
Zoé Kabila a récupéré son passeport ordinaire jeudi 10 février 2022 après échange de moins de deux heures du temps avec l’Administrateur général de l’Agence Nationale de Renseignements.
Le contenu des échanges n’est pas encore révélé, mais selon un des proches collaborateurs de l’ex-gouverneur, c’était un échange dans un contexte convivial.
Le frère de Joseph Kabila a été empêché de voyager la veille. Il devait se rendre en Afrique du Sud pour rejoindre sa famille qui s’y trouve depuis près d’un mois. Son passeport lui a été retiré par le N°1 de la Direction Générale de Migration (DGM) sur ordre des dirigeants de l’ANR.
Pour récupérer son passeport Zoé Kabila doit se rendre à l’ANR
Zoé Kabila s’est présenté la nuit de mercredi 9 février 2022 à l’aéroport de Ndjili, à Kinshasa. Il devait rejoindre sa femme et ses enfants en Afrique du Sud. « C’est un voyage prévu de longue date étant donné que sa famille s’y trouve depuis environ un mois », confie un membre de son entourage.
C’est pendant les formalités de voyage qu’il lui a été rapporté qu’il devait rejoindre le directeur de la Direction Générale de Migration (DGM) dans son bureau de N’djili pour un échange.
« Le directeur de la DGM lui a signifié qu’il venait de recevoir l’instruction selon laquelle l’ex-gouverneur ne devrait pas quitter le pays mercredi. L’Administrateur Général de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) voudrait le voir avant qu’il ne prenne son vol », a relaté à ACTUALITE.CD un des ses proches collaborateurs.
Sur demande du directeur de la DGM, son passeport ordinaire a été récupéré moyennant un document de reconnaissance. Pour récupérer ce document, il devra passer à l’ANR où il recevra d’autres informations concernant cette situation.
Il est prévu que Zoé se rende à l’ANR ce jeudi après-midi.
Ces évènements se déroulent dans un contexte marqué par l’arrestation de François Beya, conseiller spécial de Félix Tshisekedi en matière de sécurité. Ce dernier est détenu dans un local de l’ANR pour des soupçons d’agissement contre la sécurité de l’Etat, selon la présidence de la Présidence de la République.
Frère de Joseph Kabila, Zoé Kabila a dirigé la province du Tanganyika pendant deux ans (avril 2019-mai 2021).
Zoé Kabila destitué de son poste de gouverneur
Zoé Kabila, frère cadet de l’ex-président Joseph Kabila, était le gouverneur de la province du Tanganyika. Il été destitué par une motion de censure, en mai 2021.
L’Assemblée provinciale du Tanganyika, dans le Sud-Est du pays, lui reproche sa mauvaise gestion et de possibles détournements de fonds publics. 13 des 25 députés présents à la plénière ont voté pour sa destitution.
Attendu à la séance qui a abouti à sa destitution, Zoé Kabila ne s’est pas présenté. Une absence que les signataires de la motion ont qualifiée d’outrageante, comme l’explique Koya Mawazo, un des députés provinciaux.
« Après 48 heures, soit le gouverneur lui-même, soit un de ses représentants, devrait se présenter pour répondre à la motion de censure. Mais il n’y a pas eu de réaction de la part du gouvernement provincial. C’est comme un outrage. On a quand même suivi le règlement intérieur qui dit qu’après 48 heures, on fait passer la motion de censure au vote. »
Selon un document qui circule sur les réseaux sociaux, la destitution de Zoé Kabila aurait été motivée par des faits de corruption. Une accusation que rejettent toutefois les députés, expliquant qu’une corruption n’est jamais suivie de décharge.
« Vers une tendance impériale et hégémonique »
De son côté, Hubert Kabasubabo, politologue et écrivain, redoute que la politique d’union forcée qu’impose, selon lui, le président Félix Tshisekedi mène à la résistance et à la multiplication des groupes armés.
« Cette tendance impériale et hégémonique est en train de détruire à la fois la démocratie et la décentralisation. On doit s’attendre à l’émergence de poches de résistance qui risquent, à la longue, d’avoir une dimension de groupes armés qui vont contester en fait, la tendance hégémonique, la tendance impériale ou néo-mobutiste de monsieur Tshisekedi », estime l’analyste.
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Sur les 26 gouverneurs de provinces en RDC, Zoé Kabila était jusque là, le seul à n’avoir pas rejoint le camp de Félix Tshisekedi. Avant Zoé Kabila, plusieurs proches de l’ancien président, Joseph Kabila, avaient été destitués ou contraints à la démission. C’est notamment le cas de l’ancien Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, l’ex-présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda ou encore celui du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba.
Avec ACTUALITÉ.CD/DW