Déjà auditionné à plusieurs reprises au mois de juillet par le procureur général près la Cour constitutionnelle, Augustin Matata Ponyo est mis en cause dans différents dossiers de détournement de fonds et se livre, ces dernières semaines, à un véritable bras de fer avec la justice congolaise.
L’ancien Premier ministre ne semble pas au bout de ses peines. Visé par une demande d’autorisation de poursuites dans le cadre de l’affaire Bukanga Lonzo, parc agro-industriel lancé sous Joseph Kabila faisant l’objet de forts soupçons de détournement de fonds, Matata Ponyo – Premier ministre lors du lancement du projet – avait échappé à la levée de son immunité de sénateur le 15 juin. Mais la justice congolaise est revenue à la charge avec le dossier de l’indemnisation des victimes de la « Zaïrianisation », obtenant cette fois gain de cause avec l’autorisation des poursuites, accordée par le bureau du Sénat.À LIRE RDC : Matata Ponyo, un ambitieux dans la tourmente
Après deux jours face au procureur, Matata Ponyo a été placé sous mandat d’arrêt provisoire avant d’être escorté par la police vers son domicile pour y être placé en résidence surveillé le 13 juillet. En apparence délicate, la situation dans laquelle se trouvait alors l’ex-chef de gouvernement connaîtra un nouveau rebondissement 24 heures plus tard, avec la levée de cette mesure d’assignation à résidence.
Arrestation manquée
Loin d’abdiquer, la justice congolaise veut profiter de la levée de l’immunité du sénateur du Maniema pour relancer le dossier de Bukanga Lonzo. L’ancien Premier ministre a répondu pour la première fois à l’invitation du procureur général ce lundi.
Matata Ponyo avait jusque-là refusé de répondre à ces différentes sollicitations, estimant qu’il ne peut légalement être entendu que dans le cadre de l’affaire pour laquelle son immunité a été levée. Il évoque aussi des ennuis de santé, et notamment un empoisonnement dont il assure avoir été victime en juillet dernier.
C’est suite à cette série de refus qu’une opération de police a été ordonnée à son domicile afin de l’arrêter le 3 août. Mais là encore, à la suite d’un ultime revirement de situation, celle-ci a été abandonnée et les forces de l’ordre ont finalement quitté la résidence du Premier ministre sans procéder à l’interpellation. Interdit de quitter Kinshasa, Matata Ponyo a donc commencé à coopérer. Le feuilleton n’a assurément pas encore connu son dénouement.
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Par Kash (Jeune Afrique)
Caricaturiste, bédéiste et peintre congolais installé à Kinshasa.