Publié officiellement le 23 juillet 2021 à 9h00 à la salle des banquets du Palais du peuple à Kinshasa, le rapport du Réseau des parlementaires africains contre la corruption en RDC (Apnac-RDC) révèle une véritable hémorragie financière. Outre les milliards de dollars américains de manque-à-gagner, il y a aussi la spoliation d’une cinquantaine de terrains appartenant à l’État RD-congolais.
Entre janvier et décembre 2020, le rapport de l’Apnac-RDC confirme un manque-à-gagner de 7,9 milliards USD à la suite des faits de corruption. Il faut noter aussi une montée en puissance plutôt inquiétante du phénomène de spoliation des terrains de l’État, avec une estimation de plus de 150 sites concernés au cours de l’exercice passé.
L’Apnac-RDC a constitué les chiffres sur la base des dénonciations téléphoniques faites via son numéro vert dédié à la lutte contre la corruption.
Pour son président, le député national Jean-Pierre Pasi Zapamba Buka, il était important de remettre le rapport au bureau de l’Assemblée nationale et au public pour des investigations plus profondes.
En substance, le rapport reconstitue les faits grâce aux appels téléphoniques enregistrés par son centre d’écoute. Il en ressort qu’au moins cent quarante-huit (158) cas de dénonciations ont été portés à son attention par ce canal.
Son analyse va plus loin en reprenant également les institutions impliquées par les faits de corruption.
Il y a la Présidence de la République, le Parlement, le gouvernement et les gouvernements provinciaux.
Par rapport à la forme de corruption souvent dénoncée, le réseau met en lumière une bonne dizaine, dont la malversation financière, le détournement, le maquillage des chiffres, la maffia, l’opacité des impôts, le blanchiment des capitaux, la spoliation, la vente illicite des mines et des minerais, etc.
Dans la foulée, le rapport épingle même les provinces les plus touchées par le phénomène de corruption. Kinshasa, la capitale, vient de loin en tête avec 65 % des cas, contre moins de 6 % pour le Nord-Kivu (deuxième position) et bien moins encore pour d’autres provinces formant jadis l’ex-Bandundu.
Le document cible les plus hautes institutions du pays. En effet, au moins soixante-quatorze (74) des cent quarante-huit (148) cas concernent directement la présidence de la République (dix-sept cas), le Parlement (trois cas) et le gouvernement central (cinquante-quatre cas).
Toutefois, même en faible intensité, les faits de corruption ont été signalés au niveau de la Banque centrale du Congo (4 cas), la Commission électorale nationale indépendante (un cas), du Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral (deux cas) et du secteur privé (huit cas).
Créé le 9 décembre 2013, l’Apnac-RDC fait partie du Réseau des parlementaires africains contre la corruption, un projet qui a vu le jour en 1999 à Kampala, en Ouganda.
Par sa mission, le réseau milite pour un continent africain engagé dans la lutte contre la corruption.
INDICE DE LA PERCEPTION DE CORRUPTION 2020: LA RDC DANS LE TOP 20 DES PAYS LES PLUS CORROMPUS DU MONDE
Transparency International vient de publier le rapport sur l’Indice de Perception de la Corruption 2020. Le pays est classé à la 170ème place sur 179. Le RDC a régressé de 2 rangs mondial par rapport à son niveau de 2019, soit classée 168ème.
Ce rapport arrive dans un contexte de crise sanitaire mondial dominé par la persistance de la pandémie de COVID-19, dont les effets ont complètement désarticulés les habitudes en impactant sensiblement les économies mondiales.
La publication de l’indice de perception contre la corruption coïncide avec l’an 2 du Président Félix Tshisekedi depuis son arrivée au pouvoir.
“Ce score obtenu par la RDC est l’image réelle de la propagation de la corruption dans le pays où les autorités politiques s’engagent théoriquement à lutter contre ce fléau mais dans la pratique, elles s’adonnent aux pratiques de corruption. C’est notamment le cas du Président Felix Tshisekedi qui s’était engagé à lutter contre la Corruption à sa prise de pouvoir en 2019 mais 2 ans après, presque toutes les personnes qui étaient arrêté pour des faits de corruption, ont été libérées et d’autres obtenues une grâce présidentielle”, affirme Ernest Mpararo président de la Ligue Contre la Corruption.
La LICOCO estime que la lutte contre la corruption continue à entraver la pauvreté et les inégalités sociales au risque de ne pas atteindre les objectifs de développement durable comme s’était engagée la République Démocratique du Congo.
“Alors que la RDC est frappée par la pandémie de la COVID 19, le Ministre de la Santé qui était accusé d’avoir détourné les fonds alloués à la lutte contre la COVID, n’a jamais été interpellé par la Justice” s’indigne la Licoco.
La lutte anti-corruption une priorité
En Afrique, seuls 6 pays, sur 52 pays, ont eu un score supérieur à 50%. Il s’agit de Seychelles 66%, Botswana 60%, Cap Verte 58%, Rwanda 54%, Ile Maurice 53% et la Namibie 51%. Les autres pays ont eu un score inférieur à 50% mais plusieurs ont fourni beaucoup d’efforts pour réduire la corruption dans leurs États. Le cas de l’Angola qui a gagné 8 places, la Côte d’Ivoire qui a augmenté de 9 point son score, de l’Ethiopie qui a augmenté de 4 point son score.
Pour La LICOCO, les autorités doivent fournir beaucoup d’efforts pour lutter contre la corruption afin de réduire les inégalités sociales existantes en RDC comme l’a bien stipulé dans son rapport sur le baromètre de la corruption en République Démocratique du Congo publié en 2019.
“Avec les soupçons persistants sur l’achat des consciences des parlementaires pour la constitution d’une nouvelle majorité. C’est vraiment dommage et notre l’Agence de prévention de Lutte contre la Corruption (AplC) a du pain sur la planche”, déplore un congolais
La publication de l’Indice de Perception de la Corruption 2020 doit interpeller les autorités politiques de la RDC afin de mettre en place un mécanisme efficace de lutte contre la corruption et demander aux Cours et Tribunaux de se saisir de tous les cas de corruption qui leur sont rapportés. C’est en luttant contre la corruption que la République Démocratique du Congo peut atteindre les Objectif de Développement Durable en 2030.
Par Par Laurent Essolomwa (adiac-congo)/Afi’du (Tshieleka)