Lors de l’ouverture de son procès, Vital Kamerhe s’est défendu en expliquant qu’il n’était pas seul en charge de la supervision du Programme des cent jours. Qui sont les autres personnalités qu’il a évoquées ?
« Je n’étais pas le seul superviseur du Programme des cent jours du chef de l’État ». En prononçant cette phrase, lundi 11 mai, lors de l’ouverture de son procès, Vital Kamerhe avait un objectif clair : s’il ne cesse de clamer son innocence depuis qu’il a été mis en cause et placé en détention provisoire pour détournement présumé de près de 50 millions de dollars de fonds destinés au Programme des cent jours, il entend bien ne pas être le seul à avoir à rendre des comptes.
C’est toute sa ligne de défense qui est ainsi exposée. Vital Kamerhe affirme d’une part ne pas avoir agi de son propre chef, mais au nom de son patron, le président Félix Tshisekedi. Il pointe en outre le fait qu’il n’était pas seul à superviser la mise en musique du Programme des cent jours. « Nous étions neuf », a-t-il insisté.À LIRE Artemia et Artemi
Neuf superviseurs et vingt membres figurent de fait dans l’organigramme du comité de coordination du Programme des cent jours, chargé de la coordination des travaux, du suivi de leur exécution ainsi que des aspects financiers.
Qui sont donc les responsables pointés par Kamerhe ? Quel était le périmètre de leurs responsabilités respectives au moment des faits visés par l’accusation ? Portrait des personnalités figurant dans l’organigramme de ce comité, auquel Jeune Afrique a eu accès.
• Vital Kamerhe
Directeur de cabinet du président congolais Félix Tshisekedi depuis le 25 janvier 2019, il a été remplacé pour cause « d’empêchement circonstanciel » par Désiré-Cashmir Kolongele Eberande, nommé directeur de cabinet intérimaire mardi 12 mai. Il est le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), l’un des principaux partis, avec l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), à former la coalition Cap pour le changement (Cach). Vital Kamerhe est ainsi le principal allié du chef de l’État congolais au sein de cette formation.
• Olivier Mondonge
Ce juriste de formation est le directeur de cabinet adjoint de Félix Tshisekedi chargé des questions sociales et environnementales. Il est, notamment, spécialiste des projets de développement.
• Nyembo Guylain
Économiste formé en Belgique, il a fait sa carrière dans une multinationale hollandaise, pour laquelle il a occupé plusieurs postes sur le continent, notamment au Rwanda et au Nigeria. Il a également été secrétaire national chargé de la jeunesse d’UDPS Benelux.
Réputé intègre et rigoureux, c’est un proche du chef de l’État, avec qui il a évolué en Europe. Il est aujourd’hui son directeur de cabinet adjoint chargé de l’économie et de la reconstruction.
• Gety Mpanu Mpanu
Cette enseignante originaire de la province du Bas-Congo est la directrice de cabinet adjointe de Félix Tshisekedi chargée des infrastructures, des ressources minières, des hydrocarbures, des énergies et des TIC.PUBLICITE: Africa At Home.
• Désiré-Cashmir Kolongele Eberande
#NOMINATION_PRÉSIDENCERDC
LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FÉLIX TSHISEKEDI NOMME LE PROFESSEUR DÉSIRÉ CASHMIR KOLONGELE #EBERANDE, #DIRECTEUR_DE_CABINET INTÉRIMAIRE CE MARDI 12 MAI 2020. @PRESIDENCE_RDC @FATSHI13 @MIMUL20 @TINASALAMA2 @MWEMA_Y PIC.TWITTER.COM/BYLWITEFZR— FATSHI NEWS (@FATSHINEWS) MAY 12, 2020
Juriste en droit commercial et économique et professeur dans plusieurs universités du pays, il était directeur de cabinet adjoint du chef de l’État chargé des questions juridiques, politiques et administratives avant d’être désigné pour assumer l’intérim de Vital Kamerhe au poste de directeur de cabinet.À LIRE RDC : Plus d’une dizaine de jeunes garçons violés par un faux pasteur
S’il a été imposé au sein du comité de coordination du Programme des cent jours par Jean-Marc Kabund-a-Kabund, le président intérimaire de l’UDPS, il n’est pas un produit de ce parti, à en croire plusieurs proches de Tshisekedi.
• Henry Yav Mulang
Ministre des Finances à l’époque de l’affaire, dans le gouvernement sortant dirigé par Bruno Tshibala, ce membre du Parti du peuple pour la reconstruction de la démocratie (PPRD) compte parmi les proches de l’ancien président Joseph Kabila.
• Pierre Kangudia Mbayi
Ministre du Budget à l’époque, c’est un ancien très proche collaborateur de Vital Kamerhe. Celui-ci a pris ses distances après le refus de Kangudia de quitter le gouvernement en avril 2017.
Il s’était depuis mis à la disposition de Joseph Kabila, qui l’a gardé au gouvernement jusqu’à son départ du pouvoir. Il est actuellement membre du Front commun pour le Congo (FCC, la coalition de l’ancien président congolais).
• Deogratias Mutombo
Deogratias Mutombo Mwana Nyembo est gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) depuis 2013. C’est un proche collaborateur de Joseph Kabila.
• Thomas Luhaka Losenjola
Ancien président de l’Assemblée et ex-secrétaire général du parti de Jean-Pierre Bemba, le MLC, Thomas Luhaka a également occupé le poste de ministre des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction dans les gouvernements Badibanga et Tshibala. Il est actuellement ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire du gouvernement Ilunga.
Par Jeune Afrique