Honoré Shama Kwete, un étudiant de l’Université de Kinshasa, a été tué samedi 24 juillet 2021 par un policier à la suite d’un contrôle qui a mal tourné. Deux jours après le drame, la tension est montée d’un cran lundi 26 juillet à Kinshasa.
La tension était forte lundi 26 juillet au sein du campus de l’Université de Kinshasa (Unikin), où plusieurs étudiants se sont rassemblés pour protester contre la mort de leur camarade Honoré Shama Kwete, tué le 24 juillet après une bavure policière. Des affrontements avec les forces de l’ordre, qui ont usé de gaz lacrymogènes pour repousser les manifestants, ont eu lieu dans la matinée du 26 juillet sur le site de l’Unikin.
Le jour du drame, Honoré Shama Kwete, qui suivait un cursus à la faculté des lettres à l’Université de Kinshasa, était, avec un groupe d’étudiants, en train de réaliser un film dans le cadre de travaux pratiques en comédie. « Nous étions en plein tournage quand un policier est arrivé et a demandé de l’argent. Nous lui avons donné 3 000 francs congolais et il est parti », explique Rachel Malonda, l’une des camarades de classe de la victime, dans un enregistrement audio que Jeune Afrique s’est procuré.
« Quinze minutes après, le même policier est revenu avec ses collègues et, cette fois-ci, ils ont commencé à récupérer notre matériel avant d’arrêter l’assistant qui surveillait le tournage. Nous nous sommes décidés à aller aider notre camarade. Arrivée sur place, la police nous a sommé de quitter l’endroit en nous disant que, sinon, ils allaient tirer sur nous. Face à notre résistance, ils ont tiré une balle au sol et deux autres sur notre camarade, qui est décédé sur place », poursuit l’étudiante.
Policier en fuite
Dans un communiqué rendu public le 25 juillet, la police congolaise écarte de son côté l’hypothèse d’une tentative de corruption de la part des agents impliqués dans le contrôle. « Les éléments de la police ont exigé du groupe de brandir un document légal autorisant le tournage. Ne l’ayant pas, l’assistant ou l’enseignant qui encadrait les étudiants dans ce travail a été emmené par les policiers, ce qui a provoqué la colère des étudiants qui, en exigeant la libération de leur encadreur, se sont mis à lancer des projectiles sur les policiers », explique le communiqué signé du chef de la police de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo.
Selon ce dernier, la mort du jeune étudiant aurait été accidentel. « C’est alors en voulant tirer une balle de sommation par terre, par imprudence selon les collègues du policier, que l’étudiant Honoré Shama Kwete sera atteint au ventre et mourra sur place », poursuit le communiqué de la police. Une version que conteste donc les étudiants.
Toujours selon la police, l’agent à l’origine de la bavure, employé dans un sous-commissariat de quartier, serait actuellement en fuite. Plusieurs de ses collègues présents au moment du contrôle ont été arrêtés.
Avec Jeune Afrique