- Le procès du cinéaste belge Thierry Michel et sa productrice, accusés par deux cinéastes congolais d’avoir « frauduleusement » reproduit leur film documentaire, s’est ouvert mardi 10 mai 2022 au tribunal de paix de la Kinshasa-Gombe, en République démocratique du Congo.
Thierry Michel et Christine Pireaux, respectivement cinéaste et productrice du film « L’empire du silence » réalisé en 2021, sont accusés d’avoir reproduit « frauduleusement » des extraits du film documentaire « Congo! Le silence des crimes oubliés », réalisé en 2015 par les cinéastes congolais Balufu Bakupa-Kanyinda et Gilbert Balufu, selon l’acte d’accusation.
Dans « L’empire du silence », le cinéaste belge rapporte les violences de près de trente ans dans l’est de la RDC, dont une grande partie demeure impunie.
Lors de la première audience, le tribunal a procédé à l’identification des parties et à l’audition des charges retenues contre les accusés, en présence des deux frères cinéastes congolais, a constaté un journaliste de l’AFP.
M. Michel et Mme Pireaux ont été représentés par leur avocats mais les deux frères Balufu les ont récusés.
La prochaine audience est prévue « dans trois mois », a déclaré la présidente Kulonga Biseke, afin de permettre au cinéaste et à la productrice belges de comparaître ou à défaut, permettre à leurs avocats de produire auprès du tribunal une procuration en vue de les représenter valablement au procès.
Dans ce procès pénal, les deux frères ont sollicité des dommages et intérêts symboliques d’« un franc congolais » et la saisie conservatoire du film « L’empire du silence ».
Les deux frères Balufu ont estimé que ce film, dans « sa structuration narrative, le synopsis et de nombreuses images », a porté atteinte à leur œuvre d’esprit.
Balufu Bakupa-Kanyinda et Gilbert Balufu « cherchent à me faire condamner à une peine d’emprisonnement ainsi que la co-auteure et productrice Christine Pireaux, pouvant aller jusqu’à cinq ans », a écrit M. Michel dans un communiqué publié la veille.
En 2012, M. Michel, auteur du documentaire « L’affaire Chebeya, un crime d’État ? » avait gagné un procès en Belgique contre le général congolais John Numbi, accusé à cette époque d’être le commanditaire de l’assassinat de deux défenseurs des droits de l’homme congolais, ce que ce dernier dément.
Avec VOA/AFP