Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, cofondateur de l’UDPS avec Étienne Tshisekedi au début des années 80 et soutien de Félix Tshisekedi, l’actuel résident de la République démocratique du Congo, est décédé samedi 21 août 2021 à Luanda en Angola. Gabriel Kyungu était un personnage atypique qui a su résister à l’usure du temps en changeant, au besoin, de camp politique.
Gabriel Kyungu était sur la scène politique depuis les années 1960. Ancien syndicaliste dans l’enseignement, on l’a retrouvé avec Étienne Tshisekedi Wa Mulumba parmi les treize fondateurs de l’UDPS, les parlementaires qui avaient défié Mobutu au début des années 1980. Plus tard, il tourne casaque et rejoint le Maréchal.
Gabriel Kyungu Wa Kumwanza est parmi les principaux instigateurs de l’épuration ethnique qui vise particulièrement les originaires du Kasaï, qui doivent quitter le Katanga dans les années 1990. À l’arrivée de l’AFDL, de Laurent-Désiré Kabila, il soutient le nouveau pouvoir avant de retourner dans l’opposition.
Il se réconcilie avec Étienne Tshisekedi avant la disparition de ce dernier. Jusqu’à sa mort à l’âge de 83 ans, il a été l’un des principaux alliés de Félix Tshisekedi, l’actuel chef de l’État.
L’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi salue, lui, la mémoire d’un grand frère qui a été président de l’Assemblée provinciale du Katanga pendant son mandat en tant que gouverneur.
Antoine Gabriel Kyungu : « En RDC, trop de pouvoirs sont concentrés à Kinshasa »
Porte-étendard du fédéralisme, le président de l’assemblée provinciale du Katanga, Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza, a lancé une pétition, qu’il soumettra au Parlement congolais en 2016.
Le Katanga, au-delà des mines
Au perchoir de l’assemblée provinciale du Katanga depuis 2006, Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza, 74 ans, préside l’Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec), un parti qu’il a créé en 2001 et qui compte aujourd’hui 15 députés provinciaux et 8 au Parlement congolais. Celui que ses militants appellent la sentinelle du Katanga est désormais considéré dans tout le pays comme le porte-étendard du fédéralisme. Une démarche dans laquelle ses détracteurs voient une résurgence des velléités sécessionnistes.
Jeune Afrique : Pourquoi réclamez-vous un système fédéral pour le pays ?
Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza : Nous sommes convaincus que seul le fédéralisme peut nous permettre d’administrer convenablement la RDC, qui est un sous-continent à elle seule, et d’assurer la redistribution des richesses nationales d’une manière équitable.
En plus de cinquante ans d’indépendance, nous avons expérimenté l’unitarisme en appliquant parfois la centralisation à outrance, et n’avons connu que des échecs. Nous ne pouvons plus continuer à prétendre que concentrer trop de pouvoirs à Kinshasa permettrait le développement du pays. Un adage dit : « qui trop embrasse mal étreint »…
Existe-t-il selon vous une corrélation entre les actions du mouvement sécessionniste Kata Katanga et l’insatisfaction des populations qui ne profitent pas suffisamment des ressources de leur province ?
Je vous renvoie à la concertation du Grand Karavia Hôtel du 29 mars, au cours de laquelle les Katangais se sont exprimés à travers les notables locaux et les représentants de la société civile : les gens se sentent rejetés et oubliés. Cela provoque des frustrations. Mais je condamne la méthode utilisée par ces milices pour faire entendre leur voix.
Certains pensent qu’entre fédéralisme et sécession il n’y a qu’un pas, et n’hésitent pas à vous désigner comme le principal soutien des Kata Katanga…
Les miliciens se disent indépendantistes. Nous, nous ne sommes pas pour l’indépendance : nous sommes pour un système fédéral dans un Congo qui reste uni. Je ne soutiens donc pas les Kata Katanga, dès lors que leur action se traduit par une effusion de sang, des massacres, des viols, des vols, etc. C’est une chose de comprendre leur combat, c’en est une autre de le soutenir. Nous fustigeons la méthode, mais nous considérons que c’est leur droit de dire : « Nous voulons l’indépendance de notre province. » Reste que cette revendication doit s’exprimer d’une manière pacifique, sans recourir aux armes.
Et quels sont vos rapports avec le gouverneur Moïse Katumbi ?
Nous ne pouvons pas voir les choses toujours de la même manière, mais le courant passe. Lorsque nous constatons qu’une situation risque de compliquer les relations entre les deux institutions [gouvernement provincial et assemblée provinciale, NDLR], nous nous concertons pour éviter les crocs-en-jambe.
Joseph Kabila arrive à la fin de son dernier mandat en 2016. Comptez-vous vous présenter à la prochaine présidentielle ?
Il ne faut pas brûler les étapes. Je réserve ma réponse pour le moment opportun. Aujourd’hui, je ne vois rien qui puisse me détourner de Joseph Kabila, que je soutiens à 100 %.
Avec le correspondant de RFI à Kinshasa, Kamanda Wa Kamanda/Trésor Kibangula(Jeune Afrique/16 mai 2013)