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Tensions entre Tshisekedi et Kabila en RDC : l’armée appelle à ne pas « opposer les militaires les uns aux autres »

Des soldats des FARDC, à Béni, dans l'est du pays, en décembre 2018 (illustration).

Alors que la tension ne cesse de monter au sommet de l’État entre le président Félix Thsisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila, le porte-parole de l’armée a mis en garde les politiques et appelé les militaires à « ne pas se laisser influencer ».

Le message, le contexte, le ton. Tout, dans la sortie médiatique de l’armée congolaise, s’apparente à une stratégie de communication de crise, alors que les tensions politiques entre le président Félix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila ne cessent de s’accentuer à mesure que les jours passent.

Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), « condamnent avec véhémence la campagne séditieuse concoctée dans des officines rétrogrades mieux identifiés et bientôt détruites, campagne dédiée à la démoralisation des forces armées dans le but d’opposer nos militaires les uns contre les autres », a lancé d’entrée le général Léon Richard Kasonga, porte-parole de l’armée congolaise, devant les journalistes qui avaient répondu à la convocation au quartier général de l’armée jeudi 12 novembre 2020.À LIRE RDC : sous pression des États-Unis, Félix Tshisekedi procède à un prudent remaniement dans l’armée

Si le ton est si offensif, voire alarmiste, c’est, à en croire une source militaire qui s’est confiée àJeune Afrique, notamment en raison de la polémique qu’ont suscité sur les réseaux sociaux les propos tenus la veille par Augustin Kabuya, secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

La charge de Kabuya contre Sele Yalaghuli

Au cours de la « matinée politique » organisée le mardi 10 novembre au siège du parti présidentiel, Augustin Kabuya a notamment accusé le ministre des Finances, José Sele Yalaghuli, de bloquer des fonds destinés aux forces de sécurité. « Vous voulez retourner au pouvoir, mais il faut présenter un bilan. Vous avez commis plusieurs assassinats et crimes économiques. Vos noms sont cités dans les rapports des pillages de ce pays, a alors lancé Kabuya devant des cadres de son parti, dans une diatribe visant les cadres des partis pro-Kabila. Aujourd’hui, vous vous organisez avec le ministre des Finances pour bloquer les paiements en vue de dresser l’armée, la police et les fonctionnaires contre le chef de l’État. »

Alors qu’il évoquait le bras de fer qui oppose Cap pour le changement (Cach), la coalition de Tshisekedi, au Front commun pour le Congo (FCC), de Joseph Kabila, Augustin Kabuya continue sur sa lancée, se montrant même menaçant.  « Nous sommes prêts à les affronter, et certains d’entre eux vont prendre le chemin d’exil, martèle-t-il. Ils ont choisi cette voie sans se rendre compte que, sans l’UDPS, ils auraient subi le sort des Mobutistes le 17 mai 1997. »

José Sele Yalaghuli a, depuis, annoncé avoir saisi le procureur général près la cour d’appel de Kinshasa, auprès duquel il a porté plainte pour « diffamation » et « incitation à attenter à la vie d’autrui ».

« Ne jamais trahir le Congo »

Les propos de Kabuya n’en ont pas moins trouvé un fort écho sur les réseaux sociaux. « Les auteurs de l’appel à la révolte des militaires dans les réseaux sociaux doivent savoir que leur brouhaha ne passera pas », a prévenu le général Léon Richard Kasong, qui a également balayé les allégations portant sur le défaut de paiement de la solde de militaires, évoquée par l’inspection générale des finances dans un courrier adressé à Félix Tshisekedi le 6 novembre. Au contraire, le porte-parole des FARDC assure que « les militaires en opération tout comme ceux en cantonnement perçoivent leurs soldes et divers avantages pécuniaires. »À LIRE RDC : comment Félix Tshisekedi compte reprendre l’armée en main

Appelant les militaires à « demeurer unis, disciplinés et vigilants derrière le commandant suprême », le général Kasonga insiste : « Les militaires ne doivent pas se laisser ni influencer, ni entraînés dans des polémiques qui n’ont aucun rapport avec [leurs] missions constitutionnelles ».

« La discipline impose aux militaires de n’exécuter que les ordres émanant de leur hiérarchie », a encore insisté le général, rappelant aux troupes qu’elles « doivent soumission et loyauté aux institutions légalement établies, car c’est le sens même de notre serment : ne jamais trahir le Congo ».

Quant aux « politiques de tous bords », le général leur a lancé un appel solennel à « s’abstenir d’épiloguer sur les forces armées et d’adresser des invectives au commandement des forces armées ».

Par Stanis Bujakera Tshiamala (Jeune Afrique)

Oscar BISIMWA

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