Le président Félix Tshisekedi est de plain-pied dans les consultations nationales depuis lundi 02 novembre 2020, aux fins de créer une « Union sacrée » de gouvernance de la RD Congo, à la suite de la crise née entre le Front commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le changement (CACH) liés par un « Accord » politique dont les termes tardent à être dévoilés.
ORDONNANCE n-19/056 du 20 MAI 2019 PORTANT NOMINATION DU PREMIER MINISTRE SYLVESTRE ILUNGA
Après son investiture le 24 janvier 2019, le président nomma,
« Vu la Constitution du 18 février 2006 (…), spécialement en ses articles 78, 79 et 90; 2.Vu l’Accord politique entre les forces politiques membres du Cap pour le changement (CAC) et celles du Front commun pour le Congo (FCC) en vue de la formation d’un Gouvernement de coalition représentatif de ces regroupements politiques;
3.Vu la personnalité proposée au poste de Premier Ministre en date du 17 mai 2019 par le Front commun pour le Congo (FCC) », nomma Sylvestre Ilunga Ilunkamba Premier mlnistre.
Les particularités de cette ordonnance présidentielle sont aussi les dates.
Le 17 mai rappelle « l’entrée de Laurent Désiré Kabila et ses troupes de l’AFDL en 1997 à Kinshasa d’où s’était enfui le maréchal Mobutu ».
Le 20 mai fait penser à la date de la création du Mouvement populaire de la révolution (MPR) par Joseph Désiré Mobutu en 1967.
Étaient-ce des choix fortuits ? Seuls les » fondateurs » de l’Accord de Kingakati, tous encore vivants, peuvent éclairer la lanterne du peuple congolais et celle de l’opinion internationale.
Félix TSHISEKEDI SALUE LE COURAGE DE SON « FRÈRE » JOSEPH KABILA
Le 13 décembre 2019, devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès au Palais du peuple à Kinshasa, le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo rend hommage à son « frère »Joseph Kabila, dans son premier discours sur l’ état de la nation.
« Ce jour est un jour merveilleux. Pour la première fois, depuis la promulgation de notre Constitution en février 2006, j’allais dire, depuis l’accession de notre pays à l’indépendance, un autre Président de la République élu vient s’adresser à la Nation, à travers vous, pendant que son prédécesseur est en vie, à l’issue d’une alternance démocratique et une passation pacifique de pouvoir.
C’est un jour rêvé pour tous les acteurs qui ont porté notre beau pays dans ce qu’il a de noble, tout en éveillant nos consciences. Un grand jour pour notre volonté commune de franchir ensemble les rivages de notre destin.
Nous honorons un Congo réconcilié. Notre Nation ne sera plus un Congo de la division, de la haine ou du tribalisme. Nous avons affirmé la volonté de construire un Congo uni et fort dans sa diversité culturelle et son attachement à la mère patrie. Un Congo tourné vers son développement dans la paix et la sécurité. Un Congo pour tous dans lequel chacun mérite sa place.
Je voudrais ici saluer le courage de mon prédécesseur et frère, Joseph Kabila Kabange, qui a tenu à respecter son engagement constitutionnel, celui de permettre au peuple congolais de choisir librement ses nouveaux dirigeants », s’enorgueillit le président Félix Tshisekedi.
JOSEPH OLENGANKOYI : « IL AURAIT ÉTÉ SOUHAITABLE QUE LE PRÉSIDENT TSHISEKEDI CONSULTE D’ABORD KABILA »
« Il aurait été souhaitable que le président Tshisekedi consulte d’abord son prédécesseur Kabila. On aurait souhaité que les deux se rencontrent d’abord pour la simple raison que ce système politique est nouveau en République démocratique du Congo. D’ailleurs, le Chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi l’a, lui-même, reconnu lors de son adresse aux deux Chambres du parlement réunies en Congrès », a déclaré Joseph Olengankoyi, qui conduisait une délégation du Conseil national de suivi de l’accord de Saint Sylvestre (CNSA) aux consultations du Chef de l’État, lundi 2 novembre 2020 au Palais de la nation à Kinshasa.
» Il aurait fallu qu’ils en discutent à deux, sans la présence de leurs acolytes qui sont parfois extrémistes. Ce tête-à-tête, dans toute intimité, devait leur permettre de parler de la situation qui prévaut au pays. C’est par là que le Chef de l’État aurait trouvé de solutions à tous ces problèmes. Ce n’est qu’après cette rencontre, le président de la République pouvait rencontrer, en deuxième lieu, le Parlement, le Sénat, les autres Institutions du pays », a-t-il insisté.
Parce que « notre rôle, ce n’est pas de dire des mensonges, mais notre mission est de l’orienter vers la voie de la paix », a expliqué le président du CNSA.
LA CIME APPELLE FÉLIX TSHISEKEDI À « INTERROGER SA CONSCIENCE »
« Nous avons interpelé le président de la République parce que c’est lui qui a prêté serment, c’est lui qui doit interroger sa conscience et Dieu parce que c’est Dieu qui lui a donné cette autorité. J’ai insisté pour qu’il interroge sa conscience, qu’il craigne Dieu pour qu’on n’exacerbe pas la crise (…), qu’on trouve une solution », a indiqué à la presse l’Imam Moussa Rachidi, qui conduisait la délégation de la
Commission d’intégrité et de médiation électorale (CIME), qui conduisait la délégation, lundi 02 novembre 2020, aux consultations présidentielles.
En effet, a-t-il dit, » la CIME est consciente des difficultés que connaît le pays ».
« Elle espère que ces consultations sortiront des résultats susceptibles de sortir notre pays de la zone de turbulence (…). C’est notre pays, nous devons insister pour qu’il y ait l’unité et la stabilité du pays. Il y a plusieurs solutions pour sortir de cette crise. Et c’est ce que nous avons mentionné dans notre cahier de charges », à conclu l’Imam Moussa Rachidi au sortir de l’entrevue avec Félix Tshisekedi.
Les consultations, qui ont débuté lundi 02 novembre 2020, pourraient durer une dizaine de jours, selon le protocole d’État.
VOA : « LES CAMPS DE KABILA ET TSHISEKEDI S’ACCORDENT POUR UN GOUVERNEMENT »
Sous la plume de son correspondant en RDC, Eddy Isango la Voix de l’Amérique (VOA), annonça, le 06 mars 2019, qu' »un accord a été signé entre la coalition qui est sous l’autorité de l’ancien président Joseph Kabila et celle de son successeur en vue de former un gouvernement dans les jours à venir ».
« L’accord met fin à la prise de bec qui empoisonnait les relations entre les deux plateformes.
L’accord a été signé mercredi par Néhémie Mwilanya Wilondja, coordonnateur du Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, et par Jean-Marc Kabund, président intérimaire de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) de Félix Tshisekedi, pour le compte du Cach (Cap pour le changement) », rapporta-t-elle.
Et la VOA rapporta ce qui suit :
Le texte de l’accord que VOA Afrique a pu consulter recommande à M. Kabila « d’accomplir les devoirs de sa charge permettant au Chef de l’État de procéder à la désignation du Formateur du gouvernement », et au président Tshisekedi
» de nommer diligemment le Formateur du gouvernement ». Les deux plateformes politiques affirment, par ailleurs, leur volonté commune de gouverner ensemble dans le cadre d’une coalition gouvernementale », précise le document.
Et VOA poursuivit :
« Une mésentente avait pris place entre les deux camps. Le FCC réclamant détenir la majorité, exigeait la nomination d’un Premier ministre issu de ses rangs. Mais, le CACH se référait à un passage de la Constitution, souhaitant plutôt la nomination d’un lformateur en vue de déterminer la majorité.
Le président Félix Tshisekedi avait même déclaré lors de son voyage à Windhoek, en Namibie, qu’il nommerait un Informateur car la majorité n’était pas formellement connue.
Mardi, une énième rencontre a eu lieu entre le nouveau et l’ancien président à la ferme de ce dernier à l’extrémité de Kinshasa. Aucune déclaration n’a été faite mais la réunion semble avoir balisé le chemin.
+Après des échanges et débats fructueux, qui se sont déroulés du 04 au 06 mars 2019 (entre les deux parties), il dégage que le Front commun pour le Congo détient, de manière documentée, la majorité absolue à l’Assemblée nationale au sens de l’article 78 alinéa 1er de la Constitutio+, indique le document signé mercredi par les deux camps ».
Comme on peut s’en rendre compte, Félix Tshisekedi, qui s’est référé au fameux Accord FCC-CACH pour nommer le Premier ministre Sylvestre, et Joseph Kabila ne jouent pas franc jeu avec le peuple congolais.
Plutôt que d’organiser des « consultations » (FATSHI) et des « retraites » (Kabila), les deux CHEFS doivent dévoiler le contenu de leur deal.
Au finish, l’opinion publique doit comprendre pourquoi le Chef de l’État présente officiellement et publiquement son prédécesseur comme un « modèle ».
Et, aussi, les critères qui ont fondé la conviction du président intérimaire de l’UDPS de décréter la » majorité parlementaire est au FCC », après avoir une déclaration commune avec le coordonnateur du FCC, avant la nomination du Premier mlnistre du gouvernement de coalition FCC-CACH.
Par Angelo Mobateli