Des personnes déplacées à l’arrivée du chef des opérations de paix des Nations Unies à Roe, dans la province de l’Ituri, en République démocratique du Congo. 23 février 2022.
Les Nations Unies travailleront avec les autorités de la République démocratique du Congo (RDC), ainsi qu’avec d’autres partenaires, pour assurer la sécurité dans l’est du pays, a déclaré Jean Pierre Lacroix, le plus haut responsable du maintien de la paix de l’ONU.
Il s’exprimait mardi à Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, au premier jour d’une visite dans le pays, représentant le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
M. Lacroix a eu des entretiens avec les autorités provinciales de l’Ituri et du Nord-Kivu et a réitéré la nécessité pour la communauté internationale et les autres partenaires régionaux d’accompagner la RDC d’assurer la sécurité des déplacés, notamment dans la province de l’Ituri où les attaques récurrentes des milices CODECO dans le territoire de Djugu ont fait des centaines de morts et des milliers de déplacés internes.
La sécurité est une priorité absolue
M. Lacroix a visité un site de l’ONU dans le territoire de Djugu en Ituri qui accueille 74.000 personnes déplacées et a écouté des représentants des communautés vivant sur le site, qui ont lancé des appels à l’ONU – et au gouvernement – alors que le ministre congolais de la Défense, Gilbert Kabanda, accompagnait le chef du maintien de la paix de l’ONU.
M. Kabanda a promis que, d’ici un mois, davantage de troupes congolaises seraient déployées dans les villages que les personnes déplacées ont fui, afin que la sécurité puisse être entièrement rétablie et que des infrastructures telles que des écoles et des établissements de santé puissent être construites.
L’un des représentants de la population, Pilo Mulindro Willy, qui est le chef de Bulkwa, a soulevé la question de la sécurité comme une priorité absolue, tant sur le site de la ville de Roe que dans les villages. « J’ai demandé au gouvernement de désarmer ces groupes armés car ils dérangent notre population. Les villageois veulent rentrer chez eux pour pouvoir continuer à cultiver », a-t-il souligné.
« Nous voulons que le gouvernement envoie plus de troupes pour protéger nos villages », a-t-il dit, ajoutant que le mois promis est trop long pour attendre que les troupes viennent sécuriser la zone.
Le ministre a reconnu que le site de Roe n’était pas sûr car il n’y a pas assez de troupes de l’armée congolaise pour protéger les civils.Une personne déplacée portant du bois à Roe, dans l’est de la République démocratique du Congo.
Les femmes demandent une protection spéciale
Parmi les femmes représentantes que M. Lacroix a rencontrées se trouvait Béatrice Manyotsi qui a déclaré à ONU Info dans une interview après la réunion qu’elles avaient besoin de solutions durables aux problèmes d’insécurité.
« Nous apprécions la rencontre que nous avons eue avec les Nations Unies aujourd’hui car cela fait longtemps que nous n’avons pas eu une telle opportunité. Nous l’apprécions vraiment car une telle réunion pourrait apporter des solutions durables aux problèmes auxquels nous sommes confrontés en RDC en général et en Ituri en particulier », a déclaré Mme Manyotsi.
Elle a poursuivi en soulignant les défis spécifiques auxquels les femmes sont confrontées, notamment la violence et la mort. « Nous, les femmes congolaises, vivons dans des conditions difficiles, des femmes sont tuées, mutilées, nous sommes comme des objets qui n’ont de valeur pour personne. Pas d’éducation pour nos enfants. Nous voulons que les Nations Unies nous assistent dans ce domaine car nos enfants sont les Congolais de demain. Ce sont eux qui prendront les choses en main. S’ils vivent dans des conditions déplorables dans le site de déplacés, par exemple, l’avenir de notre pays sera en danger », a-t-elle dit.
Mme Manyotsi a soutenu l’appel du chef de Bulkwa selon lequel la sécurité doit être la priorité : « Nous ne pouvons ni cultiver ni chercher du bois de chauffage et de l’eau potable car nous sommes menacés par les groupes armés ».
Selon des responsables de l’ONU, la vague d’attaques violentes dans la province de l’Ituri depuis novembre 2021, a entraîné une augmentation du nombre de déplacés internes sur le site de Roe, causant une saturation rapide des installations sur place.
Les besoins humanitaires sont élevés
Il y a un manque cruel d’infrastructures et de services de base pour les personnes déplacées, ce qui conduit beaucoup d’entre elles à s’installer dans des espaces publics, d’autres étant hébergées dans des conditions précaires par des familles d’accueil.
Actuellement, les personnes déplacées n’ont pas accès à un abri, à de la nourriture, à des soins de santé et à une assistance psychosociale. Les personnes nouvellement déplacées manquent d’abris et d’articles de base, ce qui exerce une pression supplémentaire sur les personnes déplacées qui étaient déjà sur place il y a six derniers mois.
L’assainissement et l’hygiène sont essentiels en raison du manque d’installations en matière d’eau et d’assainissement, ce qui augmente le risque d’une recrudescence d’épidémies mortelles.Le chef des opérations de paix des Nations Unies, Jean-Pierre Lacroix, en visite dans l’est de la République démocratique du Congo.
Nous sommes solidaires du peuple congolais
Après un vol de 15 minutes du site de Roe à Bunia, M. Lacroix s’est rendu à Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, où il s’est entretenu avec le gouverneur militaire, le général de corps d’armée Ndima Constant.
Le chef du maintien de la paix de l’ONU a réitéré la solidarité des Nations Unies avec la population congolaise.
« Le Secrétaire général transmet son message sur notre détermination à travailler sans relâche avec les autorités nationales, locales, militaires, policières et civiles ainsi que notre détermination commune à voir la population locale bénéficier de notre plaidoyer humanitaire et de nos efforts de sécurité », a déclaré M. Lacroix, ajoutant que sa visite a mis en évidence les relations cordiales entre les Nations Unies et les autorités provinciales.
Sur la protection des civils à Goma, M. Lacroix a cité une grande collaboration qui a été établie entre les forces armées congolaises, les FARDC, et l’un des pays voisins de la RDC. « Je pense que des efforts aussi déterminés portent leurs fruits, mais nous le comprenons tous, cela prend du temps, c’est pourquoi nous, les Nations Unies, devons répéter à chaque fois nos appels et nous engager. Vous pouvez être déterminé et en même temps comprendre que ce n’est pas un problème qui peut être résolu en quelques semaines ou quelques mois », a-t-il dit.
Le 17 février 2022, le gouvernement de la RDC et la communauté humanitaire ont lancé un appel de fonds de 1,88 milliard de dollars pour mettre en œuvre le Plan de réponse humanitaire 2022 visant à fournir une aide à 8,8 millions de personnes vulnérables.
Jeudi, M. Lacroix doit se rendre dans la capitale congolaise, Kinshasa, pour représenter le Secrétaire général de l’ONU au Sommet du Mécanisme de suivi régional de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région, signé à Addis-Abeba il y a neuf ans.
Avec ONU INFO