Plus d’une cinquantaine de fosses communes et individuelles ont été identifiées dans le territoire de Yumbi (province du Maï-Ndombe), après les tueries de la mi-décembre dernier. Le directeur du Bureau des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH), Abdoul Aziz Thioye, a fait cette révélation vendredi 25 janvier 2019 lors de sa visite organisée à Yumbi par la MONUSCO.
« Il y a à peu près une cinquantaine de fosses communes et de tombes individuelles que nous avons identifiées. Ce qui laisse penser que le nombre est assez élevé. Une fosse commune, dépendamment de la taille, pourrait contenir cinq à dix corps ; et de la surface, cent ou plus », a expliqué Abdoul Aziz Thioye.
Ces fosses communes ont été localisées sur tous les sites où il y a eu des affrontements communautaires en décembre dernier, a-t-il précisé dans cet extrait sonore :
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, les affrontements entre les Batende et Banunu ont fait 890 morts entre les 16 et 18 décembre 2018 dans quatre villages de Yumbi. Mais, l’administrateur intérimaire de ce territoire parle de plus de 500 morts.
Flux des déplacés de Yumbi à Lukolela
La population de Lukolela, dans la province de l’Equateur, assiste actuellement à un afflux des déplacés de Yumbi (Maï-Ndombe), victimes des affrontements communautaires de décembre dernier. Des humanitaires ont affirmé lundi 28 janvier 2019 avoir déjà dénombré plus de trois mille déplacés, arrivés dans les trois secteurs de Lukolela et dans des campements au bord du fleuve Congo.
« Notre ONG, la Croix-Rouge et l’hygiène aux frontières ont identifié plus de 346 ménages déplacés, ils sont logés dans 196 familles d’accueil ; dont 584 femmes, 420 hommes, plus de 1653 enfants, 486 enfants de moins de 5 ans. Il y a des femmes enceintes, des élèves qui n’étudient pas », a détaillé le coordonnateur du Centre d’appui au développement intégré de Lukolela (CADIL), Papy Imboko.
Parmi les déplacés enregistrés figurent des femmes enceintes et des enfants de 0 à 5 ans, dépourvus de nourriture, d’eau potable et de vêtements.
Papy Imboko sollicite une assistance urgente en faveur de ces sinistrés et leurs familles d’accueil. Ces derniers « n’ont même pas des récipients d’eau. Ils manquent à manger. Ils ont besoin d’assistance, surtout des moustiquaires imprégnées. »
Dans des campements, selon lui, le choléra s’aggrave en cette période. Le CADIL dit assister moralement les déplacés et organiser quelques collectes pour les assister.
« Nous lançons un cri d’alarme au gouvernement national, même provincial, à la MONUSCO et aux Agences du système des Nations Unies. Qu’ils viennent en aide vraiment à ces gens », a déclaré Papy Imboko.
Maï-Ndombe: après les tueries, la population face à la famine à Yumbi
« Il y a la famine. Tout a été ravagé et la population a besoin de manger ». C’est le cri de cœur lancé par l’administrateur intérimaire de Yumbi, le colonel Olivier Gasika. Aucune activité commerciale n’est perceptible dans cette cité de la province de Maï-Ndombe, après les tueries de mi-décembre. L’ONU parle de 890 morts, mais l’autorité territoriale avance un bilan de plus de 500 morts.
Yumbi vit essentiellement de de la pêche et l’agriculture. Une activité qui ne marche plus. Les habitants sont en fuite. Ils sont trouvé refuge dans les villages voisins.
«Nous sommes vraiment en difficultés. On a eu beaucoup de pertes matérielles», se désole Caroliche, l’un des habitants de Yumbi.
Les tueries qui ont endeuillé des familles à Yumbi ont occasionné la perte des matériels de travail par les habitants. Ecoles et maisons sont détruites. L’année scolaire est menacée. Les gens n’ont plus de maison, et de pain. Rien ne va, se plaignent les résidents.
Ils appellent l’Etat à leur venir en aide. Ils plaident aussi pour le retour rapide de la cohabitation pacifique entre les Ttende et le Nunu pour faire face à cette crise socioéconomique.
« Nous leur demandons seulement de revenir. La cohabitation est inévitable. C’est le destin qui a voulu que nous partagions avec eux ce territoire », affirme un habitant.
Depuis plusieurs années, les deux tribus (Tende et Nunu) ont toujours vécu ensemble. En mi-décembre, des conflits foncier et politique ont été à la base des affrontements entre les deux peuples, occasionnant des centaines de morts et des déplacements massifs.
Une crise qui expose la population de Yumbi à plusieurs maladies, alerte le colonel Gasika.
RO/CR