* « Il ne revient pas aux Casques bleus de s’adonner aux tâches de sécurisation du pays dévolues principalement aux FARDC », martèle régulièrement Leila Zerrougui.Au lendemain de l’appel du Chef de l’Etat congolais à davantage d’implication de la Brigade d’intervention dans la sécurisation de l’Est du pays, que d’interrogations ! Des observateurs et diplomates en poste à Kinshasa, proches du dossier, relèvent d’abord que la demande du Président rd congolais intervient dans un contexte où la tendance est déjà à l’allégement du dispositif de la Monusco.
En plus, renforcer la Brigade d’intervention avec des unités spéciales impliquerait que les soldats de la paix montent en première ligne pour sécuriser l’Est rd congolais. Une tâche qui, ne cesse-t-on de le répéter dans toutes les langues à la Monusco, revient aux FARDC. Les éléments onusiens ne venant qu’en appoint.
C’est pourquoi, des voix avisées conseillaient plutôt au Président Tshisekedi d’investir dans la force de frappe de l’Armée nationale. En particulier, dans des commandos capables de répondre à la guerre asymétrique que nous imposent la kyrielle de groupes armés business.
L’intervention mardi 22 septembre 2020 en vidéo-conférence à la 75ème session de l’Assemblée générale de l’ONU de Félix Tshisekedi, le Président de la RDC était très attendue dans l’Est de la RDC où, selon les statistiques de l’ONU, pullulent 140 groupes armés locaux tout comme étrangers qui y sèment mort et désolation sur leur passage. Mais, ils ont été déçus. Et pour cause.
Le chef de l’Etat congolais, Commandant suprême des forces armées n’a pas clairement montré comment il va rétablir l’autorité de l’Etat sur ces pans entiers du territoire qui sont sous contrôle des milices surarmées comme par exemple la plus sanguinaire de toutes qui est la CODECO » Coopérative pour le développement du Congo « , la secte mystico-religieuse du chef de guerre-Lendu Justin Ngujolo qui continue à mettre l’Ituri à feu et à sang.
En plus, le Président a laissé planer de l’ambiguité sur sa requête. Comme par exemple, et c’est la plus essentielle, sur la MONUSCO où il s’est montré tiraillé entre deux vents contradictoires. On ne peut pas attendre le retrait de la MONUSCO de la RDDC tout en plaidant pour le renforcement de son mandat. C’est soit l’un soit l’autre. Jamais les deux.
Or, le Président congolais exige de l’ONU de renforcer la puissance de feu de ses Casques bleus déployés en RDC là où ils sont depuis au chapitre du maintien de la paix. Ce n’est pas tout. Félix Tshisekedi réclame aussi la mue totale de l’actuelle Brigade d’intervention composée de 3.700 bérets verts fournis par les pays de la SADC-RSA, Tanzanie et Malawi- en commandos anti-terros pour répondre à la guerre asymétrique que mènent les islamistes ougandais des ADF.
Pour y répondre, le Conseil de sécurité de l’ONU devrait radicalement modifier le mandat actuel de la MONUSCO. Ce qui n’est pas une évidence. Quand on sait que, pour doter la Brigade d’intervention d’un mandat offensif et non de maintien de la, paix comme c’est le cas avec les autres unités des Casques bleus de l’ONU, beaucoup d’eau avait dû couler sous le pont. Avec raison.
C’est in extrémis que la Brigade d’intervention est dotée de ce mandat offensif pour faire la guerre. On sait que, parmi les contributeurs traditionnels des troupes de l’ONU, aucun n’était disposé à déployer ses hommes dans cette unité d’élite composée de commandos formés pour aller au-devant du feu.
C’est ainsi qu’en désespoir de cause, ce sont seulement les pays de la SADC -RSA, Tanzanie et Malawi- qui se sont portés candidats pour les troupes de la Brigade spéciale d’intervention de la MONUSCO.Elle est là pour la guerre conventionnelle.
Mais les islamistes ougandais les ADF les entrainent dans la guerre asymétrique à laquelle cette Brigade n’est pas du tout formée. On en juge par ses lacunes sur le front de guerre dans les opérations de traque contre les islamistes ADF.
Pour la MONUSCO, Leila Zerrougui, la Représentante spéciale l’a souligné il y a quelque temps, il ne revient pas aux Casque bleus de l’ONU de s’occuper des tâches de sécurisation du pays qui reviennent aux FARDC et ne viennent qu’en appoint.
Dès lors il appert clairement que le renforcement de la puissance de feu de la MONUSCO que réclame Félix Tshisekedi est mal dirigée à une force internationale qui ne se considère qu’en soutien aux FARDC, l’armée nationale, qui seraient en première ligne sur le front.
On n’a pas oublié les marches de colère des populations du Nord-Kivu exigeant le départ des troupes de la MONUSCO qu’elles accusent de ne pas les protéger contre les islamistes ougandais des ADF.
.Au fait, c’est cela la vérité. Les Casques bleus de la MONUSCO ne sont pas du tout disposés à mourir à la place de soldats congolais, ils l’ont démontré à chaque circonstance. Ce n’est pas demain qu’ils changeront cette posture par un mandat encore plus renforcé qu’avant.
Fort de ce constat, de plus en plus de voix conseillent au Chef de l’Etat de doter sa propre armée dont il est le Commandant suprême de ces commandos anti-terros.
Il faut laisser la MONUSCO sur le retrait car on a vu que les Casques bleus excellent et sont à l’aise dans des opérations de maintien de la pax où ils ont à l’aise et non dans des attaques offensives contre les forces négatives notamment les islamistes ougandais des ADF.
D’autres interrogations sont posées au président Félix Tshisekedi qui demande à l’ONU de renforcer la MONUSCO (13.000 soldats), contre les groupes armés, plutôt que du matériel de guerre performant pour les FARDC (160.000 militaires) payées pour défendre le territoire national et protéger les frontières congolaises contre les forces ennemies.
Qu’est ce qui empêche la hiérarchie militaire congolaise de déployer 80.000 soldats fortement équipés dans le « triangle de la mort » (Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri), sous la conduite d’officiers expérimentés et performants, comme l’étaient Mbuza Mabe et Mamadou Ndala ?
Par FDA/CR