Matata Ponyo Mapon, Premier Ministre de la DRC dans son bureau de travail à Kinshasa.
« Le procureur général près la Cour constitutionnelle a été induit en erreur par ses services dans son réquisitoire contre l’ancien Premier ministre Matata Ponyo sur des soupçons de détournement des fonds d’indemnisation des victimes de la zaïrianisation », a affirméil’Intersyndical de la Direction générale de la dette publique (DGDP), jeudi 1er juillet 2021 à Kinshasa. Il a attesté que « les victimes de la zaïrianisation avaient bel et bien été indemnisées en présences des ambassadeurs des pays européens ».
Dans une correspondance adressée au procureur, l’Intersyndical de la DGDP invite le procureur près la Cour constitutionnelle à rectifier son réquisitoire et à ne plus indexer la DGDP, qui n’a pas payé ni monté des dossiers fictifs au profit de qui que ce soit.
Les anciens propriétaires des biens zaïrianisés ont bel et bien été indemnisé et les embrassades européennes à Kinshasa peuvent le témoigner, selon la même source.
La DGDP se dit la seule gestionnaire du dossier Biens-Zaïrianisés, conformément à la loi de 1978 portant mesure de recouvrement des sommes dues à l’Etat par les acquéreurs de ses biens.
Et c’est sur recommandation du FMI, de la Banque mondiale et du club de Paris que la RDC était obligée d’indemniser les victimes de la zaïrianisation, afin de bénéficier l’effacement de la dette extérieure dans le cadre de l’initiative PPTE, ajoute l’intersyndical.
Pour l’intersyndical, les déclarations sur l’existence des dossiers fictifs, qui n’existe même pas dans le grand livre de la dette publique, est une tache d’huile sur la crédibilité de l’institution DGDP qui doit jouer un rôle très important dans le nouveau programme du Gouvernement avec le FMI et la Banque mondiale.
Le service de la dette extérieure a effectué son travail de manière régulière à travers la chaine de paiement depuis 2006 à ce jour, a assuré la même source.
Un nouveau réquisitoire du procureur général près la Cour constitutionnelle, Jean-Paul Mukolo, aux fins d’obtenir l’autorisation de poursuites contre le sénateur Augustin Matata Ponyo, a été déposé au bureau du président du Sénat.
L’ancien Premier ministre est de nouveau poursuivi par la justice dans l’affaire de dédommagement des commerçants étrangers en 1973 et 1974, victimes des mesures de zaïrianisation.
Selon la lettre du procureur déposé au Sénat depuis le 24 juin dernier, Augustin Matata Mponyo, alors premier ministre avait ordonné le décaissement de plus de 110 millions de dollars et près de 28 millions de dollars entre 2012 et 2013.
Le 30 novembre 1973, Mobutu annonce les mesures dites de la “Zaïrianisation”.
Ce jour-là, soit 8 ans après son accession au pouvoir, le Président Mobutu prononce devant le Conseil exécutif national le discours qui donnera le point de départ à la politique de “Zaïrianisation”.
Il s’agissait, en fait, d’une politique de nationalisation des entreprises et plantations jusque-là tenues par des personnes de nationalité étrangère.
Dans son discours devant le Conseil exécutif national, Mobutu dénonce les rapports inégalitaires entre le Zaïre et la Belgique, et préconise désormais la Zaïrianisation qui était un ensemble de mesures arrêtées par l’Etat Zaïrois par lesquelles, l’Etat, en vertu de sa souveraineté, devait retirer des mains des étrangers, des biens, activités économiques et unités de production au Zaïre dont ceux-ci étaient propriétaires et qui devaient être cédés aux seuls Zaïrois, personnes physiques ou morales.
Il s’agissait tout simplement d’une spoliation des biens aux dépens de leurs légitimes propriétaires. Les secteurs concernés étaient des plus divers : construction, pétrole, mines, plantations, élevage… Ces actifs furent d’abord repris par l’État ou par des organismes étatiques pour être ensuite attribués à des personnes privées zaïroises (des proches de Mobutu, les membres de sa famille ou fidèles soutiens politiques).
L’ignorance et l’incurie des nouveaux propriétaires entraînèrent la faillite rapide de la plupart de ces affaires. Ce fut tellement rapide que quelques mois à peine après le début de l’expérience, le Président Mobutu dut faire marche arrière et l’État reprit tout à son compte. Mais cette mesure ne résolut rien. Il est vrai que l’économie était alors entrée en récession. Bientôt, la déconfiture des entreprises nationalisées fut telle qu’il fallut continuer la marche arrière.
Dans un discours prononcé le 25 novembre 1975, le Président Mobutu annonça son intention de restituer aux anciens propriétaires 40% des entreprises zaïrianisées. Cette annonce ne suscita que peu d’enthousiasme chez les anciens propriétaires.
Le 17 septembre 1976, le Comité de stabilisation porta de 40% à 60% le niveau de restitution. Et dans les mois qui suivirent, d’autres mesures d’assouplissement firent que dans certains cas, les propriétaires récupérèrent l’intégralité de leurs avoirs. Restait à savoir dans quel état ! Après trois ans de mauvaise administration, usines et plantations se trouvaient souvent dans un état désastreux.
En outre, la mesure avait fortement refroidi les investisseurs. Cette action a toujours été considérée comme le début de la chute aux enfers de l’industrie et l’économie zaïroises (congolaises).
En 2010, soit 37 ans après, le gouvernement congolais avait pris la décision d’indemniser les victimes de cette politique pour, selon le porte-parole du gouvernement congolais (Lambert Mende), “corriger les erreurs du passé au nom de la continuité de l’Etat”.
Pour réparer les préjudices causés, le coût global avait été évalué à 800 millions de dollars. Mais dans un premier temps, un acompte de 5 millions de dollars avait été prévu d’être accordé. Le dossier est resté sans suite depuis lors.
Par RO/Benjamin Babunga