Le dirigeant de la société uccloise Semlex, mise en cause pour la manière dont elle obtient des contrats de fourniture de systèmes d’identification et de documents d’identité en Afrique – et notamment en République démocratique du Congo (RDC) -, Albert Karaziwan, entretient des liens de longue date avec les dirigeants de ce pays, dont la famille de l’actuel président Félix Tshisekedi, affirme le magazine Médor dans un article publié jeudi. Le contrat pour la fourniture de passeports biométriques conclu entre Semlex et la RDC est remis en jeu en juin prochain. Il date du 11 juin 2015 et porte sur la livraison de centaines de milliers de passeports très coûteux (185 dollars l’unité) à ce pays parmi les plus pauvres du monde. Une reconduction est-elle envisageable pour la société belge, s’interroge ainsi le magazine.
Il mentionne un échange de courriels datant de l’été 2008 entre M. Karaziwan, un Belge d’origine syrienne, et le défunt opposant congolais Etienne Tshisekedi (le père de l’actuel chef de l’État) dans lesquels les deux hommes se tutoient.
Ces mails font état d’une confiance « qui date de longtemps », d’une offre de service pour décrocher des contrats dans le secteur délicat des documents d’identité et d’une volonté commune de travailler avec des partenaires actifs dans l’exploitation minière.
Médor et l’agence de presse britannique Reuters avaient déjà mis en évidence en 2017 le versement d’une partie importante des recettes générées par la vente des nouveaux passeports biométriques congolais à une société détenue par une proche de l’ex-président Joseph Kabila, Makie Makolo Wangoi.
Selon Médor, la garde rapprochée de M. Kabila « est dans le viseur du Parquet fédéral, enquêtant depuis trois ans sur une gigantesque affaire de corruption », alors qu’un émissaire de la présidence congolaise avait été intercepté en 2016 à l’aéroport de Zaventem avec 400.000 euros en cash dans son bagage à main.
Le magazine coopératif d’investigation souligne que l’actuel président Félix Tshisekedi « est aujourd’hui sous pression », devant décider de stopper ou de reconduire ce « pacte controversé », le contrat d’une durée de cinq ans datant du 11 juin 2015.
Une soixantaine de résidents congolais dénonçant le contrat de 2015 s’apprête par ailleurs à déposer une plainte au pénal avec l’aide d’ONG de défense des droits de l’homme, selon l’auteur de l’article, Philippe Engels.
Par Belga