
Il n’y a toujours pas d’enquête sur l’implication de la police dans les tueries de Buhene, dénonce lundi 23 mai 2022 dans un communiqué Human Rights Watch. Au moins huit personnes étaient décédées lors de violences ethniques en périphérie de Goma en avril 2021. Les 11 et 12 avril 2021, des hommes de la communauté Kumu, par la suite rejoints par la police locale et la police militaire, ont fait une descente dans le district de Buhene dans la province du Nord-Kivu dans l’est de la République démocratique du Congo, tuant au moins huit Nande, faisant des dizaines de blessés et pillant des maisons et des commerces appartenant à la communauté Nande. Sept femmes et 10 enfants figuraient parmi les blessés.
« Les commandants et les agents de police impliqués dans au moins trois exécutions extrajudiciaires et d’autres meurtres devraient être suspendus, faire l’objet d’enquêtes approfondies et être poursuivis de manière appropriée », estime l’ONG alors qu’un an après, aucun des policiers impliqués dans ces violences n’a été traduit en justice.
« Le fait que, depuis plus d’un an, les autorités n’aient toujours pas mené d’enquête sur des preuves solides d’homicides illégaux commis par la police à Buhene met en évidence le problème plus large de l’impunité en République démocratique Congo », a expliqué Thomas Fessy, chercheur principal pour la RD Congo à Human Rights Watch. « Les familles des victimes ont droit à la justice, mais le gouvernement ne semble pas abonder dans ce sens ».
L’organisation Human Rights Watch a interrogé 56 personnes à Goma et Buhene, dont des victimes et des témoins, des activistes locaux, des leaders politiques et traditionnels, des agents de police, des membres du parlement, des sources judiciaires et médicales ainsi que des journalistes. D’après plusieurs témoignages, les assaillants demandaient aux habitants s’ils étaient Nande. « Un groupe de bandits et deux policiers nous ont poursuivis, moi et une autre personne », a décrit un élève Nande de 18 ans qui a reçu une balle dans la jambe, citée dans le communiqué. « Lorsqu’ils nous ont rattrapés, ils ont demandé [à l’autre personne] s’il était Nande. Il a dit oui et [un des policiers] lui a tiré une balle dans la tête – il est mort sur place. »‘ L’étudiant a déclaré avoir été épargné parce qu’il parlait kinyarwanda, la langue des assaillants.
Bien que les victimes et les témoins aient identifié certains policiers parmi les attaquants, aucun n’a été arrêté, suspendu ni fait l’objet d’une enquête par la suite, soutient l’ONG, qui appelle dès lors les autorités congolaises à « mener une enquête approfondie et impartiale sur les causes des violences, le rôle de la police et de toute personne responsable d’abus, indépendamment de leur fonction ou de leur rang ».
Avec La Libre Afrique/Belga