l’ensemble du spectre du contre-terrorisme ».
Mobilisation des ressources
La France et ses partenaires ouest-africains, pour ne pas se laisser surprendre, et surtout pour ne pas bayer aux Corneilles, se donnent donc les moyens pour combattre ces nébuleuses.
Première étape, ils ont construits l’AILCT sur une superficie de 1 100 hectares, avec notamment trois bâtiments permettant d’accueillir trois stages de formation de 25 stagiaires soit au total 75 personnes.
Ces derniers participent aux entraînements des forces spéciales et sont formés à faire face à la menace terroriste qui ne se cache plus.
Le ministre français Jean-Yves Le Drian : « Notre responsabilité, c’est de combattre ensemble cet ennemi commun dont les exactions au Sahel nous concernent directement, car sur la carte des menaces, le Sahel est la frontière sud de l’Europe et la frontière nord des Etats du golfe de Guinée ».
Le ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara, a quant à lui dévoilé que quelques 500 stagiaires ouest-africains ont déjà été formés depuis 2017 à l’AILCT avant même son inauguration en juin 2021.
Tout comme Abidjan, Paris est très actif dans la lutte contre les groupes djihadistes, avec la présence de 5 100 militaires de l’ex-force Barkhane dans plusieurs pays du Sahel.
D’ailleurs sur la présence militaire et des différentes forces, Jean-Yves Le Drian a précisé que l’AILCT devait accueillir et former des policiers, des militaires, des gendarmes, des magistrats ou encore des douaniers et des personnels des administrations pénitentiaires, tout en étant « également un lieu d’échanges où ils pourront mettre en commun leur expérience et tisser des réseaux dont la valeur ajoutée ne manquera pas de se faire sentir en ces temps de crise ».
En tout cas pour Paris, il apparaît nécessaire désormais que tous les acteurs de la région s’approprient entièrement l’Académie « outil exceptionnel », pour intensifier l’engagement commun contre les groupes terroriste qui menacent la stabilité de la région.
La création de cette académie en Afrique de l’Ouest intervient à un moment où plusieurs pays de la sous-région doivent faire face aux attaques djihadistes récurrentes de Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), de l’Etat islamique (EI) et de Boko Haram.
Par Aude Darc (lemagazinedelafrique.com)