Par Napoléon TSHILOBO
En République démocratique du Congo les alliances se font et se défont en vue de l’exercice du pouvoir actuel et de la conquête des élections de 2023. Si le ciel est nuageux pour le bloc Kivu-Kasaï né de l’alliance Kamerhe-Tshisekedi en 2018, l’heure est plutôt à des fiançailles dorées entre le Katanga tenu par le duo Katumbi et Kabila, et le Bandundu aujourd’hui incarné par Fayulu, Muzito et ce qui reste du Palu.
Des sources dignes de foi rapportent au média en ligne Congo Réformes ( congoreformes.com ), des réunions devenues régulières entre les amés et féaux de Joseph Kabila et ceux de Moïse Katumbi en vue d’une alliance pour la présidentielle de 2023. La communauté Katangaise portée par le très puissant patron des patrons congolais Albert Yuma Mulimbi aurait joué un rôle déterminant dans le réchauffement des relations entre l’ancien Président de la République et son ex Gouverneur du Katanga.
Ce dernier était déjà plébiscité dauphin du premier par la même communauté Katangaise, et même au-delà des limites de la province où le chairman du TP Mazembe compte bien de supporters.
Mais les deux hommes se sont vus séparer en 2015, lorsque Moïse Katumbi tombe en disgrâce et se désolidarise à son tour de son mentor en créant le G7 sous couvert de feu Pierre Lumbi, l’ancien conseiller spécial de Joseph Kabila en matière de sécurité.
Vieille amitié ne craint pas la rouille, disent les Français. Contre vents et marées, les vieux amis et frères Katumbi et Kabila seraient en passe de conclure un accord secret devant retourner les rennes du pouvoir dans l’ex Katanga.
L’HISTOIRE SE RÉPÈTE
La consolidation de l’aile Kabila-Katumbi étant quasi certaine, les deux hommes forts compteraient sur l’espace Bandundu pour construire un bloc de type 2006. Aubin Minaku pour le FCC de Joseph Kabila et Olivier Kamitatu pour Ensemble de Moïse Katumbi, tous deux grands notables du Bandundu seraient les pièces maîtresses dans la diplomatie de ce cogriffage.
Comme en 2006 avec Antoine Gizenga, les pourparlers vont bon train entre d’un côté Kabila et Katumbi (Katanga) et de l’autre Martin Fayulu (Bandundu) en vue d’une alliance de type AMP-PALU. Le leader de l’Ecidé aurait marqué son accord pour jouer au pivot dans cette alliance.
Le rôle du candidat de Lamuka à la présidentielle de 2018 consisterait à rendre chèvre Félix Tshisekedi pendant les 2 ans qui lui restent de son mandat, pour l’empêcher à s’affirmer véritablement et asseoir une politique sociale. Il serait question pour Fayulu de déstabiliser Félix Tshisekedi au profit du FCC.
Augustin Kabuya, Secrétaire Général ai de l’UDPS voit d’ailleurs de cette fonction, la récente demande exprimée par Martin Fayulu et Théodore Ngoy de destituer le Chef de l’État pour haute trahison.
Ensuite, Fayulu devrait mobiliser l’espace Bandundu au profit du candidat de la future coalition à savoir Moïse Katumbi. Ce qui, bien évidement, conforte l’alliance Katanga-Bandundu telle que vécue en 2006 et 2011.
KIVU-KASAÏ, L’ALLIANCE STRATÉGIQUE QUI PATAUGE
De l’autre côté, le bloc Kivu-Kasaï qui a montré ses preuves en 2018 affiche une parfaite dégringolade. Du Capitole à la roche tarpéienne, l’alliance qui a porté Félix Tshisekedi au pouvoir n’existe plus que de nom. Les deux alliés, ou du moins leurs partisans se vouent désormais un mépris viscéral, donnant raison à Gustave Le Bon qui disait : « Lorsque, après avoir été un lien qui unit, les alliances deviennent une chaîne qui entrave, leur désagrégation est prochaine ».
La condamnation du président de l’UNC serait la goutte qui a fait déverser le vase, provocant ce que certains analystes considèrent comme une « destruction irrémédiable » entre Félix Tshisekedi et le Kivu. Un divorce à peu près consommé.
Ce qui, naturellement, empêcherait le patron du Cap pour le changement de trop rêver pour 2023, le Kivu, particulièrement le Sud Kivu et le nord Kivu étant le principal réservoir électoral.
Destruction irrémédiable, peut-être, mais certains analystes s’accordent sur le fait que le président FATSHI a encore quelques cartes dans ses mains, encore faut-il bien les jouer.
Pour eux, la première consisterait à sauver ce qui peut encore l’être de son alliance avec l’UNC de Vital Kamerhe. Son colistier de 2018 peut toujours lui apporter un soutien non négligeable, s’il négocie très bien la passe et en donne des bonnes garanties.
La deuxième est de s’offrir les services du Sénateur Modeste Bahati Lukwebo. Le Patron de l’AFDC-A jouit d’une popularité certaine dans toute la partie Est du pays. Et son parti est foncièrement implanté dans les coins et recoins de toutes les provinces du pays. L’homme qui s’est offert une moisson abondante de plus de 120 élus à tous les niveaux aux dernières élections, serait comparable à cette belle voiture de course avec laquelle tout le monde qui veut gagner la compétition devra chercher à rouler.
Mais il reste à savoir si cet ancien leader de la société civile dont la côte de popularité a grimpé au centuple après sa séparation d’avec le FCC pour avoir « osé » présenter sa candidature à la présidence du Sénat face à Alexis Thambwe Mwamba plébiscité par Kingakati, serait prêt à rallier le commandement pro – Fatshi. Son regroupement Politique qui a plusieurs fois été annoncé aux portes du CACH a plutôt préféré prendre son autonomie en tant qu’une plateforme indépendante au même titre que le FCC, LAMUKA ou le CACH. Mais en politique tout est offert au mieux négociant. Il n’est pas exclu qu’il conclue une alliance avec le CACH, et pourquoi pas avec le FCC comme dit-on, en politique, les ennemis d’aujourd’hui peuvent redevenir des amis de demain.
Si les deux principaux leaders de l’Est du pays cités ci-dessus demeurent incontournables, il est d’autres personnalités avec qui il faudra compter dans cette partie du pays pour faire face à la machine Kabila-Katumbi-Fayulu. Encore faut-il que les lampions de l’actuel chef de l’État sachent les dénicher pour les tourner en sa faveur. Le cas contraire, la bataille serait rude pour l’UDPS qui se verrait esseulée.