Des voix se sont élevées mardi 29 juin 2021 pour réclamer la libération d’un député provincial d’opposition, détenu depuis dimanche 27 juin par la justice militaire de Bunia (nord-est de la République démocratique du Congo) qui le soupçonne d’outrage au président Félix Tshisekedi.
Élu de Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, et membre de la coalition des partisans de l’ex-président Joseph Kabila, Jean-Bosco Assamba Angaika avait été convoqué par le service des renseignements de la police dimanche 27 juin BCC 2021, puis détenu dans un cachot, selon son avocat Me Jean-Marie Ezadri.
Soupçonné d’outrage au chef de l’État pour des propos tenus dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, il a été transféré lundi 28 juin à la prison de Bunia après avoir été auditionné par le procureur militaire.
En RDC, « la liberté d’expression est garantie par la Constitution, libérez le député Assamba. Cette arrestation n’honore pas ceux qui l’ont opérée. Ne faites pas du pays une jungle« , a réagi sur Twitter le défenseur congolais des droits de l’Homme Jean-Claude Katende.
« Le député provincial Assamba de l’Ituri doit être libéré (…) le peuple n’acceptera jamais la confiscation de sa liberté. Non et Non », note Bienvenu Matumo, un leader du mouvement pro-démocratie Lutte pour le changement (Lucha).
Depuis l’annonce de l’emprisonnement de M. Assamba, plusieurs internautes congolais ont repartagé et commenté la vidéo incriminée dans lequel ont voit le député dire entre autres : « Le président de la République trompe beaucoup », « Tout ce qu’il promet, il ne le fait pas ».
« Il n’y a rien d’outrageant dans les dires du député JB Assamba ! Ceux qui l’ont incarcéré n’ont aucune raison pour soutenir leur bourde. Libérez-le ! », a noté Nicolas Mbiya, un autre activiste pro-démocratie.
Son emprisonnement est « une énième atteinte flagrante à la liberté d’opinion et d’expression (…) Il s’agit ici d’un représentant du peuple, de surcroît. J.B. Assamba doit être libéré immédiatement et sans condition. Dire que Tshisekedi ment n’est pas un crime! », écrit Jean-Mobert Senga, un autre défenseur des droits de l’homme.
D’autres internautes ont salué le « courage » et la « bravoure » de l’élu. « Allez-vous faire de tous ceux qui pensent comme lui des prisonniers d’opinion? Libérez-le ! », a noté Jackson Mukunda, un militant de l’Union pour la nation congolaise (UNC), un parti allié au président Tshisekedi.
Un député en prison pour avoir critiqué le président Tshisekedi
En République démocratique du Congo (RDC), le député Jean-Bosco Assamba, issu de la coalition pro-Tshisekedi Union sacrée, a été arrêté dimanche 27 juin et inculpé pour outrage au président sur la base des propos tenus, il y a deux mois à Bunia, chef-lieu de l’Ituri.
C’est la première fois qu’un homme politique est inquiété par la justice militaire depuis la mise en place de l’état de siège, en vigueur dans les provinces du Nord-Kivu et Ituri. Il a été transféré à la prison centrale de Bunia, lundi. Ses proches dénoncent une répression politique.
Le député a d’abord été appréhendé par le service de renseignement, car recherché pour n’avoir pas honoré une convocation datant du 12 juin à la police. Il a ensuite été conduit à l’auditorat militaire où il a été confronté aux propos tenus dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux.
Dans celle-ci, le député traite le président Félix Tshisekedi de « menteur », faisant allusion à ses multiples promesses non tenues en Ituri. « Tout a tourné autour de cette vidéo-là, raconte son avocat, Me Jean-Marie Ezadri. Il serait poursuivi pour outrage à l’égard du chef de l’État. On se pose la question par rapport à la périodicité de cette vidéo. Est-ce que la vidéo a été faite alors que l’état de siège a déjà été décrété ? Nous disons non, parce que c’était à l’occasion d’une activité de la société civile qui date du 23 avril, alors que l’état de siège a été décrété à partir du 6 mai. Faire rétroagir l’ordonnance loi portant état de siège pour arrêter l’honorable par rapport à son opinion politique ne nous a pas été convaincant. »
« Libération immédiate et sans conditions… »
La procédure a été courte, car en cette période d’état de siège, les assemblées provinciales sont neutralisées. Les députés perdent momentanément leur immunité. Le porte-parole de Lamuka en Ituri, Luc Malembe, y voit une répression : « On veut faire taire les gens qui critiquent Monsieur Tshisekedi, sa gouvernance chaotique, l’état de siège qui tarde à produire des effets. Et ça, c’est inacceptable, même son propre parti l’a abandonné. Et moi, j’exige sa libération immédiate et sans conditions. »
Le parti RDPR a ouvert une action disciplinaire contre son cadre depuis deux semaines. Cette formation politique assure qu’elle n’est « ni de près ni de loin concernée » ou solidaire des propos du député.
Avec La Libre Afrique/AFP/Pascal Mulegwa (RFI)