En 48 heures, trois attentats à la bombe ont eu lieu le week-end du samedi 26 au dimanche 2021 dans la ville de Beni .Cette nouvelle stratégie du groupe ADF inquiète la population.
La plupart des habitants du territoire de Beni qui vivaient de l’agriculture ont abandonné cette activité à cause de l’insécurité. Et cette situation a créé la famine et l’insécurité alimentaire. Ce qui fait craindre une situation humanitaire beaucoup plus complexe, estime Kizito Bin Hangi, représentant de la société civile de Beni.
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‘’Cette stratégie adoptée par les bandits nous inquiète davantage. Elle sera à la base de la paupérisation de la population. Les gens auront peur d’aller au marché, d’aller à l’école… Déjà, les gens n‘avaient plus accès à leurs champs. Ils se débrouillent avec des petits commerces au centre-ville. Ce changement de mode opératoire va accentuer la terreur, la peur dans la population. », explique M. Hangi.
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Des mesures sécuritares urgentes…
Face à cette nouvelle stratégie des ADF, l’armée tente de rassurer les habitants de cette partie du pays qui ne comprennent toujours pas pourquoi l’insécurité perdure. Le porte-parole de l’armée dans la région de Beni, Antony Mualushayi, annonce une série de mesures à partir de ce lundi:
‘’En vue de protéger nos populations, des mesures sécuritaires urgentes sont d’application immédiate. C’est notamment, dans les endroits publics et les écoles pour une durée de 48 heures, le bouclage et les installations de check-points ainsi que l’intensification des patrouilles. »
Les marchés, écoles et églises ont en effet été fermés pour une durée de 48 heures à Beni. Cette ville et ses environs sont la cible depuis octobre 2014 du groupe ADF, affilié, selon les Etats-Unis, aux djihadistes de l’Etat islamique.
Le porteur d’une bombe tué dans l’explosion
Mais c’est la première fois qu’une attaque vise de cette manière une église catholique ou que le porteur d’une bombe se fait exploser. Qu’est ce qui explique ce changement de stratégie des ADF à Beni ?
Pierre Boisselet, coordonnateur du Baromètre sécuritaire du Kivu, un projet de l’Université de New-York et de l’ONG Human Rights Watch indique qu’‘’On peut penser que l’annonce de l’état de siège effectivement a renforcé cette motivation de terroriser. L’autre chose qu’on peut ajouter c’est un élément idéologique : on sait que les ADF essayent de se rapprocher de l’Etat islamique, et c’est un peu la conclusion du dernier rapport du groupe d’experts (de l’Onu) sur la RDC ».
»Ils n’avaient pas identifié le soutien direct de l’Etat Islamique aux ADF mais en revanche ils prévenaient que les ADF cherchaient à adopter l’attentat suicide comme mode opératoire. » a poursuivi Pierre Boisselet.
Une série de massacres commis par les ADF a fait au moins 6.000 morts depuis 2013, d’après un décompte de l’épiscopat congolais. Et ce mouvement est le plus meurtrier des 122 groupes armés répertoriés dans l’Est de la RDC, d’après le Baromètre de sécurité de Kivu (KST).
Par Saleh Mwanamilongo (DW Afrique)