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RDC-Nord-Kivu : les défis pour les malades et le personnel soignant

Confrontée à des défis sanitaires majeurs, la province du Nord-Kivu (Est de RD Congo), attire toujours plus d’investisseurs. Médicaments, formations, infrastructures,…les groupés privés jouent aussi un rôle prépondérant aux côtés des humanitaires dans le développement du secteur de la santé où les risques demeurent.

A l’hôpital général de Rutshuru (75Km au nord de Goma), un établissement public, la prise en charge des soins de santé et du personnel a officiellement pris vers fin, fin 2017. Avant de plier bagages, l’ong Médecins Sans Frontières, MSF en sigle,  a pris soins de disponibiliser un stock suffisant des médicaments. L’hôpital, a été réfectionné dans son entièreté ; avec trois blocs opératoires équipés et offrants des bonnes conditions modernes de travail.

Seulement, la prise en charge partielle du personnel soignant sous statut d’agent de l’Etat, a cessé. Il en est de même de celle sur le paiement de la facture des malades contraints depuis Juillet, de s’adapter à la nouvelle grille de facturation, qui fait déjà grincer des dents. Car difficilement supportable par la population dans cette zone post-conflit où les activités agro-pastorales (principale occupation) ont été réduit à néant à cause de la persistance de l’insécurité.

Appui diversifié

En quittant cet hôpital, MSF reste cependant présent dans les zones de santé de Masisi-centre, Kichanga et Kirosthe. Mais visiblement pas pour longtemps. A Goma, comme dans les grandes villes de Butembo et Beni, le CICR, le PAM ou le HCR, viennent en appui régulièrement à divers niveaux (approvisionnements en médicaments, réhabilitation, équipements,…), aux structures sanitaires.

En partenariat avec Asrames (Association régionale d’approvisionnement en médicaments essentiels), d’importantes quantités de médicaments, sont mises, chaque mois, à la disposition des zones de santé. ‘’Pour certaines, ce sont les ong partenaires qui paient et pour d’autres plus rares, ce l’Etat rdcongolais qui achète, via les structures elles même, sauf pour les vaccins, ou en cas d’épidémie, quand c’est l’OMS qui intervienne’’, explique un responsable de cette centrale d’approvisionnement. De fois, ce sont des matériels d’orthopédie, radiologie, scanner,…qui sont offerts par ses ong partenaires aux seuls formations étatiques. En plus, d’autres offrent des séances de formation de remise à niveau et de spécialisation. Le cas de CEMUBAC, qui envoi des médecins dans des universités belges pour des spécialisations.

La bonne volonté s’impose

Devant prendre fin un jour, l’intervention des partenaires, quoi que si bon et salutaire, suscite des réactions diverses. L’Etat sera-t-il à même de maintenir ce rythme imprimé par ces ong une fois parti ? Difficile d’y répondre certes. ‘’Cela ne sera pas du tout facile mais pas aussi impossible, si la bonne volonté de mieux faire est mise en avant’’, croit, sous anonymat, un des responsables des bureaux de l’Inspection provinciale de la santé.

Mais, cette bonne volonté semble absente. Çà et là, des cas de corruption dans le recrutement d’agents, des cas des détournements des médicaments, de l’argent et diverses aides de la part des partenaires, sont signalés. Il y a quelques, mois, le Médecin Inspecteur Provincial, a été suspendu pendant quelques mois, alors que des soupçons des détournements pesaient sur lui. Des enquêtes semble – t – ils ont été lancées mais sans donner des résultats jusque-là.

A Rutshuru, comme dans plusieurs autres zones de santé, des personnels soignants, se sont à plusieurs reprises plaints du retard de paiement, du détournement de leurs primes et salaires. Dans plusieurs zones de santé, les médicaments offerts par des ong se retrouvaient dans des officines pharmaceutiques privées. Des responsables des structures de santé sont régulièrement mises en cause. ‘’Ils ont leurs propres pharmacies qui revendent ces médicaments, qui devraient se retrouver dans à la pharmacie de l’hôpital’’, regrette sous anonymat un partenaire. ‘’Nous avons à maintes reprises interpellé les autorités pour veiller à ce que la population en sois la vraie bénéficiaire, mais la réponse reste toujours attendue’’, conclut-il d’un ton angoissant. Plus encore, des médecins pourtant prises en charges par l’Etat rdcongolais, prennent plus de temps dans leurs cliniques privées au détriment des structures étatiques pour lesquelles ils ont été engagés.

La dignité restaurée

C’est avec ce souci, que l’exécutif provincial,  a mis en place un vaste programme de redynamisation du secteur. Commençant par l’hôpital général de référence de Goma. ‘’La rigueur a repris de la place, les goûts au travail aussi’’, explique un agent à cette structure. Médecins et infirmiers, ont été sommés de choisir entre le privé et l’Etat. Une dignité restaurée grâce à l’intervention de l’autorité provinciale. Depuis lors, la pharmacie de l’hôpital est redevenue opérationnelle et fréquentable, la prise en charge médicale de qualité aussi. Seul bémol, ils coûtent aussi chère, et difficilement supportable. ‘’ Il nous ai désormais exigé la caution avant toute intervention chirurgicale’’, regrette un garde malade qui a déboursé 100$ pour la caution.

Cliniques privées florissantes et inquiétantes

La déliquescence des structures étatiques, a en quelques sortes,favorisé l’émergence des cliniques privées, offrant les meilleures qualités des soins.  Elles demeurent cependant réservées à des nantis. Selon plusieurs statistiques étatiques, en l’espace de cinq ans, le nombre des cliniques privés a dépassé le 50% des structures sanitaires opérationnelles sur l’ensemble de la province. Et moins de 30% d’entre elles respectent les normes exigés en la matière, reconnaît une source à l’Inspection provinciale de la Santé.

‘’Nombreuses, n’ont pas des structures viables, non plus des équipements exigés et de qualité notamment pour la grandes chirurgie de même que pour la césarienne. En outre, elles travaillent avec des personnels soignants sans expérience, mais qui malheureusement s’adonnent à tout soigner’’, regrette notre source. Et nonobstant d’innombrables alertes liés aux cas de décès et de mauvais traitements, l’autorité de tutelle traînerait toujours à prendre des mesures idoines en vue de sauver la santé de la communauté.

Avec plus de 100.000 déplacés internes, le Nord-Kivu, peine à offrir les soins de santé de qualité. ‘’Les structures de l’Etat n’offrent pratiquement pas des soins gratuits aux déplacés’’,  regrette la société civile locale. Dans des camps des déplacés internes, à travers la province, des petites structures de santé de fortune administrent les premiers soins.

‘’Nous faisons la petite chirurgie, l’accouchement normal’’,…raconte une infirmière au camp de Mugunga. A l’intérieur de la province, des ong, référent les cas à des hôpitaux partenaires, où les soins des malades sont prises  totalement en charge. ‘’Je suis interné ici à l’hôpital de Rutshuru depuis trois mois et tout est pris en charge par MSF et le HCR’’, explique habits en haillons le septuagénaireKanyamanza, déplacés de Nyamilima (à des dizaines de kilomètres de Ruthsuru centre en plein parc des Virunga), tenant à mains sa carte de déplacé.

Par Patient Ndoole

 

Congo Réformes

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