
Augustin Matata Ponyo Mapon, Premier ministre congolais, Kinshasa, avril 2012
Dans les auditoires, les étudiants disent souvent que ceux qui ne savent pas faire, enseignent. L’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo a excellé ce dernier temps dans un enseignement magistral et livresque de la notion de leadership.
On n’aurait pas ajouté livresque ? Bien sûr que oui parce qu’il enseigne ce qu’il ne fait pas. Ainsi, l’assertion des étudiants peut être confirmée.
Au regard de tout ce qui se dit autour de l’échec de plusieurs projets nationaux et la disparition de plusieurs milliards de dollars américains, dont il était le premier responsable, il lui a été donné l’occasion de prouver qu’il était un bon leader. Et donc, il devrait assumer au lieu de se battre comme un diable au fond de sa ligue.
Comme tous les mauvais leaders, Matata Ponyo évite le procès autour de multiples détournements de l’argent du peuple. Son comportement a engendré et multiplié plusieurs conflits politiques, avec les anciens et nouveaux dirigeants, avec le Président du Sénat, avec les cours et tribunaux, avec l’IGF… avec le peuple.
En tant que mauvais leader, Matata tient à légitimer la puissance de son rôle d’ancien Premier Ministre. Il se dit qu’il n’est pas vulnérable c’est-à-dire inattaquable. Et pourtant, la vulnérabilité est une des caractéristiques d’un leader puisque étant entendu que nul n’est infaillible.
Les mauvais leaders n’avouent jamais être responsables. Or, être
un leader veut toujours dire qu’on accepte une certaine part de responsabilité pour le résultat des projets ou des tâches que l’on doit performer.
Un bon leader ne fait pas qu’accepter les louanges pour les bonnes choses et ignorer les mauvaises.
Voici une petite anecdote pour mieux illustrer l’histoire de Matata Ponyo.
Imaginons que M. Augustin Matata Ponyo est Capitaine d’un bateau dénommé « Gouv. Matata ». Le peuple congolais affrète son bateau et lui paie cash pour transporter des marchandises à Bukanga Lonzo. Avant d’arriver à la destination, le bateau coule avec toute la cargaison. Mais, le Capitaine est sauvé.
Sans donner la moindre explication sur le naufrage et la perte de la première cargaison, le Capitaine, intimidant tout le monde, demande au peuple de recharger ses marchandises dans le nouveau bateau qui s’appelle LGD.
À la question du peuple de savoir comment le premier bateau avait-il fait naufrage et que sont devenues leurs marchandises dont le coût est estimé à ±300 millions de $, le Capitaine réplique disant qu’il n’en savait rien et qu’il n’est pas du tout responsable.
Agacé, Matata demande lui-même à l’IGF d’enquêter sur cette affaire Bukanga Lonzo. Le rapport de l’enquête de l’IGF est accablant, Matata est le premier responsable de l’échec du projet agro-industriel.
Le rapport de l’IGF est transmis à la justice et, par un tour de baguette magique, Matata est innocenté. Le peuple, mobilisé à la Cour constitutionnelle pour suivre le procès Matata comme à l’époque de Vital Kamerhe, apprend que Matata est intouchable.
Le Président de la Cour constitutionnelle, Me Dieudonné Kaluba Dibwe, le tombeur de Kamerhe au procès de 100 jours, persiste et signe: sa juridiction, la plus haute de la justice congolaise, est « incompétente » de juger Matata Ponyo.
Résigné et déçu, le peuple a simplement remarqué que Me Nyabirungu Mwene Songa, l’avocat de Matata Ponyo, est un ancien Professeur de Dieudonné Kaluba de Droit Pénal.
Aucun tribunal en RDC n’a compétence de juger Matata Ponyo.
Eh oui ! Le ridicule déshonore plus que le déshonneur.
Obstinément, Matata parle d’acharnement et croit qu’il ne sera pas jugé pour l’échec de tous les projets, notamment, le barrage de Katende au Kasaï Central.
À propos du projet du barrage de Katende, il faut retenir que si ce projet avait été réalisé depuis 2014, aucun Kasaïen n’aurait quitté le Grand Kasaï pour le Katanga ou Kinshasa à la recherche des petits boulots.
Que tous les Kasaïens ne l’oublient pas. Il n’est pas faux d’affirmer que toute la crème intellectuelle, scientifique et technique de la RDC est composée à plus de 50% des Kasaïens. C’est ainsi, par exemple, que quand ils avaient quitté le Katanga, la GECAMINES avait commencé à boitiller en 1961 et il a fallu qu’ils reviennent pour la relever. Il en a été de même en 1991.
La situation que connaît le Kasaï et le Katanga aujourd’hui, c’est Matata qui a fait des Kasaïens ses souffle-douleurs. Ne l’oubliez jamais.
Que sont devenus aussi les projets 1500 écoles, les locomotives pour la SNCC, les stades Cinq (5) milliards de dollars américains ont disparu et Matata, tacheté comme il l’est actuellement, sollicite la confiance des Congolais. Quelle audace ! Le peuple n’est pas dupe.
Matata s’est fait l’idée saugrenue d’annoncer à toute vapeur sa candidature à l’élection présidentielle de 2023 croyant qu’il est intouchable. Même s’il s’est approprié les consciences de quelques congressistes ainsi que celles de plusieurs badauds. Et si vraiment Matata veut être un leader de l’opposition, il doit donner l’exemple en éclairant l’opinion devant les tribunaux et assumer du même coup son rôle de leader politique. Sinon, il est un leader toxique.
Aussi, prétendant avoir maîtrisé les principes de leadership, Matata a surpris plus d’un lors du discours de son investiture comme candidat président de la République.
On a entendu, au cours du congrès de son parti, M. Matata prononcer un discours où il réitère sa volonté d’adhérer à plusieurs visions à la foi. Quelle bouillabaisse ! Ce qui est très toxique pour un leader. Il a livré un discours démagogique et creux, un discours enflammé au cours duquel les intellectuels avertis ont retenu une apparence trompeuse et séduisante.
De cette manière-là, en parlant des rêves des autres auxquels il adhère, il a effectué un plongeon et il risque de rester au fond de l’eau.
Il a énuméré plusieurs visions auxquelles il adhérait sans pour autant relever le contenu de chaque rêve. Et donc, puisqu’il tenait à impressionner ses adeptes et autres suiveurs, il va citer tour à tour le rêve de Lumumba, de Mobutu, de Kabila Père, de Kabila Fils et de Martin Luther King.
Ce qui est étonnant, dans son discours, Matata a rejeté la vision de Kasa-Vubu, une vision avec des valeurs morales que, bien sûr, lui Matata n’a pu démontrer au cours de sa gestion. Sinon, on ne parlerait pas de Bukanga Lonzo.
Autant pour la vision du tout premier Président de la République, Matata a rejeté la vision noble de Félix Antoine Tshisekedi, la vision de l’État de droit au nom de laquelle le sieur a la liberté d’expression et de mouvement aujourd’hui. Pouvait-il le faire sous Joseph Kabila?
En tant que Capitaine du bateau naufragé, Matata doit des explications au peuple devant les tribunaux sinon il est toxique et ne changera jamais, puisqu’il va rejeter toujours la faute sur les autres, caractère d’un leader toxique.
Professeur Mack Dumba Jérémy.