Personne ne s’y attendait, en tout cas rien n’a filtré sur l’ambition de Samy Badibanga de se présenter à la présidentielle de décembre 2018. C’est pourquoi son action envers la Ceni a fait l’effet d’une bombe à hydrogène, avec des conséquences énormes sur les différents calculs arrêtés au sein de la classe politique, car l’homme n’est pas n’importe qui, et il a donné à suffisance les preuves d’une grande rationalité dans son cursus politique.
Est-il vraiment sérieux dans sa démarche ? Que poursuit-il réellement ? Qui se cache derrière cette candidature ? Comment compte-t-il s’y prendre pour aborder ce rendez-vous essentiel entre un homme et son peuple ? Voilà un fleuve des questions qui continuent à couler dans l’opinion et sur lequel fleuve il devra poser un bateau des réponses.
Pour en savoir plus et surtout pour saisir la quintessence de cette démarche politique dans un contexte qui ne manque pas des surprises, Géopolis Hebdo s’est rapproché de l’ancien Premier Ministre pour obtenir quelques éclaircissements à sa démarche. Il a fallu sans doute insister, quadriller, rappeler et surtout revenir à la charge pour obtenir ces quelques mots puissants de Samy Badibanga, mots qui éclairent d’un autre jour sa démarche politique du moment.
Il est dix-neuf heures passées quand l’équipe de la rédaction est reçue par le candidat Samy Badibanga, l’homme est resté égal à lui-même, avec un choix des mots et des expressions qu’il avait eu quand il prenait la parole à la tribune de l’Assemblée Nationale, et comme premier ministre de la république. Il est vrai qu’au regard de son cursus, il est normal qu’il prenne de la hauteur dans ses échanges.
Homme d’affaires à l’origine, ayant une connaissance du monde des affaires au plus haut niveau en ayant travaillé avec des multinationales comme BHP Billiton, il a un accès facilité aux enjeux internationaux et surtout à l’équation du Congo au cœur des mutations actuelles.
Il entre en politique comme conseiller spécial d’Etienne Tshisekedi, meilleure école si on peut considérer l’appartenance à l UDPS et le travail dans la proximité du sphinx comme une initiation aux valeurs politiques, il devient l’organisateur principal de cette campagne qui, il faut le reconnaitre, fut un grand succès. Elu lui-même à la députation nationale, il va siéger comme président du groupe parlementaire avec une prise de parole redoutée et une force de proposition permanente.
A l’issue du dialogue de la Cité de l’Union Africaine, il devient Premier Ministre de la République.
Aujourd’hui il franchit l’étape de se présenter au nom de la plateforme les progressistes à la présidentielle et cela suscite évidemment des questions auxquelles il répond sans ambages :
« je suis aujourd’hui au cœur d’une forte conviction, celle de lutter contre les inégalités économiques et sociales pour une justice pour tous ». Il va plus loin et explique sa vision politique , il revendique le droit de participer à l’avènement d’un Bing Bang politique :
« Je suis considéré à raison au regard des idées nouvelles que j’apporte comme un candidat antisystème, car il faut mettre en place une nouvelle gouvernance qui prenne en compte le besoin d’égalité des hommes et des femmes de ce pays face aux questions essentielles, il faut porter le combat au cœur de la contradiction même , c’est a dire dans la structuration du système» .
C’est pourquoi il propose un nouveau contrat de gouvernement aux congolais pour obtenir par ce moyen, un changement radical de ceux-ci. Samy Badibanga, porté par les idées de gauche, a d’ailleurs choisi comme slogan de campagne une maxime qui en dit long à savoir « Changement pour Tous ».
Mais, dans un contexte pluraliste où l’opposition est en quête d’un candidat commun, comment se définit-il ? Je suis d’accord pour la recherche d’un candidat commun de l’opposition, mais la question de fond n’est pas celle de savoir qui cela doit être, mais que doit-il faire ? Il renchérit sur cette lancée et déclare :
« Il nous faut sortir de la personnification du débat politique et de donner une chance au triomphe des principes. S’agissant de cette question, je suis ferme tout en étant pas fermé, je comprends la nécessité qu’il y a pour l’opposition à construire une offre crédible. Mais, en même temps, je souhaite que cela se fasse dans le respect des règles en la matière, n’oubliez pas que j’ai travaillé abondamment à ce sujet en 2011 comme conseiller spécial de Tshisekedi à la présidentielle, Je sais de quoi je parle quand on évoque la question du candidat commun ».
Notre insistance pour qu’il aille dans les détails n’a pas réussi à lui soutirer d’autres informations, on a senti qu’il voulait réserver la primeur aux concernés, c’est à dire aux membres de l’opposition candidats à la présidentielle.
Pense-t-il que sa voix et ses propositions seront entendues et examinées ? Samy Badibanga estime qu’à partir du moment où la priorité pour l’opposition est d’arriver à ce résultat, il reste disponible et flexible, mais cela ne l’empêchera pas de poursuivre son chemin jusqu’au bout si personne n’en veut travailler à cette harmonisation.
Voulant épuiser nos questions, nous lui avons demandé si le fait que son parcours politique informait qu’il venait de recouvrer sa nationalité n’était pas un handicap ? D’un revers de la main, il a balayé cela en disant qu’il ne faut pas confondre la nationalité d’origine au recouvrement de celle-ci par un acte juridique. Est Congolais d’origine, celui dont l’ethnie était située en RDC au moment de l’indépendance. A ce niveau, il n’y a donc aucun souci à se faire car il est de père et de mère congolais et depuis lors, il a recouvré la plénitude de ses droits civiques et politiques.
Ne faisons pas de la jouissance d’une liberté, une faute. Avec l’idée contenue dans son offre politique de faire avancer la machine du progrès dans le pays , il s’est dit ouvert à toute discussion dont les valeurs et principes seront le moteur des discussions et non la manifestation des égos et des ambitions personnelles. Changement pour Tous fut le mot de la fin de cet entretien exclusif.
Dieudonnée (Géopolis)/CR