En République démocratique du Congo (RDC), Jean-Pierre Bemba, ancien vice-président congolais, doit se rendre, mardi 31 juillet à Gemena et mercredi 1er août 2018 à Kinshasa pour déposer sa candidature en vue de la présidentielle du 23 décembre 2018. Néanmoins, Alain-André Atundu, porte-parole de la Majorité présidentielle, remet en cause son éligibilité.
Lors d’une conférence de presse vendredi 27 juillet 2018, il a estimé que la condamnation de Jean-Pierre Bemba dans une affaire de « subornation de témoin » annexe à celle de « crime contre l’humanité » pour laquelle il a été acquitté, le disqualifie au regard de la loi électorale. Faux, rétorque le sénateur Jacques Djoli, inspecteur général du MLC.
Alain-André Atundu, qui demeure silencieux et évasif sur l’identité du candidat de la Majorité présidentielle pour succéder au président Joseph Kabila, n’hésite pas à remettre en cause l’éligibilité de Jean-Pierre Bemba et pointe du doigt la condamnation de l’ex-vice-président dans une affaire de subornation de témoin. Une décision de la CPI qui le disqualifie, selon le porte-parole de la majorité.
« Le sénateur pourrait tomber sous le coup de l’article 10 de la loi électorale en ce qu’il dispose que « les personnes condamnées par un jugement irrévocable du chef de corruption sont inéligibles ». Pour certains adeptes du sénateur, au zèle non éclairé, la subornation des témoins n’est pas la corruption. Il est évident, pour tout esprit normalement constitué, que la subornation de témoins est une corruption de témoins. La majorité présidentielle souhaite donc que le sénateur prenne un engagement clair par une déclaration solennelle qu’il ne se présenterait pas s’il s’avérait qu’il se trouvait dans un des cas d’inéligibilité prévus par la loi électorale », a déclaré Alain-André Atundu.
Djoli : « Cest une dérive ou une ignorance grave du droit constitutionnel »
En réaction, Fidèle Babala, secrétaire général adjoint du MLC, parti de Jean-Pierre Bemba, estime qu’il ne revient pas à la majorité présidentielle de se poser en censeur de l’éligibilité des candidats, ceci relevant de la Cour constitutionnelle.
Réaction également du sénateur Jacques Djoli, inspecteur général du MLC.
« C’est une déclaration qui dénote d’une stupeur, voire d’une peur, d’un adversaire qui pourtant ne songe qu’à faire un combat loyal. Techniquement, c’est une dérive ou une ignorance grave du droit constitutionnel. Jean-Pierre Bemba dispose de tous ses droits constitutionnels au regard du l’article 62 de la Constitution. Il n’a jamais été condamné sur base de l’article 10 à une des infractions citées par la loi électorale. Il est malheureux de confondre la subornation des témoins avec l’infraction de corruption qui est prévue par l’article 145 de la Constitution. Confondre ça, c’est inadmissible parce que cela relève de l’analogie et tout étudiant moyen de droit pénal ne peut pas commettre cette confusion malheureuse et malveillante », a souligné le sénateur Jacques Djoli.
Entretemps, le gouverneur de Kinshasa a convié le MLC à une réunion de travail, lundi 30 juillet, sur le retour de Jean-Pierre Bemba qui doit atterrir, mercredi, dans la capitale, après une escale, dès mardi, à Gemena, dans la province du Sud-Ubangioù est enterré son père.
En début de semaine, Eve Bazaiba, secrétaire générale du parti, avait écrit au gouverneur de Kinshasa pour lui demander d’encadrer et de sécuriser le retour, dans la capitale, de l’ancien vice-président.
Jean-Pierre Bemba de retour en RDC dès le 31 juillet
Le programme de retour de Jean-Pierre Bemba en RDC s’affine de jour en jour. Fidèle Babala, secrétaire général adjoint de son parti le MLC, a annoncé jeudi à RFI que l’ancien vice-président fera d’abord escale à Gemena, le mardi 31 juillet 2018.
Jean-Pierre Bemba doit se rendre dans la province du Sud-Ubangui pour se recueillir sur la tombe de son père avant d’aller à Kinshasa comme prévu le mercredi 1er août.
Selon son entourage, Jean-Pierre Bemba voyagera à bord d’un vol privé, dans un avion de location, ses propres appareils étant cloués au sol depuis son départ, il y a onze ans. Jean-Pierre Bemba, qui devrait être accompagné de sa femme et de leurs cinq enfants, en profite donc pour avancer son retour au pays de 20 heures et réserver ses premiers pas congolais à la terre de ses ancêtres, à savoir Gemena dans le Sud-Ubangui.
C’est là qu’est enterré son père, Jeannot Bemba, qui a longtemps été le patron des patrons du temps du maréchal Mobutu. Emprisonné à La Haye, l’ex-vice-président n’avait pas été autorisé à se rendre en RDC au moment de la mort en juillet 2009.
La suite du programme est presque inchangée. Fidèle Babala confirme l’arrivée de Jean-Pierre Bemba le mercredi à Kinshasa, comme prévu, à l’aéroport international de Ndjili. La messe annoncée hier par la secrétaire générale du parti, Eve Bazaiba, n’est en revanche pas confirmée.
Côté sécurité, le MLC dit avoir déjà écrit au gouverneur de Kinshasa pour lui demander d’encadrer le parcours qu’empruntera le sénateur à son retour, et sollicite également l’appui de la Monusco.
Eve Bazaïba a également demandé au ministère de l’Intérieur que soit octroyée à Jean-Pierre Bemba une « garde permanente » d’une « dizaine de policiers » pendant tout son séjour. Nous ne souhaitons pas, explique-t-elle, faire appel à des services privés pour ne pas « être accusés » d’avoir recours à des « mercenaires ou des milices ».
RFI/CR