La police judiciaire a été chargée d’ouvrir une enquête à la suite d’une plainte déposée contre Martin Fayulu, notamment pour « incitation à la haine ethnique ». L’ex-candidat à la présidentielle, dont l’entourage dénonce une tentative « d’intimidation », risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.
Martin Fayulu semble de plus en plus isolé en RDC. Dans une lettre adressée le 29 avril 2019 au commissaire général adjoint chargé de la police judiciaire, le procureur général près la Cour de cassation a ordonné l’ouverture d’une enquête sur Martin Fayulu, à la suite d’une plainte déposée contre lui le 18 février 2019 par un certain Jean-Claude Ngoy Lufuluabo.
Le candidat malheureux à l’élection présidentielle du 30 décembre 2018 y est accusé d’« incitation à la haine ethnique, massacre des balubas, pillage, atteintes aux droits garantis, crime de génocide et crimes contre l’humanité ». Des accusations « graves », selon un juriste indépendant.
Martin Fayulu a ainsi été invité à se présenter à la police judiciaire lundi 6 mai afin d’être entendu dans ce dossier, dans lequel il risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.
« Cette affaire n’est qu’une tentative de distraction et d’intimidation », a réagi à Jeune Afrique Jean-Marie Kabengele Ilunga, avocat et membre de la dynamique pour l’unité d’action de l’opposition. « La coalition FCC-Cach [de Joseph Kabila et Félix Tshisekedi, ndlr], qui n’arrive pas à résoudre les problèmes du peuple congolais, estime qu’il est plus facile d’intimider et de mettre hors d’état de nuire celui qui est le symbole de la cohésion nationale, le président légitime Martin Fayulu », a déclaré à JA Steve Kivuata, un des porte-paroles de la coalition Lamuka, faisant référence à un rapport le donnant vainqueur de la présidentielle. « Ces accusations sont gratuites, c’est une instrumentalisation de part de la justice congolaise », a-t-il dénoncé, précisant que « Martin Fayulu a démontré lors de l’élection qu’il pouvait mettre toutes les communautés ensemble, qu’elles viennent du centre, de l’est ou de l’ouest du pays ».
« N’attendez plus de mot d’ordre »
Depuis sa défaite à l’élection présidentielle du 30 décembre 2018, les manifestations publiques organisées par Martin Fayulu ont été émaillées d’appels de ses partisans à l’insurrection, à la violence et à la haine tribale. Des appels qui ont constamment été condamnés par Martin Fayulu et d’autres leaders de la coalition Lamuka, qui l’avait désigné comme candidat commun de l’opposition.
Début février 2019, un groupe de personnes se revendiquant comme des partisans de Martin Fayulu avaient notamment été filmés dans la commune de Masina, à Kinshasa, en scandant des chants hostiles aux balubas, des ressortissants des provinces de la région du Kasaï, d’où est originaire l’actuel président Félix Tshisekedi.
Des situations similaires ont depuis été rapportées dans le Kwilu, province d’origine de Martin Fayulu. De son côté, ce dernier a, à plusieurs reprises, utilisés les termes « pantin », « placebo » ou encore « tricheur » pour qualifier Félix Tshisekedi, avant de réclamer le 28 avril 2019 la démission du président, en demandant aux Congolais de suivre l’exemple des populations algérienne et soudanaise, « qui n’ont pas attendu un mot d’ordre pour agir ».
Par Stanis Bujakera Tshiamala (JA)