Trois coups de balles, de l’argent et le téléphone emportés, la nuit du 10 septembre 2017, a été cauchemardesque pour le journaliste Patient Ndoole, dont la sécurité physique est loin d’être garantie.
Il est 20h04, heure locale, nous sommes au Quartier Amicor, à quelques centaines de mètres de l’hôpital général de Rutshuru, au Chef-lieu du Territoire du même nom. La nuit tombe sous une fine pluie.
Sur cette route secondaire du Quartier éclairée çà et là à intervalles variés par les ampoules depuis les toits et murs des maisons, trois coups de balles retentissent plongeant tous les Quartiers dans l’émoi. Il s’agit bien de bandits armés dont l’un, arrêté plus tard, à l’Auditorat Militaire sur place, sera identifié en un militaire Fardc, celui-là même qui vient de tirer à bout portant sur Patient Ndoole.
Le journaliste, qui se trouve dans ce territoire pour des reportages sur la situation socio-sécuritaire et les conflits fonciers et coutumiers, est atteint au bras droit et à l’abdomen. Les balles transpercent jusqu’au dos, laissant les correspondant régional de congoreformes.com, – une agence de presse rdcongolaise – quasi mort.
‘’Nous avons entendu le crépitement des balles avec inquiétude surtout que c’est très étrange dans notre Quartier’’, explique Justin, un jeune du quartier.
Sauvé par la population
‘’En sortant dehors, nous serons ainsi surpris de retrouver presqu’inanimé le journaliste’’, poursuit-il. ‘’A chaque descente dans ce Territoire, le journaliste Patient Ndoole passe ses nuits ici parmi nous. Jamais, il n’a eu des problèmes, des malentendus avec qui que ce soit’’, témoigne Partick Kirura, un voisin, journaliste et Directeur de la Radio Mudiho FM, (une chaine locale).
Aussitôt retrouvé grâce à l’intervention rapide de la population, Patient Ndoole est transporté à l’hôpital général de référence de Rutshuru. Il est ainsi admis d’abord aux soins d’urgence pour constat de la gravité de son état, lui qui saignait énormément avec des habits imbibés de sang.
Vu la gravité de la dégradation rapide de son état, le journaliste, habitué pourtant aux reportages en zones sensibles, passe de la salle d’urgences au bloc opératoire. Durant 08 heures, médecins et infirmiers se forcent de sauve la vie de ce professionnel de media indépendant. Qui fait une carrière fructueuse depuis 1999.
Huit heures au bloc opératoire
Pendant ce temps, dehors, tous les accompagnateurs, les voisins compris sont inconsolables. Personne ne sait exactement ce qui est advenu à ce jeune homme père d’une grande famille. C’est enfin vers 04h00 du matin que l’infortuné sort du bloc opératoire, visage totalement abattu, sous l’effet d’anesthésie, sans doute, au grand soulagement de tous.
Débute alors une longue bataille depuis la salle de chirurgie où Patient Ndoole passera plus de deux mois.
‘’Ça été très très dur pour nous. La famille à tout fait pour que survive mon mari. Les amis nous ont aussi aidés et avec l’aide de Dieu, nous avons eu les moyens nécessaires pour répondre aux exigences médicales. Et aujourd’hui, Dieu merci, il est en vie’’, se réjouit Rosette Bahati, l’épouse du journaliste.
Cinq jours en bloc opératoire, autant pour le labo et la radiographie, le journaliste Patient Ndoole a eu du mal à se remettre de plus de 60 jours de son lit de malade. Toujours convalescent, le journaliste, qui a frôlé la mort, se dit rattaché à son métier en dépit du silence absolu de JED (Journaliste en Danger) et de l’UNPC (Union nationale de la presse du Congo) qui n’ont manifesté aucune sympathie au malheur de notre confrère (pour des raisons inavouées), dont les menaces de la part de ses bourreaux ne tarissent pas.
Sam Mambo