Les proches des quelque 500 victimes du massacre de Yumbi en République démocratique du Congo réclament toujours justice deux ans après les tueries des 16 et 17 décembre 2018, ont-ils déploré jeudi 17 décembre 2020 avec une ONG. Au moins 535 personnes d’après les Nations unies ont été tuées à Yumbi, Nkolo et Bongende sur les bords du fleuve Congo, dans l’ouest de la RDC, région épargnée par les violences qui ravagent l’Est du pays.
Selon la version officielle, les victimes sont des membres de la communauté Banunu ayant voulu inhumer un de leurs chefs coutumiers sur des terres revendiquées par les Batende, une communauté voisine. Les Banunu ont alors subi des représailles des Batende.
Dès janvier 2019, un journaliste de l’AFP établira sur place que l’attaque a été préméditée.
« Les assaillants étaient bien organisés. Clairement il y avait une organisation qui les commandait », lui avait affirmé le colonel Olivier Gasita, dépêché de Kinshasa quelques jours après le massacre. « Entre 3.000 et 4.000 hommes ont attaqué la cité de Yumbi », poursuivait l’officier, parlant d’ »une attaque en trois colonnes: ça c’est une tactique militaire ».
« Des informations fournies par le gouvernement et les Nations unies indiquent que les attaques ont été planifiées et organisées par des responsables locaux », a rappelé l’ONG Human Right Watch (HRW) dans un communiqué à l’occasion des deux ans du massacre.
« Les enquêtes sont toujours en cours », ajoute HRW. « Trois assaillants présumés, qui faisaient partie des dizaines de personnes arrêtées et détenues à Kinshasa, ont été libérés pour des raisons encore inexpliquées », selon l’ONG qui cite des « informations crédibles ».
« Rien n’est encore organisé pour aider les victimes à accéder à la justice », a déploré dimanche 13 décembre 2020 auprès de l’AFP l’abbé Nestor Longota, qui affirme avoir perdu une trentaine de membres de sa famille élargie dans les tueries.
« Si la justice n’est pas rendue, nous ne sommes pas à l’abri d’un nouveau massacre », a-t-il prévenu, cité cette fois-ci dans le communiqué de HRW.
Ces massacres sont intervenus deux semaines avant les élections du 30 décembre 2018. Déclaré vainqueur, le président Félix Tshisekedi a été investi en janvier 2019.
L’ex-gouverneur du Maï-Ndombe (la province où se trouve Yumbi), Gentiny Ngobila, a été élu en avril 2019 gouverneur de la ville-province de Kinshasa.
« Les auteurs et commanditaires des massacres de Yumbi doivent répondre de leurs actes. Deux ans après, la justice s’embourbe et montre son incapacité à mettre la main sur des +inciviques+ (ndlr: responsables) dont certains sont en fonctions dans les instances de l’État », a déclaré l’avocat Jean-Claude Katende, président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme.
Par La Libre Afrique/AFP