Malgré les « progrès tangibles » enregistrés en République démocratique du Congo (RDC), la Représentante spéciale du Secrétaire général pour ce pays, Mme Leila Zerrougui , a estimé lundi 27 août 2018 que le niveau de confiance en devait encore être consolidé pour assurer la tenue paisible et crédible des élections du 23 décembre prochain et une transition pacifique du pouvoir, ce qui serait une première dans l’histoire de ce pays.
« Alors que les préparatifs se poursuivent en vue de la tenue des prochaines élections présidentielle et législatives nationales et provinciales, des progrès tangibles ont été enregistrés pour respecter les étapes critiques inscrites dans le calendrier de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) », a indiqué la Représentante spéciale qui s’adressait de Kinshasa par vidéoconférence au Conseil de sécurité.
Selon elle, alors qu’il ne reste que quatre mois avant la tenue des élections, il est clair que les niveaux nécessaires de confiance et de consensus autour des questions clefs doivent être consolidés.
Leila Zerrougui a plaidé pour la participation libre de tous les Congolais à toutes les étapes du processus électoral. Elle a demandé que les élections du 23 décembre 2018 soient « crédibles et pacifiques », en vue de permettre la transition pacifique du pouvoir en RDC.
La cheffe de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) a fait valoir que l’ensemble des partis politiques et groupements – de la majorité présidentielle et de l’opposition – ont déposé des candidatures pour les trois scrutins dans les délais prévus, alors que les élections sont prévues le 23 décembre prochain.
La Monusco prête à fournir un soutien logistique
« La Monusco continue d’apporter un appui technique et se tient prête à fournir un soutien logistique en cas de demande,» a-t-elle dit, ajoutant que «les autorités congolaises ont formulé le souhait d’organiser les élections sans appui extérieur.»
Quoique le Président Joseph Kabila ait respecté son engagement de ne pas se présenter pour un troisième mandat, la Cheffe de la Monusco a souligné que six des 25 candidats à l’élection présidentielle ont été disqualifiés pour des raisons variées, dont le sénateur M. Jean-Pierre Bemba.
« Malgré les progrès observés, la période à venir sera marquée par des contestations », a déclaré Mme Zerrougui.
La publication de la liste provisoire des candidats aux élections a suscité des questionnements, la CENI se voyant accusée d’avoir outrepassé ses prérogatives en excluant des candidatures sur la base d’interprétations de la loi électorale, ce qui relèverait de la compétence de la Cour constitutionnelle.
« Absence de consensus sur la machines à voter et le fichier électoral »
« L’absence de consensus sur l’utilisation de la machine à voter et la non publication de la liste définitive du fichier électoral demeurent deux sujets de discorde majeurs, » a-t-elle déclaré.
La crédibilité du processus demeure une source de préoccupation, a indiqué la Représentante spéciale, ajoutant qu’un manque de confiance envers la CENI ou les décisions prises par la Cour constitutionnelle ne pourra qu’aviver les tensions. Leila Zerrougui a aussi appelé à la levée de l’interdiction générale des manifestations publiques et à la promotion de la liberté de réunion.
Par ailleurs, la Représentante spéciale a jugé préoccupante la détérioration sécuritaire dans l’est de de la RDC, les groupes armés ayant le potentiel de perturber les préparatifs des élections ainsi que le jour des élections.
«Si la sécurité des élections est de la responsabilité première des autorités, la MONUSCO restera pleinement engagée pour appuyer les autorités congolaises en vue de remédier aux activités de ces groupes», a-t-elle dit.
Mandat renouvelé et renforcé pour la Monusco
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité mardi 27 mars 2018 une résolution qui renouvelle le mandat de ses Casques bleus en République démocratique du Congo (RDC). Un mandat qui charge aussi la Mission des Nations Unies à aider à préparer ces élections.
Premier constat : le texte a donc été voté à l’unanimité des 15 membres du Conseil de sécurité des Nations Unies. Même la Chine a donc voté en faveur de ce texte.
Deuxième constat : le texte était présenté par la France.
Troisième constat : le texte va crisper encore un peu plus le pouvoir en place en RDC.
En effet, Kinshasa plaidait pour un désengagement onusien et, surtout, pour que ces « onusiens » ne mettent pas leur nez dans les scrutins présidentiel, législatifs et provinciaux qui doivent se tenir le 23 décembre prochain. Le président hors mandat Joseph Kabila n’a eu de cesse de marteler ces derniers temps qu’il n’avait pas besoin du support international pour organiser « son » scrutin.
La mission de la Monusco, plus importante force de l’ONU au monde, est prolongée au moins jusqu’au mois de mars 2019. Le texte insite par ailleurs sur la nécessité de protéger les civils d’ici les élections de décembre afin d’organiser le départ du président Joseph Kabila.
La résolution « souligne la nécessité de faire tout ce qui est possible afin d’assurer que les élections du 23 décembre 2018 sont organisées avec les conditions requises de transparence, de crédibilité, d’ouverture et de sécurité »… dans la droite ligne de ce qu’avaient couché sur papier les évêques de la Cenco dans l’Accord de la Saint-Sylvestre
L’autre calendrier électoral
Outre le renouvellement de la mission, le Conseil de sécurité enjoint le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, de mettre au point des plans qui prévoient « toutes les options » en cas de nécessité, dont l’envoi de renforts venus d’autres missions de l’ONU. M. Guterres devra faire le point sur ces plans devant le Conseil dans 90 jours !
Les 16.000 membres de la Monusco seront chargés de soutenir le processus électorale, notamment l’inscription des électeurs, le scrutin et la transition au sommet du pouvoir attendue le 12 janvier.
La mission fournira une assistance technique et logistique pour soutenir le processus électoral. Elle formera en outre la police congolaise pour qu’elle assure la sécurité le jour du vote.
La Monusco relèvera toute atteinte aux droits de l’homme et les signalera au
Plus question d’autoriser un quelconque report des élections
En mars 2017, le Conseil de sécurité avait déjà voté une précédente résolution dans la perspective de la présidentielle alors prévue en décembre 2017. Un calendrier remisé aux oubliettes suite, officiellement et notamment, aux violences dans le Kasaï. Les Nations Unies ne veulent plus revivre un tel scénario.
Le nouveau texte démontre l’engagement de la communauté internationale derrière le processus électoral et insiste sur le bon déroulement de ce scrutin. Les observateurs seront sur place et seront nombreux, explique en substance la nouvelle résolution.
Plus question d’autoriser un quelconque report et pas question de laisser planer un doute sur le bon déroulement de ce scrutin.
Canu/CR