Deux ans après le lancement officiel du projet d’extraction du méthane du lac Kivu, aucune activité n’a commencé pour extraire ce gaz qui représente pourtant un danger pour la population.
Les habitants de Goma critiquent le manque d’information concernant le dégazage du lac Kivu. Le fond du lac contient en effet d’importantes quantités de gaz toxiques qui, en cas de tremblement de terre ou d’éruption volcanique, risque de s’en échapper. Un danger justement redouté lors de l’éruption du Nyiragongo en mai dernier.
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« Nous ne sommes pas au courant de l’avancée du dégazage du lac Kivu. Nous ne savons pas ce qui se passe et pourtant ce gaz est présenté comme un danger » se plaint Trésor Batenchi un habitant de Goma. Merveille Chasinga, une autre habitante de Goma, demande aux autorités de prendre des mesures.
» Les scientifiques nous disent toujours que le gaz du lac Kivu est un danger imminent. Donc nous, habitants de Goma, demandons au gouvernement d’accélérer le processus de dégazage de ce lac, pour nous permettre de vivre avec « . Le Rwanda voisin, de l’autre côté du lac, exploite pour sa part déjà ce gaz.
Des soucis administratifs
En janvier 2020, l’ancien ministre national des Hydrocarbures, Rubens Mikindo, avait lancé un projet d’évacuation du gaz carbonique et du méthane contenus dans le lac, le méthane pouvant d’ailleurs être utilisé pour produire de l’électricité.
Les émanations de ces gaz ont déjà causé la mort de plusieurs têtes de bétail dans certains quartiers à l’ouest de Goma. Deux ans plus tard et alors que ce projet n’a pas avancé, le ministère provincial en charge des ressources hydrauliques, de l’énergie et des hydrocarbures au Nord-Kivu évoque des soucis administratifs mais il affirme que l’exploitation pourrait démarrer sous peu.
« Le programme avait été officiellement lancé du côté de la RDC mais pratiquement rien n’a été fait jusqu’à présent. Une société tunisienne a même été recrutée pour l’exécution du projet mais le problème des autorisations s’est posé lors de la signature du contrat car il fallait avoir en même temps l’autorisation d’exploitation du gaz méthane (qui relève du ministère national des hydrocarbures) et l’autorisation de production d’électricité (qui relève du ministère de l’énergie et des ressources hydrauliques) » explique Jules Simpenze l’un des experts du ministère provincial en charge des ressources hydrauliques
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Mais la société civile dénonce le blocage de ce projet qui, selon elle, est la conséquence de la mauvaise gestion, voire de la corruption, des autorités de régulation du secteur des hydrocarbures.
« Le ministre nous a amené au Golf de Kabuno pour inspecter un complexe érigé pour le dégazage du lac Kivu. Deux ans après rien n’a été fait car l’autorité voulait qu’on lui donne cinq millions de dollars pour autoriser le lancement des travaux. C’est une catastrophe » explique Thomas d’Aquin Muiti est vice-président et porte-parole des Forces de la société civile en RDC.
Alors que l’exploitation et la transformation du gaz méthane n’a pas encore commencé, une petite unité est en service au niveau du golfe de Kabuno pour réduire la menace du dioxyde de carbone autour du lac Kivu.
Par Nety Zaidi Zanem (DW)