
Mobutu assigna à la Conférence nationale 3 missions : (a) Discuter de toutes les questions d’intérêt national en vue de la démocratisation et des options de la Troisième République, (b) Elaborer un projet de constitution à soumettre au référendum populaire et (c) Elaborer un calendrier électoral.L’ordonnance stipulait également que la Conférence nationale devait amener le peuple zaïrois à se réconcilier avec lui-même dans la globalité. Pour Mobutu, il fallait éviter qu’elle se transforme inutilement en un tribunal populaire ou en une cour de règlement des comptes.Le 7 août 1991, le Premier Ministre Isaac Kalonji Mutambayi ouvre la Conférence nationale à laquelle participent quelque 2.800 délégués qui sont des représentants de partis politiques, à raison de 4 par parti, et des représentants d’institutions publiques et de la société civile.La Conférence institua 23 commissions chargées de diverses questions, dont la rédaction d’une nouvelle constitution. Par ailleurs, deux commissions furent créées, chargées des “affaires délicates” : (a) les assassinats et les viols et (b) les biens acquis irrégulièrement et la corruption.La Conférence nationale avait fait la relecture de toute l’histoire nationale; diagnostiqué la nature et la cause profonde de la crise zaïroise (absence d’Etat et de démocratie) et balisé l’avenir en mettant en place les fondements d’un Etat de droit démocratique pluraliste, moderne et prospère.
Rien de nouveau sous le soleil zairo-congolais. Avant-hier, hier comme aujourd’hui, réconciliation rime avec rabibochage entre acteurs politiques majeurs. Faudrait-il s’en féliciter, le déplorer, en pleurer ou, -au pays à la comédie chevillée au corps et au cœur-, en rire? Libre à chacun.
Ainsi, sans remonter jusqu’au déluge, en était-il le cas par exemple entre le Maréchal Mobutu et Tshisekedi-père. Plus d’une fois, les démarches tendant au rapprochement entre ces deux amis politiques intimes devenus adversaires politiques tout aussi intimes a été comme la quête de la réconciliation nationale.
La Conférence nationale souveraine (CNS) a, elle-même, a fait de la cohabitation Mobutu -Tshisekedi la consécration de la … réconciliation nationale. Du haut du perchoir, Monseigneur Monsengwo déploya tout le trésor d’exégèse et même de diplomatie pour obtenir le binôme Mobutu-Tshisekedi comme solution à l’équation politique d’alors.
Rebelote dans l’ère post-Maréchal-président. Des tentatives ratées d’attelage Kabila-père -Ya Tshitshi avaient pour justification la recherche de la réconciliation nationale.
Au dialogue inter congolais de Sun City, la réconciliation nationale a été vue sous le même prisme du rapprochement entre leaders politiques et politico-militaires qui devaient fumer le calumet de la paix.
La réconciliation nationale a toujours eu une saveur politique. On a très rarement vu -c’est un euphémisme- telle et telle autre composante du peuple loger à la même enseigne en terme de misère proverbiale se réconcilier effectivement.
Les retrouvailles Kabila-Katumbi s’inscrivent dans la très longue tradition de « réconciliation » à congolaise. Pour le coup, les deux poids lourds de la scène politique n’ont pas réinventé la roue.
Au passage, on ne peut pas épiloguer à longueur de journée sur les contradictions secondaires voire des querelles byzantines de la classe politique, source de tension dans le pays et ne pas saluer l’extinction potentielle d’une de ces nombreuses flammes. Quels qu’en soient les ressorts et les visées, la poignée de main Kabila-Katumbi devrait signifier un conflit, politicien soit-il, en moins. Tant mieux si cette « réconciliation » fait baisser la tension politique de quelques crans.
Que ce rapprochement ne soit pas du goût de ceux qui tiraient profit de la fâcherie entre les leaders du FCC et d’Ensemble, ainsi va la politique. Mais, que ce rabibochage n’arrange pas ceux qui en appellent matin, midi et soir à la cohésion nationale à partir de la base, il y a de quoi perdre son swahili.
Par CR/José NAWEJ (FDA)